ArticlesConcerts

Motörhead reconquiert Forest National !

0 Shares


5 novembre 2009. Cela commence plutôt mal. Le matin, Bernie m’annonce qu’il n’a pas obtenu de photopass. Imaginez mon désarroi. Devoir affronter Motörhead, privé de mon oeil de verre. Comme Tintin sans Milou, Laurel sans Hardy, Holmes sans Watson, Suske sans Bobette, Bruxelles sans Halle/Vilvoorde. Impensable ! Impossible ! Et pourtant si. Comme si cela ne suffisait pas, le ciel lui même s’est ligué contre moi. En chamboulant mon planning à coup de grève des chemins de fers, en mettant sur ma route un agriculteur malveillant, en remplissant toutes les places de parking à un kilomètre à la ronde autour de Forest National, le Très-Haut avait manifestement décidé d’essayer de me priver de ma dose de rock’n’roll. Il est 20h40 bien frappé quand j’arrive enfin à pénétrer dans l’enceinte de Forest National. Trop tard pour assister à la prestation de nos compatriotes de Spoil Engine, le groupe que Motörhead a choisi pour chauffer la salle. Et dire qu’en Angleterre, c’est à Girlschool et aux Damned qu’ils ont confié cette tâche. Il y en a qui ont de la chance.

Un backdrop aux couleurs de “Motorizer”, le dernier album en date, décore le fond de la scène sur laquelle le “road crew” s’affère à préparer la venue du trio infernal. La musique d’ambiance est forte. C’est mauvais signe. Motörhead a l’habitude de jouer fort. Des vendeurs de protections auditives circulent d’ailleurs un peu partout dans la salle. Autour de moi, la moyenne d’âge est plutôt élevée. C’est bon de ne pas se sentir différent.

Les lumières s’éteignent. “Good evening Belgium. We are Motörhead and we play Rock’n’Roll”. Le ton est donné. Lemmy et compagnie balancent d’amblée deux coups de poing estampillés début des eighties : “Iron Fist” et “Stay Clean”. Pour équilibrer la setlist, les deux titres suivants sont plus récents “Be my baby”, tiré du “Kiss of Death” de 2006, et “Rock Out” de l’excellent dernier album. Lemmy qui, malgré ses 63 ans a toujours aussi fière allure avec son magnifique stetson, semble un peu en retrait au début du concert. Il laisse à Phil Campbell le soin de dialoguer avec le public. Vient ensuite le classique “Metropolis” et son introduction reconnaissable entre mille, suivi de “Over The Top” et de “One Night Stand”. Le groupe alterne subtilement le vieux et le nouveau pour le plus grand plaisir des fans de la première heure. Sur “I Got Mine”, Phil Campbell casse un peu l’ambiance avec un solo de guitare sympathique, mais qui n’apporte pas grand-chose au schmilblick. “The Thousand Names Of God” sera le second et dernier titre de “Motorizer” joué ce soir.

Le public est chaud et scande du “Lemmy, Lemmy” entre chaque titre. Celui-ci semble d’ailleurs avoir repris du poil de la bête et ne laisse plus à Campbell le soin d’intervenir à sa place. A l’excellent “Another Perfect Day” de 1984, succède “In The Name Of Tragedy”, enregistré 20 ans plus tard pour l’album “Inferno”. Lemmy et Campbell s’éclipsent un instant pour laisser la place à leur frère cogne-dur, qui nous offre un solo de batterie bien plus intense que celui de six-cordes qui l’a précédé. Mikkey Dee martèle savamment ses futs et se transforme pour quelques instants en Animal, le batteur fou du Muppet Show. Son jeu est époustouflant. Le public ne s’y trompe pas et lui offre une véritable ovation.

Lemmy exprime ensuite sa haine des politiciens avant d’interpréter un “Just ‘cos You Got the Power” pour appuyer ses propos. “Going To Brazil” extrait de “1916” nous ramène dans les territoires du Rock’n’Roll endiablé, et nous mène vers le final d’anthologie composé des classiques “Killed by Death” et “Bomber”. Nous n’attendions pas vraiment de surprises de ce concert de Motörhead, et de fait, nous n’en avons pas eues. Comme à son habitude, le groupe a été bon, a joué fort et a tout dévasté sur son passage. Enfin, pas de surprises, c’est vite dit.

Après nous avoir laissé hurler quelques minutes en tapant des pieds sur le plancher en bois, comme c’est si agréable à faire à Forest National, nos trois lascars reviennent sur scène dans une configuration un peu inhabituelle pour interpréter un “Whorehouse Blues” entièrement acoustique. Magnifique moment où Lemmy ayant troqué sa basse pour un harmonica, chante accompagné de Campbell et Dee aux guitares sèches. L’ami Mikkey s’en sort d’ailleurs étonnamment bien avec cet instrument qu’il gratouille tout en donnant le rythme avec une cymbale charleston. En cette fin de concert, Lemmy semble fatigué. Sa voix s’en va et il s’en excuse plusieurs fois. Cela ne l’empêche pas nous achever en interprétant coup sur coup “Ace Of Spades” et “Overkill”.

Voilà, dix huit titres, une heure trente de pur rock’n’roll, un solide acouphène et la tête pleine de bons souvenirs. Motörhead a encore vaincu.

Laisser un commentaire

Music In Belgium