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Patrick Watson, un artiste de l’imaginaire

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Venu plusieurs fois chez nous (Nuits du Bota, Pukkelpop, AB), le Canadien à la casquette franchissait cette fois la porte de la grande salle de l’AB. Toujours auréolé du succès international de son album précédent « Close to Paradise », il était à défendre le dernier sorti « Wooden arms », accompagné d’un groupe bien soudé formé de Simon Angell (guitares), Mishka Stein (basse) et Robbie Kuster (batterie, percussions). Patrick Watson est connu pour son soin des petites choses et pour ses climats. Sa musique n’est faite que d’éléments parfois incongrus mis ensemble pour une homogénéité finale captivante.

L’homme grimaçant par moment, fait voler sa voix dans l’air et surtout joue une musique faite des émotions de son cœur. Un cœur tout en finesse comme un tableau impressionniste.


Sur une scène à l’éclairage feutré et intimiste, faite de projecteurs en contreplongée, les musiciens apparaissent comme des créatures fantasmagoriques et les quelques notes «désaccordées» sortant par moment du piano du Canadien poussent encore plus loin les ambiances. Créateur de sons pouvant intégrer les b.o. des films de Tim Burton, il nous fait voyager de morceaux en morceaux.

Tout à coup, le vent de la forêt envahit l’AB. Au loin, des oiseaux de nuit, des crapauds aussi, se laissent par moment couvrir par le souffle d’une rafale dans les branches. Les poumons se remplissent de l’odeur du sous-bois et léger, le sol se dérobe. Le toit de la salle s’ouvre et des milliers d’étoiles apparaissent pour former un drap dans lequel il fait bon s’allonger.

La guitare distille une eau de source et la voix de Patrick Watson devient un fil léger de toile d’araignée qui viendra tirer la couverture à lui. Le public, redescendu auprès des musiciens, vivra le coucher du soleil en osmose avec ceux-ci assis simplement sur l’herbe d’une colline.

Mais le ton se durcit. Le chapeau du bassiste devient celui d’Alex DeLarge dans Orange Mécanique. Le rythme est soutenu, tel une course de Droogs pour déboucher sur une mélodie ancienne guérissant de la peur et de la violence étrangement générée par les premières mesures.


Le souffle encore saccadé, l’assistance assiste à un déménagement sur scène. Guitare acoustique, portique pour haut-parleurs portatifs, scie à l’archet ; tout le groupe descend dans la salle pour une petite balade dans le public réalisant ainsi l’habituel « a cappella en salle » de l’artiste, ici un rien électrifié vu la grandeur de la salle. Subjugués, les spectateurs accompagneront des mains un premier morceau, puis un deuxième (the Storm) où ne manquait que le feu de camp.
Fin du set.

Retour sur scène pour le rappel, seul au piano, Patrick Watson s’envolera dans les airs sur Lucious Life pour ravir les paires d’yeux par ses cassures mélodiques tel un avion acrobatique qui hypnotise la foule de ses loopings.

Après un second morceau bousculé de distorsions de guitare, par un rire caverneux, comme il en retentit dans certains châteaux de Transylvanie, enchainement sur un rythme serré à la batterie tel le roulement des wagons sur les rails.

Assis dans notre train, la tête appuyée sur le cuir d’un strapontin, la Grande Plaine US défile devant nos yeux avec ses images noir et blanc de cow-boys. Un nuage de poussière sur le clavier marque l’horizon, sûrement un cheval au galop. Deux accords de guitare à vous glacer le sang car tendus comme les protagonistes d’un duel au coucher du soleil.

Le concert se terminera par Great Escape, plus Satie que Satie, où la voix aussi calme que sur la première note jouée plus d’une heure trente auparavant, lentement emballera d’ouate les âmes toujours sous le charme.

La salle envoutée rappellera Watson pour un ultime morceau joué seul au piano.

Rideau final sur ce musicien sensible, touché, ému dans ses derniers remerciements à la foule et surtout « artiste de l’imaginaire ».

Play list (AB Bruxelles 25/05/09)

  • Fireweed
  • Tracy’s Waters
  • Beijing
  • Wooden Arms
  • Big Bird
  • Travelling Salesman
  • Drifters
  • Down At The Beach
  • Man Like You
  • Where The Wild Things Are
  • Hearts In The Park (avec megaphone suit)
  • The Storm (avec megaphone suit)
    1er rappel

  • Luscious Life
  • Improv #1
  • Improv #2
  • The Great Escape
    2e rappel

  • a

Les autres photos de
Patrick Watson

Photos © 2009 Simon Degossely

One thought on “Patrick Watson, un artiste de l’imaginaire

  • Certes vous voulez décrire un concert en y injectant un peu de “poésie”, mais faites attention, car par manque de style et/ou à trop fortes doses vous tombez dans le ridicule…

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