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Les STEREOPHONICS retombent dans leurs travers

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Un album chaque année impaire depuis 1997. C’est la cadence infernale à laquelle nous ont habitués les Stereophonics. Faites le compte, l’an dernier, ils ont sorti leur septième livraison, “Keep Calm And Carry On”. L’occasion de repartir sur les routes et de faire leur traditionnelle escale ce 3 février à l’Ancienne Belgique. Sans grande surprise, ce concert affichait complet et on était curieux de voir si le regain de forme affiché lors des précédentes prestations scéniques (en mars 2008 dans la même salle et quelques mois plus tard au Pukkelpop) allait se confirmer. Mais avant de juger sur pièces, place à une première partie, The Silent Days. Un groupe on ne peut plus british (le style, l’attitude, l’accent) à la différence essentielle qu’ils sont français et assez implantés en Belgique. En effet, leur premier album, “I Am Nothing” est distribué par le label hutois Anorak Supersport.


Sur scène, ils sont déjà bien aguerris et leurs influences plutôt crasseuses du début des 90’s (Dinosaur Jr, Lemonheads) en un peu plus poppy sont étonnamment limpides grâce à un son réglé à la perfection (pour un groupe de support). Ajoutons-y la voix assurée et le jeu de guitare sans faille de leur leader Julien Bouchard et on arrive à une prestation qui, sans être révolutionnaire, aura convaincu. Cerise sur le gâteau, cette excellente cover du “Chapel Hill” de Sonic Youth, une autre de leurs influences majeures. A ce moment, on ne le savait pas encore, mais on avait intérêt à en avoir bien profité…

A l’écoute du dernier Stereophonics, on reste un peu sur notre faim. En effet, les deux bombes qu’avaient été
Language. Sex. Violence. Other
(2005) et
Pull The Pin
(2007) ont laissé la place à un album rempli de compositions pop gentilles et abordables, à l’instar de celles qui nous avaient détournés du groupe au début des années 2000. Restait à voir le traitement qu’ils allaient leur réserver sur scène.


Cela a plutôt bien commencé avec “Live ‘N’ Love” et “I Got Your Number”, dans des versions nerveuses à souhait, et une batterie réglée assez fort, au point de nous incommoder pendant quelques minutes. Juste après, “A Thousand Trees” va déchaîner une première fois les passions parmi le public. Kelly Jones arbore toujours sa gueule de star et ressemble ce soir à un modèle pour L’Oréal avec sa coiffure tendance (il a laissé tomber les lunettes de soleil pour cette fois). A ses côtés, le bassiste Richard Jones, qui est, avec Kelly, le dernier membre original. En effet, l’excellent batteur Javier Weyler est arrivé en 2003 et le guitariste Adam Zindani fait désormais partie intégrante du line-up. Pour être complets, signalons qu’un claviériste se retrouve également sur scène, à peine visible derrière un mur d’amplis.

Après un “Uppercut” convaincant, les choses allaient se gâter petit à petit, initiées par le pathétique “Have A Nice Day” et son énervant refrain. On pensait qu’il s’agissait juste d’une parenthèse vu que juste après le puissant “Superman” arrivera à nous donner des frissons tandis que “Brother” nous rappellera combien le groupe peut être efficace guitares en avant. Cela dit, le concert n’avait débuté que depuis moins d’une demi-heure et déjà le meilleur était derrière nous.

En effet, la suite allait se révéler particulièrement ennuyante… “Innocent” est le “Have A Nice Day” du nouvel album, en un rien moins gnan gnan. Mais le pire seront les extraits du pauvre album de 2003 (
You Gotta Go There To Come Back
, particulièrement mis à l’honneur ce soir). Si l’on excepte “Maybe Tomorrow” dans une version dépouillée, autant “You Stole My Money Honey” que “Help Me (She’s Out Of Her Mind”) et “Madame Helga”, basés sur la même structure, vont profondément nous ennuyer. Cette voix rocailleuse à la Rod Stewart particulièrement pénible sur ces titres et surtout les interminables solos de guitare d’Adam Zindani ne font qu’ajouter de l’huile sur un ennui de feu déjà profond.


Le nouveau single “Could You Be The One?” ne va pas relever le niveau malgré une participation active du public. Mais le mal était fait et il était trop tard pour tenter de retourner la situation, à tel point que même les hymnes des deux premiers albums vont paraître bien pâles. Comme si “Pick A Part That’s New” ou “Local Boy In The Photograph” avaient été interprétés sans conviction.

Les deux titres en rappel n’allaient pas non plus avoir l’effet escompté sur nos oreilles visiblement déjà à Forest National pour notre prochaine échéance (Ghinzu). Pourtant, il est un temps où “The Bartender And The Thief” nous aurait envoyé pogoter devant la scène. Mais il n’en a rien été. Quant à “Dakota”, malgré son riff efficace, il lui manquait également quelque chose…

Bref, une soirée bien triste qui nous aura appris deux choses. La première, c’est que le retour en grâce du groupe n’était qu’un feu de paille. La seconde, c’est que Stereophonics est devenu, à l’instar de Starsailor, un groupe pour nanas. En effet, le rapide sondage à la sortie n’en aura trouvé aucune déçue. Le physique du chanteur n’y est sans doute pas étranger…

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Stereophonics
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The Silent Days

Photos © 2010 Olivier Bourgi

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