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Les Lokerse Feesten à l’heure britannique avec les Manics et Peter Doherty

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Cette année, les Lokerse Feesten fêtent leur 35e anniversaire. Au fil des ans, les affiches se sont bonifiées au point de devenir tout simplement incontournables depuis quelques éditions. 2009 ne déroge pas à la règle avec notamment ce mardi 4 août les Manic Street Preachers et Peter Doherty. Mais avant de pouvoir applaudir les légendes britanniques, la soirée s’ouvrait avec un groupe anversois, The Hickey Underworld, qui n’arrête pas de faire parler de lui, au point de se produire à tous les festivals intéressants de l’été: ils étaient à Rock Werchter, aux Ardentes, à Dour et ils seront encore au Pukkelpop. Mais ce ne sont que quelques dates parmi tant d’autres. Ils se sont révélés au printemps avec l’irrésistible single “Future Words” et ont depuis sorti un premier album éponyme. Un album qui n’est pas hyper évident à avaler mais qui prend une toute autre dimension en live.

Car il n’y a pas à dire, The Hickey Underworld est un vrai groupe de scène, qui fait vivre ses compositions et en met plein la figure à un public qui ne s’y attend pas. Ils jouent fort et, face au soleil de fin de journée, ils vont bien transpirer en se donnant à fond. Le chanteur, coiffé de son inamovible casquette, s’époumone tant qu’il peut (sans toutefois hurler) et les lourdes guitares qui l’accompagnent ne font qu’amplifier le son mis en place par le quatuor. On pense par moments à du Queens Of The Stone Age mâtiné de Millionaire. Outre le single précité (dans une version particulièrement allongée), accordons une mention spéciale à “Blonde Fire”, tout aussi efficace. Nos oreilles étaient donc déjà prêtes pour accueillir la suite de l’affiche.

Et la suite, c’était ni plus ni moins les Manic Street Preachers, en concert exclusif pour les festivals belges. Quasi un an après leur dernier passage (au Pukkelpop), ils sont de retour avec un nouvel album sous le bras, “Journal For Plague Lovers”, sorte d’hommage à Richey Edwards, leur guitariste disparu sans laisser de trace le 1er février 1995 (et présumé décédé depuis peu). Cette plaque ne comprend que des textes écrits par le bonhomme, retrouvés dans un de ses carnets, et mis en musique par les trois autres membres qui ont depuis continué leur route sans lui.

Le groupe monte sur scène, James Dean Bradfield enfile sa guitare et s’approche du micro: “We are the Manic Street Preachers from Wales, this is ‘Motorcycle Emptiness’“. Un début classique avec leur premier hit, qui date de 1992. A gauche du chanteur, le bassiste Nicky Wire (en pantalon, une fois n’est pas coutume) et derrière lui, le minuscule batteur Sean Moore (qui porte des mitaines). A l’écart, sur la gauche de la scène, deux musiciens de tournées (un excellent guitariste et un claviériste). Suivent “Your Love Alone Is Not Enough” (évidemment sans la présence de Nina Persson) et le méconnu “No Surface All Feeling” (qui clôturait l’album “Everything Must Go” de 1996). Lors des deux seuls extraits de la nouvelle plaque (“Peeled Apples” et “Jackie Collins Existential Question Time”), le trio se retrouvera seul sur scène, comme si par respect pour Richey Edwards, les musiciens accompagnateurs préféraient laisser les principaux concernés lui rendre un vibrant hommage.

Pendant 75 minutes, Ils ont enchaîné les hits, puisés dans une abondante discographie de qualité. Même ceux qui ne connaissent pas particulièrement le groupe auront vibré sur “You Stole The Sun From My Heart”, “Tsunami”, “Ocean Spray” (avec un passage au saxo poignant – pour rappel le titre a été écrit par le chanteur en hommage à sa maman) ou encore “Everything Must Go”. Sans oublier une délicate version acoustique de “The Everlasting”, James Dean Bradfield seul à la guitare (qui a accordé son instrument avec quelques mesures du “Tequila” des Champs, entonné en coeur la foule). Par contre, il fallait être fan pour s’immiscer dans “Faster” (le seul extrait du cultissime “The Holy Bible” de 1994, dernier album enregistré en quatuor).

La fin du set sera quant à elle magistrale avec tout d’abord “A Design For Life” et “You Love Us”, deux titres traditionnellement chantés avant de quitter la scène. Mais heureusement, ils en avaient gardé sous le pied… D’abord avec “Little Baby Nothing”, un des titres phares du premier album, puis “Motown Junk” (introduit subtilement par le refrain du “Stop (In The Name Of Love)” des Supremes), sur lequel le groupe s’est déchaîné et on a pu aisément se rendre compte à quel point James Dean Bradfield est loin d’être un manchot. Ils ont quitté la scène avec le toujours aussi excellent “If You Tolerate This, Your Children Will Be Next”, qui mettra un terme à un concert impeccable. Maintenant, on espère une date en salle, histoire de pouvoir les voir un peu plus feuilleter ce “Journal For Plague Lovers”. A suivre…

Pour être honnête, après une claque pareille, on ne voyait pas vraiment comment Peter Doherty allait pouvoir prendre le relais, seul avec sa guitare (et accessoirement un harmonica) sur une aussi grande scène. Les mauvaises langues diront qu’il fallait encore qu’il soit là… Mais oui, il était bien présent à Lokeren et, aussi incroyable que cela puisse paraître, il est arrivé sur scène à l’heure prévue, élégamment sapé et plus ou moins sobre (une bouteille de vin l’attendait toutefois à côté d’un ampli sur une table basse recouverte d’un drapeau anglais).

On s’attendait à un passage en revue de son premier album solo (“Grace / Wastelands) sorti au printemps, mais le premier extrait arrivera seulement après un bon quart d’heure. Ce sera l’excellent “The Last Of The English Roses”, qui provoquera dans la foule une réelle envie de chanter avec lui. Auparavant, il a entamé son set avec “For Lovers”, sa collaboration avec Wolfman en 2004 ainsi que deux titres des Libertines, “Don’t Look Back Into The Sun” et “Into The Bracket”. On pourrait croire que ces morceaux chantés en acoustique ne donnent pas grand-chose. Et bien, détrompez-vous, il les joue avec tellement de conviction qu’il met une ambiance de feu. En plus, sa voix tient la route et il s’y connait dans l’art de manier son instrument pour en faire sortir des sons qui ne lassent à aucun moment.

Bref, vous l’avez compris, contre toute attente, ce concert s’est révélé au fur et à mesure de très grande qualité. Surtout que le bonhomme peut se targuer d’avoir (co)écrit (et interprété ce soir) quelques-uns des meilleurs titres du rock indépendant britannique de ces dix dernières années, que ce soit avec les Libertines (“Can’t Stand Me Now”, “Time For Heroes”) ou les Babyshambles (“Delivery”, le fabuleux “Fuck Forever” en final). Hors de son album solo, pointons surtout “Salome” et “Arcady”, tandis que l’on n’a pas été en reste d’un point de vue covers puisqu’il s’est lancé dans “The Needle And The Damage Done” de Neil Young et “A Message To You Rudy” des Specials dans des versions à couper le souffle.

Mais un concert de Peter Doherty ne se limite pas à la musique. Il s’est bien entendu fendu de quelques réflexions, du genre: “Si vous avez de la drogue, pensez à deux fois avant d’en prendre, sinon donnez-là à mon ingénieur du son”, ou “Oups, c’est la fin de ma bouteille de vin, cela veut dire qu’on arrive à la fin du show”. Il a aussi ramassé un livre qu’un fan lui avait lancé sur scène, dans lequel il a lu quelques micro-passages (en français s’il vous plaît) au milieu d’un titre. Ces quelques moments privilégiés ont mené à un excellent concert, et au final une bien belle journée de festival.

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