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THRESHOLD : l’interview de son leader et guitariste Karl Groom

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Karl Groom, le leader de Threshold, nous a accordé une interview lors de son passage au Spirit of 66 le 6 novembre dernier. Pour des raisons de timing, cette interview a été effectuée à 2 heures du matin, après le show de Threshold et c’est un Karl Groom souriant et très sympathique qui s’y est prêté, malgré l’heure tardive. Eric Piettre: Threshold joue pour la seconde fois en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne cette année, malgré le fait que la plupart des membres de Threshold soient occupés dans d’autres projets. Pourquoi cette tournée et pourquoi est-elle intitulée « Essence of Progression 2009 » ?

Karl Groom: En fait, nous souhaitions intégrer dans la setlist des titres que Threshold joue plus rarement. Habituellement nous jouons des titres plus courts, mais l’idée s’est faite jour de proposer des morceaux plus longs, d’autant plus que Pete (Morton), maintenant tout à fait intégré dans le groupe, était tout à fait d’accord. Nous avons intitulé cette tournée « Essence of progression » parce que justement nous n’avions aucun album à promouvoir et que nous voulions proposer quelque chose d’autre. On voulait mettre l’accent sur l’évolution musicale du groupe au cours de ses 20 années d’existence durant laquelle Threshold a joué dans 20 pays à travers le monde. Après tout, Threshold est catalogué comme appartenant à la scène progressive metal. Comme notre compagnie de disque nous supporte pour cette tournée, nous avons pu choisir un ou deux groupes et le choix s’est porté sur Serenity parce que l’opportunité se présentait et que nos musiques sont compatibles, et que ça s’était déjà très bien passé lors de la tournée de 2007, dans une ambiance sympa.

EP: Damian Wilson a rejoint Threshold après le départ d’Andrew McDermott en 2007 et il était prévu comme étant un remplacement temporaire. Deux ans après, Damian est toujours là. Cela signifie-t-il que Damian Wilson soit à nouveau membre à part entière de Threshold ?

KG: Damian a accepté de nous dépanner en 2007 quand Andy a quitté le groupe 3 jours avant les répétitions et que nous avions une tournée qui démarrait avec des concerts en Slovénie et à Munich. Within temptation nous avait aussi demandé de jouer en support act pour eux et Damian nous a aidés en remplaçant dans l’urgence Andy Mc Dermott. Aujourd’hui, Damian est toujours là et notre relation de travail est meilleure qu’elle ne l’a jamais été, c’est un véritable plaisir, avec plus de professionnalisme. Je pense que nos shows n’ont jamais été aussi bons qu’aujourd’hui. Damian apporte une dimension rock’n roll dans le groupe. Mais c’est véritablement un travailleur, très professionnel, il peut discuter et boire toute la nuit et travailler sans problème le lendemain.


EP: Threshold vient de réaliser un box contenant les 8 singles version radio et des faces B assez rares, mais le dernier album original de Threshold date de 2007. Travaillez-vous actuellement sur un nouvel album ?

KG: Je suis pour le moment occupé avec quelques productions, mais nous pourrons attaquer un nouvel album l’année prochaine. Pete (Morten, l’autre guitariste de Threshold) est intéressé à participer à la composition des morceaux et Steve (Anderson, bassiste) aussi et c’est quelque chose d’intéressant. En fait, nous travaillons chacun chez soi, nous échangeons les CD et lorsque nous nous mettons à travailler ensemble et à répéter, une démo peut changer par rapport à ce qu’elle était au début, de par l’apport de chaque membre du groupe. Chaque morceau est en fait une collection d’idées différentes provenant de chacun d’entre nous.

EP: Il y actuellement pas mal de discussions relatives aux droits d’auteurs et au téléchargement gratuit sur internet. Quelle est votre position à ce sujet ?

KG: Honnêtement, je ne sais pas ce qui pourrait être fait. Certains musiciens disent que c’est de la promotion. Je n’ai pas de griefs particuliers par rapport à ce sujet, mais Richard (West, claviériste de Threshold) et moi travaillons comme musicien ou producteur et nous vivons de notre musique et nous aimons ça. Je ne veux pas me plaindre à qui que ce soit, et je n’en veux à personne, ce serait trop facile à faire. Ce problème ne touche pas les auteurs et artistes de la même façon, selon que ce sont des artistes de petite, moyenne ou de grande réputation. La même problématique se pose aussi pour l’industrie du film. La musique, on doit pouvoir en vivre, mais on ne peut pas passer beaucoup de temps là dessus. Il faudrait une solution à terme c’est clair, mais je n’en vois pas pour le moment de satisfaisante.

EP: La musique constitue-t-elle votre job à plein temps ou est-ce une activité parallèle ?

KG: Oui, je suis producteur et je passe beaucoup de mon temps dans ce job, à produire d’autres groupes. A côté, j’ai mes groupes et les tournées, les albums, mais c’est surtout comme producteur que j’occupe mon temps professionnel dans la musique. Shadowland m’a pris du temps 2 fois en 15 ans, ce qui n’est pas beaucoup.

EP: Quel genre de musique écoutez-vous? Quelles sont vos principales influences ? Allez-vous à des concerts ?

KG: J’écoute beaucoup dans la voiture et je contrôle le mixage des disques que je produis dans la voiture. Quand je pars en tournée, j’écoute beaucoup de groupes progressifs. Je ne vais pas aux concerts, non pas que je ne voudrais pas y aller, on est venu hier soir au Spirit voir Mike Sterne. Steve voulait les voir et nous avions l’opportunité de le faire et nous voulions absolument voir cela. Il y a beaucoup de concerts à Londres, mais faire le trajet jusqu’au centre de Londres est pratiquement impossible, en tout cas très difficile.

EP: Pensez-vous que les réseaux Internet musicaux et sociaux tels que My Space et Facebook sont aujourd’hui nécessaires dans la promotion de nouveaux albums et de tournées ?

KG: Je ne sais pas vraiment. Je n’ai pas Facebook ni de compte My Space. Je me pose la question de leur utilité. My Space est devenu si grand qu’il est difficile d’avoir une communication valable de l’un vers l’autre quand on a tellement d’amis. Je ne sais pas combien d’amis compte le My Space de Threshold, 500 ou 5000 (en fait 9341 après vérification). Il y a aussi Twitter qui arrive, mais je ne suis pas intéressé ni impliqué dans ce genre de réseaux.

EP: Comment expliquez-vous que les concerts de musique progressive pure ne soient pas aussi populaires que ceux du prog métal ? Quelle est votre opinion quant à ce sujet ?

KG: Nous n’avons jamais voulu jouer du métal comme Testament ou Metallica, John aime ce style Yes, Genesis, King Crimson, Pink Floyd. Progressif signifie pour moi la liberté d’expérimenter, jamais nous n’avons fixé des limites de 3 ou 5 minutes par exemple, nous nous laissons aller et le morceau progresse naturellement, sans se conformer à une structure ou un genre préalablement décidé. Je crois qu’il y a probablement plus d’excitation à participer à un concert de métal mais je crois qu’il y a un public pour la musique progressive, comme l’accueille la salle Boerderij aux (Pays-Bas) où il y a un public important pour la musique progressive qui y est populaire. (KG s’y produira d’ailleurs le lendemain du concert au Spirit ainsi qu’en février 2010 avec Shadowland). Et ce sont de grands musiciens qui jouent de la musique progressive.

EP: Quels sont vos hobbies à côté de la musique ?

KG: J’aime passer du temps avec ma compagne et ma fille, faire du vélo, mais en général on aime juste être ensemble. J’aime mon métier dans la musique, mais il faut de temps en temps en sortir et rendre l’esprit à nouveau clair, pour nourrir la créativité dont j’ai besoin dans mon job. Sinon, regarder la télévision et avoir une relation interactive avec mes amis occupent aussi mon temps libre. Et aussi boire quelques verres, mais pas trop !

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Photos © 2009 Eric Piettre

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