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ARCHIVE révise ses classiques

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Soirée chargée ce mercredi 6 avril dans les environs du Botanique puisque pas moins de trois concerts intéressants étaient programmés au même moment. Entre Paramount Styles (le nouveau projet de Scott McLoud, ex-Girls Against Boys) à la Rotonde, les fougueux Chapman Family au Witloof Bar et Archive quelques centaines de mètres plus loin au Cirque Royal, notre coeur a penché pour ces derniers. Il est vrai qu’il s’agissait d’une prestation exceptionnelle, puisquun orchestre partageait la scène du collectif londonien pour son Orchestral Tour 2011.

Cela dit, ils n’en étaient pas à leur coup d’essai puisqu’en 2005 déjà (lors des Nuits Botanique), ils avaient expérimenté la formule en compagnie du Mons Orchestra. Ce soir, la salle est copieusement garnie mais on se demande toujours pourquoi, dès que plus de deux violons sont impliqués, c’est la configuration assise qui est de rigueur. Archive est tout de même un groupe de rock et on le verra une fois encore (tout comme avec My Little Cheap Dictaphone l’an dernier), la moitié de la salle se retrouvera debout et amassée devant la scène à la fin du concert.

20h30 tapantes, les lumières s’éteignent et les nombreux membres de l’orchestre (entre vingt-cinq et trente) prennent place à l’arrière de la scène, juste devant un immense écran qui, finalement, ne servira qu’à recevoir des jeux de lumière basiques, à de rares exceptions près. C’est avec une splendide version de “Lights” que les choses ont débuté, exactement comme lors d’un des meilleurs concerts qu’il nous ait été donné d’assister lors de ces dix dernières années, en octobre 2006 à l’AB. Sauf qu’ici, les cordes prennent une place prépondérante et la voix cristalline de Pollard Berrier n’a jamais été aussi avantageusement mise en valeur. Cheveux mi-longs au vent, il a l’air tout à fait décontracté et ses petits pas de danse spontanés vont contribuer à mettre tout le monde à l’aise.

Il est dès lors bien dommage que pendant les deux premiers tiers du spectacle, ce soit davantage sa guitare que sa voix qui ait été mise en valeur. Car comme c’est souvent le cas lors d’un concert d’Archive, les vocalistes se succèdent au gré des compositions. Maria Q prendra le relais pour “You Make Me Feel” et Dave Pen fera de même sur “The Feeling Of Losing Everything”. Des styles différents, mais un seul dénominateur commun : le génie de Darius Keeler et de Danny Griffiths, qui sont parvenus à donner de la consistance à un groupe qui a survécu (et de bien belle manière) à la vague trip-hop de la seconde moitié des 90’s. à€ propos, le rappeur Rosko John n’a pas fait le déplacement pour des raisons évidentes d’incompatibilité avec la philosophie de la soirée.

Et l’orchestre là -dedans ? À mon sens, son potentiel n’a pas été suffisamment exploité. Divin sur les titres calmes (dont un très beau “To The End” aux cordes majestueuses et un “I Will Fade” à pleurer), il a franchement été inutile sur les titres orientés plus électroniques, comme “Finding It So Hard” par exemple, dont la version hypnotique a laissé plus d’un musicien classique dubitatif. Ceux-ci étaient contraints de regarder les membres du groupe extérioriser leur trip pendant qu’ils se tournaient les archets en attendant (impatiemment ?) la fin du morceau. Dans le public, par contre, cela frisait l’extase. Mais ce n’était pas l’endroit et on regrette que les compositions n’aient pas été davantage réarrangées, voire dépouillées pour en faire ressortir l’essence même.

En revanche, on a eu tout le loisir de redécouvrir les extraits de “Controlling Crowds” sous une autre forme et on peut affirmer sans crainte que le temps les bonifie. En effet, “Collapse/Collide” et “Words On Signs” sont des titres qui risquent de compter parmi les futurs classiques du groupe. Et surtout quel plaisir de retrouver Pollard au micro (jusqu’ici, Dave Pen s’était taillé la part du lion) à l’écoute de “Fold” ou de “Bullets”. Quel dommage cependant que les vocalistes soient atteints du même syndrome que PJ Harvey, c’est-à -dire qu’ils ne piperont pas un mot pendant le set principal, remerciant à peine le public lors des rappels.

Des rappels qui amèneront, avec “Again”, la seule composition du lot à avoir été repensée de fond en comble en vue d’en réaliser une adaptation digne d’une collaboration avec un orchestre. Cette version parfaite nous a donné des frissons et on aurait bien aimé ressentir plus souvent ce sentiment de surprise et d’extase. Car “Dangervisit” et “Controlling Crowds”, bien que deux excellents morceaux, ont été interprétés de la même manière que lors d’un concert traditionnel d’Archive, c’est-à -dire avec une pèche bien sentie (il ne manquait que les projections). Pour être honnête, on s’attendait à une implication plus soutenue de la part du chef d’orchestre et des musiciens sous son contrôle. Mais pour le reste, Archive reste plus que jamais une valeur sûre sur scène.

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© 2011 Bernard Hulet

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