Klaus SCHULZE & Lisa GERRARD à l’Ancienne Belgique
La dernière fois que l’on avait vu Lisa Gerrard, c’était en avril 2007, au Cirque Royal. Nous avions rendu compte de ce concert à l’époque ici même. Ce 25 septembre, elle était de retour avec Klaus Schulze. Deux ans après le Cirque Royal, Lisa Gerrard s’associe à Klaus Schulze pour un concert dans la continuité de deux albums, “Farscape”, “Rheingold-live at Lorelei” (également publié en DVD) et un troisième album, “Dziekuje Bardzo”, concert ayant été publié en triple cd et dvd. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce dernier n’a pas chômé ces derniers temps, un surmenage qui certainement n’est pas sans lien avec l’annulation d’un concert la semaine dernière à Essen.
Arrivé avec un léger retard, je suis capté dès mon entrée dans la salle par la vision irréelle de la présence de Lisa Gerrard sur scène et de sa voix comme toujours si féérique. Cette fois elle est habillée d’une robe pourpre, à gauche de la scène, et Klaus Schulze est au centre de la scène (c’est bien lui qu’on vient voir ce soir), entouré par ses synthés Roland et de son Macbook et d’immenses racks-panneaux de contrôle à l’arrière, le fameux “big wall” qui l’accompagne dans ses tournées depuis 1996, composé de 14 séquenceurs Polymorph et de boites à rythmes Rave-O-Lution. La scène est illuminée par un éclairage rouge orangé du meilleur effet. La salle, comble, semble recueillie, toute dévouée aux artistes. Des jeunes et des moins jeunes, qui ne veulent perdre aucune miette de cet instant, usent et abusent de leur appareil photo, les injonctions des agents de sécurité demandant de ne pas filmer restant sans grand effet.
Pendant 40 minutes, le public recueilli retient son souffle, tandis que Lisa Gerrard lance ses vocalises dans toutes les tonalités possibles, semblant défier l’espace temps. Mais garder une oreille attentive pendant une si longue période est une prouesse réservée aux fans. On sent dans la salle que nombre de personnes sont venues soit pour voir la diva de Dead Can Dance, soit au contraire le chantre teuton des synthés; certains papas y ont même traîné leur progéniture (de gré ou de force?). 21h15 sonne la fin de la première partie pour une demi-heure.
Je suis de retour à 21h45 mais le concert a déjà recommencé. Klaus Schulze est seul, et lance une boucle de synthé soutenu par une séquence rythmique qui se répète jusqu’à l’apparition d’un son de guitare synthé. Le public, immobile, semble absorbé. Lisa Gerrard reviendra en rappel, pour un morceau plus court. Alors que penser de cette performance? Par moments, l’alchimie produit des miracles. Mais la répétitivité de l’ensemble, la religiosité forcée de l’audience agace. Au risque d’en choquer certains, dans cette alliance que l’on peut imaginer dictée par des motivations commerciales (il faut bien gagner sa croûte), Lisa Gerrard a perdu un peu de son âme. Il y a un soupçon d’opération marketing, on nous vend deux artistes pour le prix d’un, comme une promotion dans un supermarché.
Souhaitons pour Lisa qu’elle conquiert de nouveaux territoires musicaux plus acoustiques. C’est le problème de la musique électronique, de sa définition, qui se pose. Ce genre a pris de nouveaux tournants avec l’électro dans les années 90 et des groupes comme The Prodigy, qui donnent un souffle de jeunesse aux séquenceurs et boites à rythme. En 2009, force est de constater que c’est un genre musical difficile à recycler.