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A PLACE TO BURY STRANGERS peaufine son mur du son

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Alors que certains avaient choisi de rejoindre le Lotto Arena d’Anvers pour se trémousser sur la pop de Franz Ferdinand, d’autres, plus téméraires, ont plutôt opté pour le Botanique ce samedi 21 novembre, afin d’assister au mur du son déployé par A Place To Bury Strangers, dont la réputation de “groupe le plus bruyant de New York” n’est plus à démontrer…

Véritables bêtes de scène, ces natifs de Brooklyn étaient déjà passés par le Botanique (au Witloof Bar) en mai 2008 et avaient récidivé au printemps dernier dans le cadre du Domino Festival à l’AB Club. Le point commun de ces deux prestations avait été une voix étouffée par un mur du son au volume à la limite de l’entendement, avec des effets stroboscopiques parfois perturbants et des fumigènes omniprésents. Mais vu que leur deuxième album au nom évocateur (Exploding Head) est tout bonnement excellent, on se devait de leur donner une nouvelle chance. Et on n’a pas été déçu…

Malgré une Orangerie très peu garnie, le trio noisy a mis tout le monde d’accord, en optant pour une méthode particulière, peu courante dans leur chef. En effet, plutôt que d’attaquer pied au plancher et volume dans le rouge, ils ont calmement (si l’on peut dire) cimenté les bases de leur mur. Ainsi, le morceau d’intro (“Ego Death”) a été entièrement joué dans la pénombre, la scène à peine illuminée par des étincelles mobiles projetées sur l’écran géant.

L’écoute de l’album nous avait donné une indication, la scène nous l’a confirmée. A Place To Bury Strangers a évolué et a décidé de mettre en avant un travail de composition plutôt que la puissance démesurée des amplis. Mais rassurez-vous, on n’a pas assisté à un concerto pour blousons noirs, il s’agissait bien d’un concert de rock noisy à la Jesus & Mary Chain, qui tend toutefois plutôt vers Black Rebel Motorcycle Club (d’ailleurs, à l’instar du trio de San Francisco, le bassiste Jono Mofo joue de son instrument comme s’il s’agissait d’une guitare). Le maigrelet chanteur Oliver Ackerman, bien que très peu loquace (un timide ‘thank you’ au bout de trente minutes et puis c’est tout), chante d’une voix claire, mise en avant par un ingénieur du son qui a trouvé le bon équilibre. Et qui implique que le jeu du batteur Jay Space soit beaucoup moins calqué sur une boîte à rythme que par le passé.

Ils vont bien entendu mettre l’accent sur leur nouvel album, qui comprend des titres imparables (“In Your Heart”, “Everything Always Goes Wrong”, “Exploding Head”, “Keep Slipping Away”,…) avec une rage plus maîtrisée que par le passé, tout en étant bien présente, grâce aux guitares cinglantes et à l’atmosphère sombre. D’ailleurs, les rares incursions sur leur premier opus avaient l’air de dénoter quelque peu par rapport aux nouvelles compositions, si ce n’est “To Fix The Gash In Your Head”, toujours aussi puissant).

Ils termineront avec deux pépites noisy du plus bel effet, le destructeur “I Lived My Life To Stand In The Shadow Of Your Heart” et surtout le lancinant “Ocean”, dont les larsens, fumigènes, stroboscopes et autres distorsions renverront directement à leurs influences shoegaziennes. Surtout qu’Oliver Ackerman nous en mettra plein les tympans avec un bricolage dont il a le secret, utilisant son micro, sa guitare et un ampli (à ce moment-là, il valait mieux porter des bouchons dans les oreilles…). Un final à la hauteur de la réputation du groupe, certes, mais qui ne doit pas occulter le fait que la majeure partie des nouveaux titres renferme des subtilités audibles qui font toute la différence. Et cela vous change la perception d’un concert…

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