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GHINZU à Paris, encore petit dans la cour des grands

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Pour sa date parisienne, osera-t-on dire que Ghinzu a raté l’occasion de bien faire ? Ou se permettra-t-on de dire que Ghinzu considère la capitale de la deuxième partie de son empire comme une simple ville de province ? A quelques encablures d’une deuxième tournée qui les emmènera en France, en Suisse et à nouveau chez nous (Leuven het Depot et Brugge Cactus), et surtout avant cette date du 6 février 2010 déjà magnifiée comme « le plus gros événement rock belge depuis Machiavel », il est peut-être temps de se poser la question. Belle renommée quand même aidant, le groupe belge a fait son Zénith! « LE » Zénith, salle parisienne du genre de Forest National tant dans sa capacité que dans sa forme un peu hangar (ici en version limitée, 4.200 places, comme pour le Forest National box du 6 février à venir) affichait « complet » quelques jours avant le concert seulement. Indice ?

Pourtant, l’accueil du troisième CD est grand dans l’hexagone et les concerts de la formation sont attendus dans chaque région comme un événement. Il est vrai que le public de la ville lumière est bien connu pour ne pas être le même public qu’ailleurs. Chose d’ailleurs révélée lors de la prestation de nos compatriotes bien que le stand merchandising était dévalisé dès l’entrée dans les lieux par les fans.

Mais Ghinzu n’en est pas à son premier coup d’essai sur les bords de Seine. Plusieurs Elysée Montmartre et un Bataclan qui a pesé lourd lors de la promotion de l’album fraîchement sorti. Ceux qui y étaient n’oublieront jamais ce mémorable Olympia en juin 2005, lui aussi complet et théâtre d’un des plus beaux événements scéniques de la formation noisy. On en était loin ce 23 octobre.


Salle plongée dans le noir, le moment tant attendu et … la première stupeur. De mémoire de fans, il n’a jamais été vu aussi mauvaise entrée sur scène. Même le début de cette tournée Mirror Mirror offrait un « moment intro » alors que là, les Cinq sont rentrés dans la pénombre pour attaquer par « Mother Allegra ». Sans aucune mise en scène, sans aucune préparation, ce morceau est là comme un échauffement, comme un dernier sound check. La magnificence qu’il pourrait avoir, enchaîné dans les maestria que les aiguiseurs de couteaux peuvent parfois créer, tombe à plat.

« Bonjour Paris ! » Sans transition, « Mirror Mirror » est lancé à la tête des spectateurs. Toute la force musicale parfaite de ce morceau déboule dans le centre du parterre et les premiers sauts créent une houle. Son frère siamois « Dream Maker » n’arrêtera pas le mouvement et le tout aussi performant « Cold Love » fera couler la sueur sur les fronts avec un final brut qui alourdira le sol des corps retombants d’un seul tenant. La sauce prend. La viande est belle, saignante, persillée et va être découpée finement par la lame effilée. Le festin sera grandiose ? Et bien non !

Le déjà archiconnu outre-Quiévrain « Take it easy » est joué et John Stargasm, très à l’aise, n’est pas non plus sans parler, sourire à la salle, mettre et enlever ses lunettes de soleil. Danser aussi sur « Dragon », le seul extrait d’« Electronic Jacuzzi » à ne pas avoir été jeté aux oubliettes du temps bien qu’il nous revient en live après une belle période de quarantaine. Pièce de choix, le concerto rock « Dragster Wave » se retrouvera coincé un peu à l’étroit entre le dernier nommé et l’instrumental chemin de fer, « 21st Century Crooner ». Mais la rengaine de celui-ci est bien connue du public et John n’aura pas de mal à créer, d’une simple demande, un mouvement de masse dans les rangs du parterre.

« Do you Read Me » est joué décadent comme il se doit, hommage à la mère patrie, un drapeau belge sur les épaules. Puis autre hommage, cette fois rendu à Papa et Maman Israël présents, par la reprise de « Twist and Shout » des Fab Four. Opportunisme en cette année ? Qui sait ? En tout cas bien plus convenable que les morceaux de l’Iguane dont les premières dates françaises étaient gratifiées. Peut-être toujours en souvenir de son enfance et de ses parents, « The End of the World » commencera par une belle intro au piano dans le plus pur style des variations classiques. Pourtant, le corps même du morceau, sous l’impulsion de Mika, sera joué avec une belle impulsion électro. « Kill the Surfer » terminera le set. Marque de fabrique du show man, la chanson sera interprétée par John autant sur la scène que sur le clavier que sur la batterie. Coulisses.

Retour sur scène des combattants pour un « This Light » racoleur, deux boules à miroirs pendues au plafond de la salle. Oui, sans rire, deux boules à miroirs comme pour une soirée « cœur à cœur », Greg terminant en chant solo ce morceau. Greg d’ailleurs n’arrêta plus après de faire son show. Et l’énergique « Mine », sous la poussée de John verra enfin la salle entièrement debout. Enfin !

Deuxième rappel avec « Blow ». Toujours merveilleux, ce morceau ravit, ravit et ravira encore longtemps. Ravira ceux qui l’écoutent depuis 5 ans ou ceux qui le découvrent, chaque spectateur repartant en ayant laissé un peu de lui-même dans cette soirée. Fin.

Un concert de Ghinzu reste un concert de Ghinzu et n’épargnera pas votre sueur, ni votre émoi tant parfois la magie des compositions mélangée à la puissance scénique prend aux tripes. Mais sur ce coup-ci, le festin fait réchauffé. Un menu affiché à 33 euros le couvert. Lourd à digérer le son très moyen. Etonnant de manque de professionnalisme, les accords joués par les serveurs-accordeurs entre les parties du set. Amusantes sur un morceau mais assommantes les gesticulations de Greg, qui sur la fin, mais n’était-ce pas plus mal, chantait sans micro (quoi qu’après ce que l’on avait vu à l’Octopus Festival de Nivelles, c’est peut-être lui faire mauvaise presse cette fois-ci !). Lassantes par manque d’inventivité ces deux sorties de scènes sur sons bouclés même si elles sont aussi marque de fabrique des Bruxellois. Banal le jeu de lumières des deux lignes horizontales en fond de scène alors que la grandeur de celle-ci permettait au minimum le retour de l’effet Mirror des premières dates de cette année.

Ghinzu peut mieux. Ghinzu nous doit mieux ! Surprendra-t-il ? Quelques coups de fusil et la lame tranchante brillera à nouveau. Faisons-leur confiance.

Set list :

  • Mother Allegra
  • Mirror Mirror
  • Dream Maker
  • Cold Love
  • Take it easy
  • Dragon
  • The Dragster wave
  • 21th Century Crooner
  • Do you read me
  • Twist & Shout
  • The End of the World
  • Chocolate
  • Kill the Surfer
  • This Light
  • Carmina
  • Mine
  • Blow

Photo © 2009 Simon Degossely

One thought on “GHINZU à Paris, encore petit dans la cour des grands

  • Belle description, cependant j’aimerai ajouter quelques corrections. Ghinzu ” le plus gros événement rock belge depuis Machiavel “, non! Vous oubliez qu’en 2008 dEUS a rempli 2x Forest National…
    Avoir commencé le concert avec “Mother Allegra” en toute sobriété, je n’aurais pas imaginé ce titre autrement… C’est bien aussi la sobriété.

    Dans l’ensemble, vous leur reprochez tout et son contraire. Vous critiquez les changements et ce que vous appelez “les réchauffés”. Vu les comparaisons établies, j’ai vite compris que vous les suivez partout. Comment voulez-vous ne pas revoir passer le même film?

    Certes, le 6 février est attendu avec impatience, et vos écrits ne me découragent absolument pas que du contraire. Car au travers vos lignes, je perçois ce concert à tendance crescendo.
    Quant aux concerts en Flandre celui de Leuven est complet depuis belle lurette…

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