SOPHIA retrouve ses sensations
Sophia nous devait une revanche. En effet, l’album “Technology Won’t Save Us” ainsi que la tournée qui l’a suivi sont loin d’avoir tenu leurs promesses. Presque trois ans plus tard arrive un cinquième album studio, “There Are No Goodbyes”, point de départ d’une nouvelle série de concerts, dont le passage en Belgique était fixé à l’Ancienne Belgique ce samedi 23 mai.
Cette fois, Robin Proper-Sheppard avait invité un certain William Fitzsimmons pour introduire son show. Ce natif de l’Illinois au physique imposant (encore plus mis en valeur par une chemise de bûcheron) fait assez peur à voir. D’autant plus qu’il porte une barbe généreuse, de grosses lunettes et un bonnet vissé sur le crâne. Pour compléter le tableau, il joue assis et s’accompagne d’une simple guitare acoustique. Mais contre toute attente, ce bonhomme possède une voix bien agréable et n’a pas son pareil pour captiver le public. Pour être tout à fait complet, il a sorti l’an dernier un troisième album, “The Sparrow And The Crow”, mais il est encore complètement inconnu par ici.
Etant donné qu’il jouait en première partie de Sophia, on ne devait pas s’attendre à voir sur scène la réincarnation de la Bande à Basile. Au contraire, il a d’emblée prévenu que son objectif était que les gens repartent dans un état pire que celui dans lequel ils étaient arrivés. Et c’est vrai que ses textes ne transpirent pas la joie de vivre (“You Still Hurt Me“, “Find Me To Forgive”). Par contre, ses commentaires entre les titres sont exquis et c’est clairement sa manière à lui de mettre le public dans sa poche. Un excellent point de départ pour une soirée qui s’annonçait émotionnellement très chargée…
La dernière fois que Sophia a joué à l’AB, c’était en novembre 2004 et le concert était sold out. Ce soir, ce n’est pas le cas et Robin commencera par s’en excuser et remercier ceux qui ont fait le déplacement. Il attrapera ensuite sa guitare pour lancer les premières notes de “The Sea”. On est déjà sous le charme…
Sur scène, on retrouve beaucoup de monde: un quatuor à cordes, un batteur, un claviériste, un second guitariste et un bassiste entourent Robin. En plus d’Astrid Williamson, une grande blonde qui chante avec lui un titre sur l’album (“Something”) et qui assurera les chœurs ce soir (en plus d’être le personnage central de la majorité des anecdotes de Robin). Un Robin qui est d’humeur joviale et qui a l’air heureux d’être là.
“
There Are No Goodbyes“ est un très bon album dans lequel il puisera allègrement, dont l’excellent “A Last Dance (To Sad Eyes)” (interprété très guitares en avant), le prenant “Signs” et le guilleret (dans la mélodie en tout cas) “Obvious” ainsi que le déjà mentionné magnifique duo avec Astrid Williamson. Seul “Storm Clouds” nous a paru ennuyant. Par contre, les classiques de Sophia nous ont, comme à chaque fois, donné des frissons. Ainsi, “Swept Back” et surtout “I Left You” sont bourrés d’émotion et les violons qui soutiennent les musiciens apportent encore un peu plus d’intensité et de mélancolie.
Mais on n’avait encore rien vu car les rappels allaient poursuivre dans le même sens, si ce n’est que là, c’est carrément la larme à l’œil qui nous est montée pendant “Lost” et “If Only”. “When You’re Sad” apportera une dose de déprime supplémentaire tandis que “The River Song” et son final tout en puissance nous émerveillera comme si c’était la première fois.
On croyait Robin parti mais il reviendra pour deux ultimes morceaux, “Heartache” et surtout le magistral “So Slow”, qui nous laissera la gorge nouée. Un bien beau final pour un concert mélancolique à souhait, mais dans le même temps tellement prenant. Aucun doute possible, on a retrouvé le Sophia qui nous fait tant rêver. Et cela fait du bien…
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Photos © 2009 Olivier Bourgi