Après une chaude alerte en 1991, Glenn Hughes a recommencé une nouvelle vie. Depuis, l’ex-Trapeze, Deep Purple, Hughes/Thrall, Black Sabbath, Phenomena Project, … respire la forme. Il accumule les albums de qualité en solo, les associations réussies (Hughes Turner Project et Iommi) et les participations diverses. A bientôt cinquante-quatre ans, il conserve un punch impressionnant et gère son calendrier d’activités avec adresse, alternant de courtes tournées et une présence régulière en studio.
Ainsi, depuis son précédent album solo, « Soul Mover », sorti en janvier 2005, on l’a retrouvé sur le percutant « Fused », deuxième album de Iommi, le nom de son association avec le guitariste de Black Sabbath Tony Iommi et sur « Psycho Fantasy » du Phenomena de Tom Galley. Plus modestement, sa prestation vocale sur « Sad Eyes », un titre de « Love, Union, Peace » du Vargas Blues Band, était également mémorable et il participait également à « Time to Take a Stand » du Moonstone Project du guitariste Italien Matt Filippini, parmi d’autres célébrités (Ian Paice, Steve Walsh, Graham Bonnet, Carmine Appice, …).
Dans l’ensemble, ce nouvel album poursuit la voie tracée par « Soul Mover », mais apparaît plus diversifié. En effet, s’il évolue toujours souvent dans un Hard-Rock puissant fortement mâtiné de Funk, il intègre également quelques ballades et quelques pièces purement Heavy, retrouvant le ton du décapant « Addiction ». Une reprise déroutante d’un classique des Moody Blues est offerte en bonus.
En tout cas, Glenn Hughes et ses acolytes n’ont pas fait dans la facilité. De nombreux titres sont franchement sophistiqués, que ce soit dans la construction, dans le jeu des interprètes et dans les sonorités recherchées.
Voici les titres, dont les compositeurs ne sont malheureusement pas précisés sur mon exemplaire (52’18) :
- « The Valiant Denial » (6’50)
- « Steppin Out » (4’42)
- « Monkey Man » (4’25)
- « This House » (3’53)
- « You Got Soul » (4’19)
- « Frail » (4’42)
- « Black Light » (3’56)
- « Nights in White Satin » (4’55)
- « Too High » (4’50)
- « This Is How I Feel » (5’35)
- « The Divine » (4’06)
Et leurs interprètes
:
- Glenn Hughes : Vocaux, basse & guitares
- J.J. Marsh : Guitare Lead
- Chad Smith : Batterie, Percussion & Piano Bombs
- John Frusciante : Guitar Experience
- Mark Kilian : Claviers & Strings Arrangements
Le saignant guitariste suédois
J.J. Marsh suit maintenant la route de
Glenn Hughes depuis
« Addiction » en 1996. Il a publié cette année un premier album solo,
« Music from Planet Marsh ».
Depuis 2003, le batteur
Chad Smith des
Red Hot Chili Peppers devient également un partenaire régulier. Après de brèves participations dans
« Songs in the Key of Rock » en 2003 et
« Hughes Turner Project 2 » en 2004, on le retrouvait à temps plein sur
« Soulfully Live in the City of Angels » en 2004, un étrange DVD en concert privé, désagréablement filmé, sous la forme d’une espèce de
« Best Of
» retraçant la longue carrière de
Glenn Hughes, et sur
« Soul Mover » en 2005. Les
Red Hot Chili Peppers restant chez lui prioritaire, aucun projet d’importance dans la durée n’a pu se concrétiser entre eux deux.
Les liens avec les
Red Hot Chili Peppers sont ici confirmés par la présence d’un autre de ses membres, le guitariste
John Frusciante, dont les interventions s’avèrent toujours marquantes et parfois même géniales.
Avec quelques détails
:
« The Valiant Denial », honnête composition, chauffe simplement la machine.
Chad Smith y ressort particulièrement en assurant un travail impressionnant à la batterie.
Par contre,
« Steppin On » est une véritable claque, une pépite brute, une composition géniale, une fantastique explosion Hard-Rock Funk, aux fréquents changements de rythmes. Basse et guitares sont bourrées de distorsions et d’expérimentations, les prouesses vocales de
Glenn Hughes sont sidérantes
; la batterie n’est pas en reste. Bref, à classer dans les meilleurs titres de toute sa carrière.
L’excellent
« Monkey Man », spécifiquement Hard-Rock, ranime la flamme de
« Addiction ». Il alterne les passages plus sages et
« à l’arraché
».
Le rythme brutal des pièces précédentes se rompt avec
« This House », une ballade rappelant
Trapeze, marquée par les guitares acoustiques et la présence importante de sonorités d’instruments à cordes.
Dans le Funky
« You Got Soul »,
Glenn Hughes pousse à nouveau sa voix aux limites du possible, soutenu par de belles parties de guitares friandes d’effets et de distorsions.
« Frail » est bâti de la même manière que
« This House », mais permet une mise en valeur supplémentaire du côté chaleureux et Soul de la voix.
« Black Light », un virulent Hard Funky, est littéralement tracté par des guitares
« à la
Steve Salas ».
Sans franchement décevoir,
« Nights in White Satin », le classique des
Moody Blues, n’apparaît pas vraiment convainquant en perdant la rondeur de l’original. Pour rappel,
Trapeze, le premier groupe de
Glenn Hughes, avec le guitariste
Mel Galley (futur
Whitesnake et
Phenomena) et le batteur
Dave Holland (futur
Judas Priest), avait été signé par le label des
Moody Blues,
The Threshold Record. Les deux premiers albums du groupe,
« Trapeze » et le merveilleux
« Medusa » en 1970, étaient d’ailleurs produits par
John Lodge, bassiste et chanteur des
Moody Blues.
Sur un rythme accrocheur et évident, des guitares folles, des performances vocales impressionnantes,
« Too High » fait également partie des grands moments de l’album.
« This Is How I Feel » apparaît plus complexe. Si la composition mêle beaucoup les genres, elle rappelle surtout la fin des années soixante et la période psychédélique. Dans la première partie, la parenté avec
Trapeze et l’album
« Medusa » transparaît nettement. Dans la seconde, étonnement, on croirait entendre le
Quicksilver Messenger Service, avec
John Cipollina et
David Freiberg.
Une superbe ballade,
« The Divine », termine l’album en beauté et en douceur. La guitare acoustique et les
« violons
» sont tout entiers au service du chant suave de
Glenn Hughes. Ceux qui adoreront devront automatiquement redécouvrir son premier album solo,
« Play Me Out », sorti dans l'anonymat en 1977, au lendemain de la dissolution fracassante du
Deep Purple avec
Tommy Bolin et
David Coverdale.
En résumé, si le nouveau
Glenn Hughes pourrait déconcerter par la large palette de couleurs offertes, par l’alternance incessante des climats proposés et par certains aspects plus expérimentaux dans les sonorités, il n’en reste pas moins que tout cet ensemble en fait sa richesse. Ce cru est donc un premier choix. Un divin album!
Pays: GB
Frontiers Records FR CD 287
Sortie: 2006/06/09
Lu: 4113