Kate NASH à mi-temps au Bota
On a beau se trouver dans la dernière ligne droite menant vers la saison des festivals, il n’en reste pas moins quelques plans concerts intéressants à se mettre sous la dent. Comme par exemple Kate Nash, qui se produisait ce mardi 8 juin dans une Orangerie du Botanique pleine à craquer. Une salle qu’elle avait déjà remplie en novembre 2007… Mais cette fois-ci, elle avait emmené avec elle un avant-programme, Sister Lovers, jeune trio irlandais plein d’énergie dont les influences sont à aller chercher principalement du côté de Sonic Youth. Les guitares en avant, la pèche, le mur du son, tout y est, sauf la voix un peu nasillarde qui fait penser à Bob Geldof. D’ailleurs, certains titres vers le milieu du set faisaient très Boomtown Rats indie.
Mais c’est surtout le final qui fera la différence et qui nous confirmera le potentiel réel d’un groupe qui ne demande qu’à exploser, avec une longue composition que n’aurait certainement pas renié le U2 de la grande époque (genre de mix réussi entre « Where The Streets Have No Name » et « With Or Without You »). Accordons également une mention particulière à l’excellent batteur qui rythme le mouvement tout en alliant puissance et dextérité. Ces p’tits jeunes risquent d’aller loin…
Kate Nash, quant à elle, a sorti au printemps « My Best Friend Is You », un deuxième album qui a le défaut de sentir quelque peu le réchauffé. En effet, la fraîcheur et la candeur de « Made Of Bricks » ont laissé la place à une pop par moments mielleuse et inégale (par exemple les deux premiers titres joués ce soir au piano, « Paris » et « Do-Wah-Doo »). Physiquement, elle n’a pas non plus évolué dans le bon sens. On restera gentil en affirmant qu’elle ne s’est pas arrangée ce soir (le maquillage à outrance ne lui va absolument pas)… Et où est donc passé ce petit air espiègle qui la rendait si craquante à l’époque?
« Mouthwash », un des rares extraits du premier album, va faire monter l’ambiance d’un cran, mais celle-ci redescendra aussitôt, malgré le fait que Kate ait entre-temps troqué son piano contre une guitare. En réalité, durant une quarantaine de minutes, le show va se révéler trop linéaire et sans grand intérêt. Outre une voix criarde qui tape limite sur le système, on a l’impression que les titres sont basés sur la même structure et qu’ils sont interprétés sans grande conviction (on se demande toujours la pertinence de « Take Me To A Higher Plane » ou de « Don’t You Want To Share The Guilt? »). Même ses musiciens ne sont pour le moment pas dans le coup, à commencer par un guitariste / bassiste chevelu qui jouait la plupart du temps dos au public et qui devait sans doute se dire qu’il aurait préféré se trouver à l’AB pour le concert de Megadeth…
Heureusement, comme par enchantement, tout allait rentrer dans l’ordre ou, en tout cas, prendre une tournure bien plus intéressante, grâce à « Merry Happy » et surtout son hit « Foundations » qui allaient remettre à la fois le public et les musiciens sur le bon chemin (et pas nécessairement celui que l’on attendait). Après un excellent « Later On » (sans doute la meilleure plage de « My Best Friend Is You »), elle va surprendre l’assemblée avec « Mansion Song », un titre relativement banal sur disque mais qui prend une direction à la fois froide, flippante et psychédélique sur scène. Il aura le mérite d’inspirer le fameux guitariste qui va prendre son pied en décochant des riffs de guitares limite shoegazing, le tout judicieusement emballé avec des projections stroboscopiques du plus bel effet. Tout aussi atypique, le nerveux « I Just Love You More » va clôturer le set en laissant plus d’un membre du public pantois.
Le rappel sera assez court (mais efficace) avec une Kate Nash devenue hystérique qui finira par massacrer son piano au terme d’une version complètement réarrangée de « Pumpkin Soup ». A peu de choses près, elle passait à côté de son sujet ce soir. Mais un retour en forme providentiel lui a malgré tout permis de convaincre l’auditoire en l’espace d’une demi-heure. Cela dit, un petit goût de trop peu nous reste dans les oreilles…