La testostérone de GIRLS

Le 7 octobre 2009, on avait chroniqué le concert de Florence & The Machine à l’Orangerie du Botanique. Le même soir, à quelques mètres de là, dans la Rotonde, se produisait un groupe dont le premier album venait juste de sortir. Ce groupe, c’était Girls et cinq mois plus tard, c’est à leur tour de jouer à l’Orangerie… Mais avant de se faire une opinion, place à une première partie originaire de la région hutoise. Non, pour une fois, il ne s’agissait pas de Showstar mais bien des nouveaux chouchous de la bande FM à vocation pop rock, The Mash. Vu qu’ils avaient joué au M’anu’factur Rock Festival de Hannut voici trois semaines, on ne devait pas s’attendre à une révolution ni dans leur style ni dans leur set. Et de fait, c’est à une prestation relativement semblable à laquelle nous avons assisté, alors que le public se pressait gentiment dans la salle.

Gentil, c’est aussi le terme qui correspond le mieux actuellement au trio membre du collectif liégeois Startin’ Pop, malgré une attitude arrogante et blasée. Cela dit, si l’on gratte un peu derrière leurs amplis, on se rend compte qu’il leur reste beaucoup de chemin à parcourir. Mis à part le chanteur guitariste Maxime Wathieu (le fils de Marc Morgan, soit dit en passant) qui maîtrise bien son instrument et dont la voix tient la route, le jeu scolaire du batteur droit comme un “i” laisse à désirer mais c’est surtout le bassiste et ses attitudes aussi ridicules que ses interventions entre les morceaux qui font tache. Et honnêtement, quel plaisir a-t-il de monter sur scène avec une chemise blanche et une cravate noire alors qu’il sait pertinemment bien qu’il va la retirer trois chansons plus tard… D’un point de vue musical, plein d’influences, certes mais pas encore de style propre. On passe superficiellement des Libertines à Green Day ou des Strokes aux Wombats sans prendre le temps de se poser. Quand on vous dit qu’il reste du travail…

A l’inverse, Girls, le duo californien composé du chanteur guitariste chevelu Christopher Owens et du bassiste producteur Chet JR White, est au point et a sorti l’an dernier un excellent premier album (“
Album“), salué par la critique. Sur scène, ils se font accompagner d’un guitariste tout aussi chevelu (on dirait Dave Grohl vers 1995), d’un claviériste (nouvel arrivé dans le line-up en live) et d’un batteur à moitié chauve qui finira en singlet (et qui adore jongler avec ses baguettes).


Après un début difficile dû à des soucis techniques obligeant le tour manager à intervenir longuement après le premier titre afin de réparer un ampli récalcitrant (le temps semblait long malgré une tentative d’improvisation du groupe…), le concert allait enfin démarrer pour de bon avec “Laura”, une des meilleures plages de l’album, qui démontre l’aptitude du leader à composer des titres légers et enchanteurs pour l’oreille. Le plus calme “Ghost Mouth” nous permettra d’apprécier à sa juste valeur une voix qui flirte parfois avec l’intonation de Jarvis Cocker (“Headache” en est un autre exemple) ou, dans une moindre mesure, de Brett Anderson aux débuts de Suede (“Substance”).

En tout cas, ce qui nous surprendra le plus ce soir sera cette étonnante aptitude de passer de titres calmes et rêveurs (“Solitude” et son arpège à la “Everybody Hurts”, l’ambitieux “Hellhole Ratrace”) à des compositions limite country (“Lysandre”, et surtout “Darling” avec harmonica et sons d’orgue) pour arriver à des parties puissantes guitares en avant (l’excellent “Morning Light”, pépite shoegazing entamée furieusement après une lampée de JB à la bouteille).


C’est avec l’efficace “Lust For Life” (pas la reprise d’Iggy Pop, mais un single impeccable) qu’ils vont quitter la scène avant de bien vite revenir pour un rappel qui se clôturera avec le très atypique “Big Bad Mean Mother Fucker”, genre de psyché rockabilly sur l’album transformé en mur du son lancinant sur scène. Un très bon final pour un concert qui aura démontré les facultés du groupe de ratisser large sans se perdre pour autant. Un gage évident de qualité…

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Photos © 2010 Bernard Hulet