La moitié d’EXPATRIATE en visite à Bruxelles
En marge de la sortie de leur premier album, “In The Midst Of This”, Expatriate était de passage à Bruxelles pour donner quelques interviews. Un passage éclair qui nous a malgré tout permis de converser une vingtaine de minutes à la terrasse du café de l’AB en compagnie du chanteur Ben King et du bassiste Dave Molland. Olivier Wouters: Hello Ben, hello David! Music in Belgium voulait vous rencontrer car on vous a vus trois fois en concert en moins d’un an, on a chroniqué votre album en lui donnant un 8/10 et on est assez emballé par ce que vous faites.
David Molland & Ben King: Merci!
OW: La première fois qu’on vous a vus sur scène, c’était en première partie de dEUS à Forest National en décembre dernier. Comment avez-vous réussi à obtenir cet honneur? Vous connaissiez personnellement Tom Barman?
BK: Non, c’est grâce à notre manager. Elle est amie avec les membres de dEUS et elle leur a simplement donné un CD. Ils ont aimé, nous ont rencontrés et on a passé deux semaines sur les routes avec eux. On a joué notamment en Hollande, en Belgique et au Luxembourg. On a de très bons souvenirs de cette mini tournée. Ce sont des chouettes types, très sympas.
OW: Vous connaissez d’autres groupes belges?
BK: 2ManyDJs, Soulwax, euh… je pense que c’est tout.
OW: Je vais vous avouer qu’avant ce concert avec dEUS, je n’avais jamais entendu parler de vous…
DM: Vous n’auriez pas pu (rires).
BK: Ce n’est pas étonnant, personne ne nous connaissait ailleurs qu’en Australie à l’époque…
OW: Justement, vous êtes considérés comme un nouveau groupe par ici, pouvez-vous dès lors vous dévoiler en quelques mots.
BK: Le groupe a été fondé il y a environ quatre ans en Australie. Le nom fait référence au fait que j’ai grandi en Indonésie vu que mon père y travaillait. Je revenais quelques mois dans mon pays natal avant de repartir avec lui et ainsi de suite. Bref, je n’ai jamais vraiment eu de point d’attache. Les gens pensent toujours que c’est une vie magnifique de voyager tout le temps mais je peux vous dire que le vivre, c’est assez ennuyant et perturbant. Tu ne sais jamais vraiment t’identifier à un endroit, tu as tendance à perdre tes repères. Entre parenthèses, je pense que cela a déterminé ma manière d’écrire de la musique. Donc, lorsqu’est venu le moment de baptiser le groupe, ce nom s’est imposé de lui-même, en référence à ce que j’avais vécu. C’était plus intelligent que de choisir un nom à la con.
DM: On a commencé à se faire un nom en Australie, à avoir un noyau de fans. Puisqu’on a été influencé par des groupes anglais, c’était plus intéressant pour nous de venir faire des concerts en Europe plutôt qu’aux Etats-Unis. En plus, on vit à Berlin depuis novembre 2008. On a laissé nos racines australiennes derrière nous. Et le soleil, la plage (rires).
OW: C’est vrai que Berlin est une ville particulière où pas mal d’artistes puisent (ont puisé) leur inspiration.
BK: Cette ville a inspiré plein d’artistes majeurs: Iggy Pop, David Bowie, Nick Cave, U2. Et cette liste est non exhaustive. C’est vrai que se retrouver dans une ville telle que celle-là vous inspire, vous pousse à vous surpasser. C’est en tout cas super motivant. En plus, malgré le fait que ce soit la capitale de l’Allemagne, il y règne une atmosphère très relaxante.
DM: On a été à Francfort dernièrement et on a remarqué la différence. Beaucoup plus orienté business, à l’instar de Sydney, pour parler d’un endroit qu’on connait bien.
OW: Votre premier album, “
In The Midst Of This“, est sorti en 2007 en Australie. Comment expliquez-vous le délai de deux ans avant la sortie européenne?
DM: On a pas mal de circonstances atténuantes. On a changé de management, puis on a dû trouver une maison de disques, se repositionner, arriver en Europe.
BK: L’industrie musicale peut parfois se révéler très lente et finalement dépend des maisons de disques. Ca peut parfois aller vite, mais comme on veut faire les choses bien, on a pris le temps. Ceci explique pourquoi deux ans se sont écoulés entre la sortie en Australie et en Europe.
OW: Mais vous n’êtes pas restés les bras croisés pour autant. Vous avez beaucoup tourné, notamment en Belgique où on vous a vus à Werchter et au Pukkelpop.
DM: On a profité de notre présence en Europe pour jouer à l’affiche de quelques festivals cet été, effectivement.
BK: Werchter, c’est un très bon souvenir. On s’attendait à jouer devant un parterre de spectateurs et finalement, la Pyramid Marquee était pleine de gens. Et le lendemain, sur notre MySpace, on avait des pages entières de commentaires, des requêtes d’amis. Bref, on ne s’attendait pas du tout à cet engouement, d’autant que l’album n’était pas encore sorti.
OW: Tandis qu’au Pukkelpop, vous étiez déjà habitués au public belge.
DM: On peut dire ça, oui. Bien qu’il y avait beaucoup plus de monde à Werchter. Cela dit, on a joué plus tôt et les gens qui nous ont vus sont venus par curiosité pour nous découvrir. Ce qui est bien pour nous, puisque ceux qui ont aimé ont pris contact avec nous via Internet et certains d’entre eux vont sans doute venir nous voir lorsque nous jouerons en salle. (Note: on parle d’une date en janvier 2010 à l’AB Club)
OW: Et vous n’en avez pas marre de jouer les mêmes chansons depuis tout ce temps?
DM: Non. On est toujours content de faire découvrir nos compositions à un nouveau public. Mais le plus important, c’est qu’on adore jouer ensemble. En tout cas, on ne s’est jamais dit un truc du genre: “Pff, on doit encore jouer tel ou tel titre”. En plus, on joue sur un autre continent, donc c’est comme si on recommençait tout à zéro. N’oublions pas qu’ici en Europe, on est un nouveau groupe. On a encore tout à prouver.
OW: A l’écoute de l’album et des concerts, on remarque pas mal d’influences provenant des groupes à guitares du début des années 80 (U2, Simple Minds, Echo & The Bunnymen,…)
BK: Ce n’était pas prédestiné. Notre guitariste est fan de groupes comme My Bloody Valentine ou Sonic Youth. Par contre, Dave et moi, on est plutôt attiré par quelque chose de plus mélodieux. On n’est pas gêné d’écrire une chanson sur laquelle les spectateurs peuvent chanter avec nous.
DM: Et par rapport aux paroles, elles signifient quelque chose. C’est un peu ce que faisaient ces groupes du début des années 80. Ils chantaient sur l’amour et les relations affectives. Des groupes comme Depeche Mode, The Cure ou Ultravox ont quelque part brisé les frontières et chanté des trucs sombres auxquels on se rapproche aujourd’hui. Néanmoins, ce n’était pas un but en soi de sonner comme eux.
BK: Sinon, on écoute aussi pas mal de dance et de musique électronique. Le prochain album devrait sonner différemment.
OW: Et le producteur John Goodmanson, était-ce aussi un choix délibéré?
BK: En fait, on a envoyé nos démos à quelques producteurs et John est revenu vers nous en disant qu’il aimait beaucoup ce qu’on faisait et qu’il était prêt à travailler avec nous. A l’époque, on voulait sortir un album qui nous caractérisait en tant que groupe de scène plutôt qu’avoir un disque hyper produit en studio. On voulait un son qui mette en avant les guitares et la batterie. Et comme John avait fait cela avec d’autres groupes, cela avait un sens de travailler avec lui. Au final, il n’a pas changé grand-chose aux compositions, il a juste réussi à réglé les instruments pour les faire sonner plus juste et leur donner un son moins brut, légèrement plus pop.
OW: En tout cas, en live, votre son est beaucoup moins poli.
BK: C’est tout à fait vrai. En live, tu as toujours plus d’énergie, plus d’adrénaline et parfois tu es un peu saoul aussi (rires). Tout devient plus excitant et c’est pour ça qu’on aime faire des concerts.
DM: C’est chiant de voir en concert des groupes qui se contentent de reproduire note pour note les morceaux qui sont sur le CD. Je ne vois pas l’intérêt. Au contraire, cela devrait te permettre d’explorer d’autres aspects de ta composition. Même si ce n’est pas une règle car un groupe comme les Killers par exemple, joue comme sur le CD mais arrive malgré tout à donner de très bonnes prestations.
OW: En automne, vous allez accompagner Placebo en tournée à travers toute l’Europe, sauf en Belgique au début du mois de décembre.
BK: Effectivement, on va faire 24 dates avec eux mais malheureusement, on ne viendra pas vous voir une quatrième fois en un an. Cela dit, ce n’est que partie remise…
OW: Et comment êtes-vous arrivés à convaincre Brian Molko de vous emmener avec lui sur les routes?
BK: On a joué pas mal de festivals avec eux cet été, notamment en Roumanie et en Turquie. C’était très sympa, car ils nous regardaient depuis le côté de la scène. A Bucarest, on était en backstage, on buvait des verres avec eux lorsque Brian Molko nous a invités officiellement à faire leur première partie pour cette tournée.
OW: Et vous avez dit oui sans hésiter.
BK: Bien sûr, en plus pour nous, cette proposition avait une saveur particulière car elle émanait du groupe et pas d’une tierce partie. Cela fait toute la différence. Bon d’accord, on partage le même management mais il faut savoir que Placebo ne fait jamais ce qu’il n’a pas envie de faire. Je pense qu’ils ont du succès parce qu’ils ont leur vision propre du business musical et qu’ils se tiennent strictement à cette vision.
OW: Comment avez-vous passé votre journée à Bruxelles?
BK: On n’a pas vraiment eu le temps de faire du tourisme. On a donné des interviews, joué un set acoustique pour Studio Brussel et là, maintenant, on s’en va sur Paris, avant de filer vers la Suisse.
OW: Merci pour l’interview, bonne continuation pour la suite et rendez-vous en janvier alors!
BK & DM : Avec plaisir !
Ben et Dave récupèrent ensuite leurs instruments et suivent le représentant de la maison de disques qui va les emmener à Paris pour la suite de leur tournée promo. Nous, on est content d’avoir rencontré deux musiciens simples et sincères, les pieds sur terre et émerveillés de ce qui leur arrive. Ce qui ne fait que conforter l’impression dégagée lors de leurs prestations live.
Photos © 2009 Olivier Wouters & Olivier Bourgi