BAND OF SKULLS franchit un palier
Dernier concert de notre saison ce mercredi 9 juin au Botanique avec Band Of Skulls qui, sans faire énormément de bruit (autre part que sur scène en tout cas), se hisse lentement mais sûrement parmi les groupes qui risquent de laisser une trace en 2010.
C’est à Romano Nervoso, un quatuor originaire de La Louvière qu’avait été laissé le soin d’allumer la salle. Ce groupe emmené par un charismatique chanteur massif et barbu aux yeux cernés de paillettes bleutées est loin de se prendre au sérieux. En revanche, la manière dont ils manient leurs instruments ne laisse aucune place à l’improvisation. Ces types savent comment emballer le public avec un rock garage inspiré des Queens Of The Stone Age en plus extrême et en moins psychopathe.
En effet, ils en ont mis plein les oreilles d’un public visiblement tombé sous le charme. D’autant plus qu’ils manient un humour qui fait mouche à tous les coups, entre boutade (le chanteur présentera ses musiciens en tant que 50 Cent ou Dr Dre, par exemple) et autodérision: ils ont des origines italiennes et ne se privent pas pour les mettre en avant, ne fut-ce qu’en chantant certains titres en italien (le délirant “Mangia Spaghetti”) ou en mentionnant Elio Di Rupo, Enzo Scifo ou Rocco Sifredi lors de leurs interventions. Sans compter qu’ils sont particulièrement fiers de leur ville (ils ont sur scène un panneau de signalisation indiquant la direction à suivre vers la cité des loups). Au final, une quarantaine de minutes pleines d’énergie et de rock bien ficelé. On en redemande.
Band Of Skulls apparaît de plus en plus comme une curiosité. Il s’agit d’un des rares groupes anglais (ils sont originaires de Southampton) à avoir plus de succès aux Etats-Unis que dans leur pays d’origine. Cela est peut-être dû au fait qu’une de leurs compositions (“Friends”) s’est retrouvée sur la B.O. du film “Twilight: New Moon” en 2009. Pourtant, le succès a mis du temps à venir vu que leur premier album, “Baby Darling Doll Face Honey“, est sorti voici déjà plus d’un an…
Depuis, ils n’en finissent pas de surprendre et les rangs de leurs fans grossissent sans cesse. Ils ont joué au Witloof Bar du Botanique en janvier dernier et ont presque rempli la Rotonde ce soir. Il faut dire que leur blues rock a de sérieux atouts à faire valoir, surtout que les trois membres du groupe sont loin d’être des manchots, à défaut de se la jouer rock stars. Le chanteur guitariste Russell Mardsen (et sa coiffure décolorée à la Kurt Cobain), la bassiste (et voix féminine) Emma Richardson (plus dans la lignée de Kim Deal que de Charlotte Cooper des Subways, si vous voyez ce que je veux dire…) ainsi que l’incroyable batteur Matt Hayward affichent une complémentarité sans faille qui les pousse vers l’avant, un peu comme si les White Stripes avaient trois Jack White dans leurs rangs.
Entamé relativement calmement avec le très bluesy “Light Of The Morning”, leur set ne va pas tarder à exploser grâce à un “Death By Diamonds And Pearls” excellemment bien ficelé et au précité “Friends”. C’est alors que la voix d’Emma Richardson (qui a également peint la pochette de l’album) va entrer en action, en toutefois légèrement moins suave que sur l’album (“Patterns”). Traversée de moments lumineux (le très Franz Ferdinand “I Know What I Am”, un “Blood” digne de Led Zeppelin), leur prestation va aussi mettre en avant certains titres légèrement plus tirés par les cheveux, qui finiront par lasser, à l’instar de “Cold Fame” et plus bizarrement “Impossible”, dont la version beaucoup trop allongée sera gâchée par leur volonté d’un peu trop faire l’étalage de leur dextérité.
Heureusement, ils vont revenir pour un titre qui va mettre tout le monde d’accord. “Hollywood Bowl” (déjà incroyable sur disque) va en effet claquer dans les oreilles telle une évidence, surtout que les voix de Russell et d’Emma se conjuguent à la perfection, alors que les effets de guitares seront particulièrement réussis. Une prestation convaincante qui en appelle d’autres. Rendez-vous d’ici quelques mois dans une Orangerie remplie à ras bord ?