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ZITA SWOON fête son anniversaire et met les petits plats dans les grands

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Stef Kamil Carlens et les siens voulaient marquer l’événement. « 15 ans et + » à fêter, vu les protagonistes, il fallait bien s’attendre à quelque chose. Une date à Paris, une à Amsterdam et trois à Bruxelles (qui d’abord annoncées sold out depuis des lustres, ne l’étaient plus le matin même…). De quoi faire venir du monde à la fête. Et les « invités » n’ont pas été déçus. La richesse artistique de l’ensemble anversois et l’inventivité renouvelée de son chef de file ont donné un moment comme il en existe peu dans le paysage scénique de notre royaume. Assis au milieu d’une scène sans vie, SKC commence la soirée à la guitare acoustique solo par “The longing stay inside”, comme on lance une boutade. Même pas agacé par les portes de la salle qui grinçaient à l’arrivée des derniers spectateurs, il remit cela pour un deuxième morceau puis un troisième, le duo “Pretty girls” des sœurs Gysel venant le rejoindre. L’intimité de ce moment était plus qu’étonnante et d’emblée, le ton était donné : dans la liste des invités, l’ennui ne figurait pas

“Selfish girl” vit d’ailleurs le trio se gonfler de l’arrivée de la section rythmique bass-drums et du premier invité. John Parish, guitare électrique en bandoulière, n’était pas venu pour faire de la figuration. Le guitariste qui accompagnait, il y a peu, P.J. Harvey pu se mêler avec le front leader de Zita Swoon qui en profitait pour changer une nouvelle fois de guitare. Toute sa collection d’ailleurs y passa au gré des styles de musiques joués. Et il y en a des styles. En effet, la diversité musicale de Zita Swoon est à l’image des couleurs des vêtements de son chanteur. Il nous a gratifiés d’ailleurs, cette fois encore, d’un merveilleux ensemble coloré aussi improbable que magique.


Magie que ses choristes, toutes de noir vêtues, n’avaient pas suivie ce soir. Mme Eva en vaporeuse racoleuse, défigurait un peu trop son image. Mme Kapinga était plus réservée vu une grossesse de minimum 7 mois qui n’a rien détérioré de son groove. En résumé, pour l’un comme pour les deux autres, il y avait de quoi faire cauchemarder le premier designer textile venu !

John Parish reparti en coulisse, le set se poursuivit toujours en mode acoustique pour le morceau “Lonely place”. Première pause avec la présentation du band avant d’attaquer “Hey You whatshadoing” et de voir enfin entrer sur scène, le tout dernier venu du groupe, Hugo Boogaerts, saxophoniste-flûtiste de son état pour “Leave the town”.

“Intrigue” présenté comme un blues philosophique par Stef Kamil sera joué magistralement surtout dans l’attaque du final endiablé qui laissera pantois les spectateurs. A bien réfléchir, la philosophie de vie de l’anversois ne serait-elle pas simplement la fête ? Et l’Ancienne Belgique presque remplie se réjouit doucement d’en faire partie. La vie est belle ce soir, les sourires sont sur les visages, les têtes balancent au rythme des chansons. Calmement, le public écoute les histoires qui lui sont contées. Calmement mais pas trop, “Wake up for the trees”, excitant l’assemblée d’un funk au rythme assumé profondément par le sax baryton. Comme après un punch au rhum blanc un rien trop serré, l’ambiance est toute parfaite pour continuer la fête. “I feel alive in the city” avec cette fois un sax ténor s’enroulant dans les voix des deux choristes et puis un “Opaque Paradis” agrémenté d’un léger pointillé de flûte traversière, un rien à l’instar de la traversière qui porte une autre chanson sur Paris.


Les morceaux se suivent, on y “Range” sans pour autant oublier de danser. On y chante aussi, à deux voix ou à rien qu’une mais posée sur le saxophone pour un crescendo final comme peut l’être l’arrivée du gâteau au « 15 et + » bougies. Et sur les gâteaux d’anniversaire, il y a souvent des cerises ! La première est avec un noyau un peu rugueux, qui laisse comme un petit râle dans la gorge. Arno, harmonica sur la bouche ou rage dans la voix, reprend deux vieux blues. La sueur du chant de coton ou le bruit des pales des bateaux à aubes du Mississippi, envahissent la salle autant que les voix des deux compères encadrés par les sœurs.

La deuxième est à l’alcool, comme celle qui laisse une belle chaleur dans la bouche. Tom Barman gesticulant, sautillant, ne tenant pas en place comme un grand gamin pour deux reprises à nouveaux chantées les yeux dans les yeux de son ancien complice. “Great American Nude” d’un groupe au nominatif religieux de ce que l’on m’a raconté et “Temptation inside of your heart” plus underground oserai-je dire.


L’AB faisait la fête et les fêtés étaient les plus joyeux. Sans tension, libérés, offrant tout le meilleur d’eux-mêmes, ils étalent toute leur énergie et tout leur talent sur cette scène. Tour à tour sorcier blanc africain, directeur d’école de samba, contrebassiste déjanté, anges du chant choral, la musique est leur domaine et les notes leur appartiennent. Toujours plus Hot, parcourant la planète Disco, quand ce n’est pas la lune, marquant la différence, Zita Swoon exulte au final sur “Stamina”. Dantesque, sous un light show blanc, la musique-feu d’artifice ravit la salle plongée dans la joie et les sourires. Les gouttes de sueur tombent des fronts, les pieds sautillent pour ne pas être brûlés par la lave qui dégouline de la scène. Happy Birthday.

Le rappel fut composé de deux morceaux plus calmes. “Big City” et “Infinitive Down”, du dernier album “Big Blueville”, comme la lecture de la dernière page d’une histoire avant la marche en avant. Les dernières mesures chantées a cappella rendant bien au « au revoir » de ce soir, l’émotion de tout un public charmé.

Car cet anniversaire est comme un point d’orgue sur la route de Zita Swoon. Un double CD best of + inédits “To Play, To Dream, To Drift. An Anthology” devrait faire patienter les fans pour les mois, les années à venir qui seront rythmées par d’autres projets chers à Monsieur Carlens.

Un deuxième volet de “Dancing with the Sound Hobbyist” en collaboration avec la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker est d’ores et déjà prévu. Mais l’Afrique sera aussi le terrain de nouvelles aventures où d’autres collaborations sont espérées par Stef Kamil par exemple avec la chanteuse malienne Rokia Trairé.

Et puis il y aura du temps aussi à prendre pour Zita Swoon Orchestra, projet instrumental avec un groupe à configuration élargie, qui verra les compositions du guitariste s’éloigner des textes pour mieux laisser s’exprimer la musique !

« … il me faut un but précis, il me faut beaucoup de rêves, beaucoup de rêves pour y arriver … » (Intrige) nous dit SKC sur le pont du paquebot prêt à appareiller.
Bonne route à Zita Swoon et bonne chance pour ses nouvelles aventures.

Concert en vision intégrale sur
ABtv

Set list: Jubileum 15 – 10 décembre 2009

  • The longing stays inside
  • Blues for Sammy
  • Pretty girl
  • Selfish Girl (John Parish)
  • Jo’s wine song (JP)
  • Lonely place
  • Hey you, whatshodoing
  • Leave the town
  • Intrigue
  • Wake up for the trees
  • I feel alive in the city
  • L’opaque paradis
  • Hello Melinda
  • Je range
  • Maridadi
  • Love truth & confidence (Arno)
  • You got the Move (Arno)
  • Moondance
  • Hot Hotter Hottest
  • My bond with you & your planet : Disco
  • Great American Nude (Tom Barman)
  • Temptation inside of your heart (TB + JP)
  • Everything is not the same
  • Stamina
  • Big City
  • Infinite down

Les autres photos de
Zita Swoon

Photos © 2009 Bernard Hulet

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