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Dour Festival 2009 (jour 4): Pour terminer en beauté…

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Quatrième et dernier jour du Dour Festival 2009 et la quasi certitude de rattraper un samedi qui n’a pas vraiment tenu ses promesses la veille. Au programme Madensuyu, The Horrors, Boss Hog et Les Wampas. Autant dire qu’une bonne journée nous attendait… Et cette journée a commencé tôt puisqu’à 12h30, on était déjà là pour voir à l’œuvre les hutois de The Mash, qui avaient déjà ouvert la grande scène aux Ardentes la semaine précédente. Ce trio qui fait partie du collectif Startin’ Pop a déjà pas mal d’expérience malgré le jeune âge des musiciens. Quelque part entre The Jam et The Who, ils ont donné un set énergique (encore un peu plus convaincant qu’à Liège), ponctué par l’efficace single “Good Day To Die”. Quelque chose me dit qu’on n’a pas fini d’entendre parler d’eux.


Juste après, on allait prendre la première claque de la journée avec les gantois de Madensuyu, un duo guitare batterie qui a la particularité de jouer assis (normal pour le batteur, déjà beaucoup moins pour le guitariste). Eux aussi étaient aux Ardentes la semaine dernière et eux aussi se sont surpassés pour donner aux festivaliers de Dour un pur moment de bonheur rock ‘n’ roll. Découverts par hasard par Arno qui les invite pour une première partie alors qu’ils avaient déjà sorti un premier album (“A Field Between”), ils vont ensuite, grâce au bouche à oreille, se faire petit à petit un nom dans le milieu. Leur deuxième album, “D Is Done” est une petite merveille qui comprend des perles noisy envoûtantes qui révèlent toutes leurs subtilités en live (“Fafafafuckin’”, le magnifique “Write Or Wrong”, “Oh Frail”). On les a découverts, quant à nous, en première partie de Ghinzu à l’Eden en mars dernier, et depuis, on est accrocs. Pour les novices, on pourrait les comparer à Two Gallants, tout en étant moins démonstratifs mais beaucoup plus dur dans les arrangements. En tout cas, la symbiose entre les deux musiciens (qui jouent ensemble depuis 1992) est à son paroxysme. Et ce qui ne gâche rien, c’est que Stijn Ylode De Gezelle et Pieterjan Vervondel sont des bonhommes éminemment sympathiques et accessibles. Assez rare que pour ne pas être souligné. En résumé, ils sont à découvrir impérativement si vous voulez en prendre plein les oreilles (ils seront notamment au Pukkelpop et à la Nuit du Soir).

Juste après, pas moins de trois groupes retenaient notre attention. D’abord The Hickey Underworld mais comme ces derniers font la tournée des festivals, on les chroniquera aux Lokerse Feesten en première partie de Manic Street Preachers et au Pukkelpop. C’est donc vers les français de Stuck In The Sound que notre attention se portera dans un premier temps. Le chanteur a retrouvé sa voix (raison pour laquelle le groupe avait annulé sa venue aux Ardentes) et on allait enfin savoir comment ils se débrouillent sur scène, vu que leurs albums (surtout le deuxième, “Shoegazing Kids”), tiennent bien la route. Notre perception sera quelque peu mitigée. Leur rock rentre dedans, inspiré par Bloc Party et qui nous fait penser à Hollywood Porn Stars par moments, est frais et assez au point. Par contre, leur attitude de parisiens dérange autant que leur manière approximative de chanter en anglais. On va dire que c’est plaisant une demi-heure mais que pour nous captiver, ils devraient améliorer quelques points.


On a donc été jeter une oreille pour la fin du set du duo local Petula Clarck (rien à voir avec la diva anglaise). Deux instruments (guitare et batterie, décidément la formule à la mode) et des compositions agressives, très courtes, pas super accessibles il est vrai, mais drôlement efficaces. Contrairement à celles de Sleepy Sun, qui ont réussi à nous ennuyer assez fermement sous le Club-Circuit Marquee. Eux pratiquent une sorte de rock progressif psychédélique avec une utilisation régulière de l’harmonica. En tout cas, c’est un groupe qui porte bien son nom, vu qu’ils sont quand même dans un trip certain, un peu comme si les Dandy Warhols s’étaient perdus dans le désert.


On comptait donc sur Amazing Baby pour remettre les choses à leur place et retrouver des vibrations. Mais là aussi on a bien vite déchanté. Musicalement quelque part entre Spiritualized, Primal Scream et Kings Of Leon, avec un leader un peu trop frimeur que pour être crédible (les lunettes de soleil, le chewing-gum, le jonglage avec le micro, la chaîne en or, les mains dans les poches,…). Bref, il en fait trop et cela nuit à la musique, même si le son du groupe est au point. Par contre, au niveau compositions, on repassera. Surtout qu’ils ne joueront que 35 minutes sur les 60 qui leur étaient attribuées…

La suite allait pourtant être de bien meilleure facture avec The Experimental Tropic Blues Band qui, eux aussi, sont omniprésents cet été sur le circuit festivalier, en support de leur dernier album, “Captain Boogie”. Une semaine après les Ardentes, c’est à Dour qu’ils sont venus prêcher la bonne parole du boogie rock, précédés d’une incroyable réputation scénique. On en a encore eu la preuve en cette fin d’après-midi. Les trois lascars étaient particulièrement déchaînés et ce style de musique limite désuet de nos jours devient un plaisir pour les oreilles et donne aux jambes une envie irrésistible de bouger. Quant aux yeux, ils en voient des vertes et des pas mûres. D’abord avec le costume blanc impeccable (du moins avant le stage diving micro ou harmonica en bouche) de Boogie Snake, la dextérité et le rythme impeccable de Devil D’Inferno ainsi que les pitreries et les interventions de Dirty Wolf. Ensuite avec un passage pipi-caca qui a fait s’esclaffer la foule. Après avoir invité Jacques de Pierpont (qui s’est exécuté) à monter sur scène pour comparer leur attribut masculin respectif, Dirty Wolf s’est amusé à reproduire “La Bite Electrique”, un moment choisi pendant lequel il s’amuse à toucher son engin avec un jack relié à un ampli, provoquant un bruit d’électrocution du meilleur effet. A pleurer de rire. En tout cas, ils ont mis le feu et on peut dire que sur scène, ce groupe n’est pas loin d’être un des meilleurs du royaume.


Les suivants allaient eux aussi nous dérouiller les zygomatiques puisque Les Wampas étaient de retour après une prestation hilarante (mais comment pourrait-il en être autrement?) en 2006. En effet, Didier Wampas était encore en très grande forme ce soir. Arrivé sur scène déguisé en promo boy Coca-Cola aux bras de deux hôtesses du stand de la célèbre boisson (les habitués des festivals savent que ces créatures sont triées sur le volet…), il a d’emblée mis la barre très haut en hurlant et en gesticulant comme un sauvage sur “L’Aquarium Tactile”. Après quelques titres pendant lesquels il a pris ses marques, il a commencé son show. Jouant à l’équilibriste sur trois amplis posés les uns sur les autres (par ses soins, un ampli par couplet), à l’escaladeur sur un pylône de retour d’enceintes, il a chanté “Les Bottes Rouges” sur une chaise portée par la foule, j’en passe et des meilleures… Le single “Manu Chao” a bien entendu fait exploser les fans venus en nombre tout comme “Ce Soir C’est Noël” (alors qu’on est en plein mois de juillet…). Sur “Kiss”, il est comme de coutume descendu dans l’arène pour embrasser les uns et les autres avant d’inviter les filles à monter sur scène pour le final constitué d’une reprise de “Où Sont Les Femmes?” de Patrick Juvet (sans lancer de boîte de tomates pelées) couplée à “Petite Fille”. Il s’est ensuite amusé à se faire transporter par les demoiselles sur scène avant de se faire quasi piétiner par l’ensemble de ces groupies. C’est évident, ce type chante complètement faux (c’est d’ailleurs inscrit sur certains t-shirts à l’effigie du groupe), mais il se donne tellement que cela en devient accessoire, avec chaque fois à la clé, un bon moment de rock ’n’ roll.

Retour à des choses plus sérieuses mais tout aussi intenses avec un des groupes que l’on attendait le plus ce week-end, The Horrors. Auteurs d’un excellent deuxième album, “Primary Colours”, qui sera à mon avis très bien classé dans les tops de fin d’année, ils peuvent se targuer d’avoir franchi plusieurs paliers à la fois, en évoluant vers un son plus sombre et moins gothique. Le groupe ne chantera d’ailleurs que des titres de ce deuxième album, débutant avec le prenant “Mirror’s Image” et terminant avec l’hypnotique “Sea Within A Sea”, un très long morceau qui ne lasse à aucun moment. Entre les deux, de fantastiques compositions (“Who Can Say”, “Scarlet Fields”, “Primary Colours”) qui fleurent bon la noirceur qui va si bien à la voix caverneuse du chanteur Faris Badwan (à l’instar des autres membres, il a laissé tomber son pseudo Faris Rotter). Par contre, je ne suis pas sûr qu’il était tout à fait clean. Sa voix était parfaite, d’accord, mais il était un peu dans son monde, le regard absent et sa manie de tourner lentement (et systématiquement) autour de la batterie était quand même assez bizarre. Mais à part ça, ils n’ont pas déçu et on ira les revoir avec plaisir le 31 octobre prochain au Botanique, afin de fêter Halloween de la meilleure manière qui soit…


Dernier passage sur La Petite Maison Dans La Prairie avec Caribou, le projet du canadien Daniel Snaith, qui était connu précédemment sous le nom Manitoba et qui a opté pour un autre pseudo de peur de poursuites par Richard Manitoba (le leader de The Dictators, un obscur groupe de New York et actuel chanteur de MC5). Bref, Daniel Snaith, multi instrumentiste complet (guitare, claviers, flûte, batterie) était présent à Dour avec trois musiciens pour un show qui tournait autour d’un folk rock planant sur fond de projections psychédéliques. Le premier morceau m’a fait penser à Wilco, mais la deuxième batterie et les longues compositions déstructurées m’ont bien vite fait abandonner la comparaison. Surtout qu’au fur et à mesure de l’avancement du concert, ils étaient de plus en plus dans leur trip de musiciens mélomanes, ignorant quasiment le public. Dommage.

Restait à terminer notre Dour Festival avec les vétérans (et revenants) Boss Hog, le groupe de Jon Spencer et de sa femme Cristina Martinez, qui n’ont plus rien sorti depuis 1999 et l’album “Whiteout”. C’était donc une réelle surprise de les voir de nouveau réunis sous ce nom. Plus bluesy qu’attendu, ce concert a plu aux amateurs de jam sessions qui se sont laissés emporter par les expérimentations calculées des deux époux, bien en verve et surtout très expressifs l’un envers l’autre. Surtout que les trois musiciens (dont une batteuse), les secondent magnifiquement bien. C’était parfois un peu bizarre, genre mélange entre Meat Loaf et la B.O. de Grease, mais cela a bien fonctionné un temps. Après, c’est devenu un peu long, peut-être parce que les singles, à part “Get It While You Wait”, ont été oubliés… N’empêche, ce dernier concert n’était pas le moins réussi…


Juste après, Aphex Twin+Hecker, clôturait la Last Arena, mais l’intérêt, malgré la réputation de Richard James, n’était pas au rendez-vous. Un petit coup d’œil n’a fait que confirmer qu’à part un visuel intéressant, il ne se passait pas grand-chose sur scène…

Ce Dour Festival 2009 se terminait donc sur un bilan musicalement mitigé, mais par contre, l’ambiance était, comme chaque année, inimitable. Et rien que pour cette raison, nous serons de retour en 2010…


Jour 1


Jour 2


Jour 3

Photos © 2009 Olivier Bourgi

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