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Dour Festival 2010 (jour 3) : un léger goût de trop peu…

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Après deux premiers jours d’une intensité rare, la troisième étape de notre festival de Dour 2010 se profilait un peu plus calme, avec moins de noms ronflants à l’affiche mais surtout l’occasion de partir à l’affût de l’une ou l’autre découverte… En tout cas, le premier groupe qui a croisé notre route était en train de mettre le carnage sous le Dance Hall (tiens, c’était le seul endroit que l’on n’avait pas encore visité depuis le début du festival). Il s’agissait du duo français (batterie-guitare) The Inspector Cluzo, des allumés dont le succès international (ils ont des dates de concerts à travers le monde) est aussi surprenant qu’inattendu. En effet, leur rock agressif n’est pas à mettre entre toutes les oreilles. Pas plus que le vocabulaire du chanteur qui invite les premiers rangs à monter sur scène pour le dernier titre avant de les menacer de manière peu élégante si jamais il leur arrivait, pas malheur, de marcher sur le câble du micro. Alors que lui ne va pas se gêner pour détruire complètement la batterie. Vous avez dit paradoxe ?

La journée s’annonçait particulièrement musclée à en croire l’affiche puisque sous la Magic Tent jouait déjà My City Burning, digne représentant de la scène hardcore. Cela hurle, cela joue d’une manière démonstrative, cela balance des riffs énervés et cela explose de plaisir les oreilles des amateurs du genre. Sans compter que c’est le type de groupe assez amusant à photographier…

Cela dit, c’est plutôt sous le Dance Hall que la suite s’apprêtait à devenir intéressante, avec les Vismets qui ont enfin sorti leur premier album (“Gürü Voodoo”) alors que cela faisait quand même deux bonnes années qu’ils arpentaient les scènes en peaufinant leur son. Un son mi rock mi électro à l’attitude arrogante qui doit beaucoup à Ghinzu (dont ils ont d’ailleurs assuré la première partie à Forest National en février dernier). Les compositions sont toutefois d’une efficacité redoutable (“We Are Professionals”, “Normal Life”, “Dilemma”) et l’interprétation qu’ils en donnent sur scène incite presqu’à l’émeute tant la puissance sonore dégagée par les amplis frise l’entendement. Pointons encore leur traditionnelle cover du “Arnold Layne” de Pink Floyd (façon Vismets) et leur single “Wasted Party” (qui doit beaucoup au “Thunderstruck” d’AC/DC). Leur point faible reste la communication avec le public au moyen d’interventions sans grand intérêt. Parfois, il vaut mieux laisser parler ses instruments… Néanmoins, et comme d’habitude, on a passé un bon moment avec eux et on ira de nouveau en prendre plein les oreilles le 29 octobre prochain à l’AB.


On les a malgré tout abandonnés un peu plus tôt afin d’aller jeter un œil sur la fin du set de The Mahones, un groupe de punk au son très irlandais, bien qu’ils soient Canadiens… Influencé par les Ramones (dont le bassiste porte d’ailleurs un t-shirt) et par les Pogues (la voix du chanteur est similaire à celle de Shane MacGowan), leur son sent bon la Guinness et le whisky vieilli en fûts de chêne, surtout que la particulièrement souriante et sexy accordéoniste achève de nous convaincre d’aller fêter la Saint Patrick le 17 mars prochain.

La suite, c’était du lourd… Au propre comme au figuré puisque Damian Abraham, le chanteur de Fucked Up, doit bien peser un petit 150 Kgs. A l’instar de Gwar le jour précédent, la musique du groupe (genre de punk rock emmené par trois guitares et une agréable seconde voix, presque mélodieuse) passe au second plan. En effet, c’est lui qui fait le spectacle. Il ne va passer que trois secondes vêtu d’un t-shirt et à peine trois minutes sur scène (le temps de vider une canette de bière et de se l’écraser sur le front) avant de passer le reste de sa prestation dans le public (en demandant de temps à autre aux pauvres musiciens invisibles restés sur scène la suite de la set-list ou le temps qu’il lui restait à jouer). Entre-temps, ce gros nounours poilu (et en sueur) ne va pas rester une seconde en place, s’enroulant autour du fil de son micro, s’écrasant deux gobelets sur le crâne (avec l’effet ventouse, on aurait dit une libellule), grimpant sur les barrières, serrant les gens dans ses bras quand il ne les transportait pas d’un bout à l’autre de la tente sur le dos tel un vulgaire sac de pommes de terre. Le tout sans paraître le moins essoufflé du monde et en maintenant un flow continu. Le genre de prestation relativement pauvre d’un point de vue musical mais qui a le mérite de ne connaître aucun moment faible…


Un petit break s’avérait ensuite indispensable afin de se préparer pour le groupe suivant, Chokebore, qui jouait dans La Petite Maison Dans La Prairie. Le groupe californien emmené par Troy Von Balthazar s’est séparé au milieu des années 2000 et s’est récemment reformé pour une tournée européenne (qui est passé notamment par le Bota en février dernier) destinée à leur permettre de retrouver leurs sensations. En tout cas, on peut dire qu’ils jouent avec une symbiose qui en dit long sur l’avenir immédiat du groupe. Après le second effort solo de son leader, il y a de grandes chances qu’ils se retrouvent tous les quatre en studio pour donner une suite à “It’s A Miracle”, leur dernier album de 2002. En tout cas, leur rock indépendant qui fait autant penser aux Pixies (la basse) qu’à Pearl Jam nous a encore bien fait vibrer.

On voulait aussi profiter d’une partie de la prestation de Mass Hysteria, les métalleux français qui dégagent toujours une énergie communicative sur scène et qui tournent “Failles”, leur dernier album en date, depuis presqu’un an. Généreux comme à leur bonne habitude, ils ont ravi leurs fans présents en masse sur la plaine de la machine à feu, ponctuant leur set avec leur classique “Furia”, qui a provoqué quelques pogos monstrueux.


La suite du programme nous renvoyait vers La Petite Maison Dans La Prairie avec un autre groupe canadien (décidément la nationalité à l’honneur cette année), Black Mountain. Tout comme les Black Keys qu’on a vu à Werchter début de l’été, voire même de Black Lips, leur rock se veut résolument rétro et leurs influences se cantonnent au rock psyché et crasseux de la fin des années 60 et du début des années 70, avec des incursions dans le folk de l’époque et à des doses trop élevées de LSD (on pense à Led Zeppelin, à Deep Purple ou encore à Jimi Hendrix). Ils n’inventent rien, certes, mais, comme leurs disciples mentionnés plus haut, ils le font particulièrement bien. Un nouvel album, “Wilderness Heart”, arrive à la rentrée et plaira aux amateurs du genre. Décidément, ce samedi verra pas mal de styles représentés mais finalement assez peu de place aux festivaliers curieux si ceux-ci n’avaient pas un minimum d’ouverture d’esprit (la preuve aussi avec une programmation presqu’exclusivement reggae sur la Red Frequency).

Petit détour par le Dance Hall où la nouvelle sensation ado de l’Hexagone, Pony Pony Run Run, venait à la rencontre des festivaliers de Dour. Genre de mélange entre Phoenix un peu plus électro et BB Brunes en moins poppy, ils ont toutefois évité l’hostilité qui avait accompagné ces derniers en 2008. Cela dit, c’est un public très jeune qui s’était massé devant la scène et qui s’est déhanché au son des compositions somme toute assez pop gentillettes du groupe. Sans compter l’attitude un peu blasée du chanteur. Nous, on n’a pas été convaincu…


En revanche, les gantois de Das Pop qui leur succédaient au même endroit, ont bien plus de charisme et de simplicité à offrir aux spectateurs. Des tubes aussi, puisque “Can’t Get Enough”, “You” (dans une version un peu faiblarde toutefois) ou “Fool For Love” vont mettre le feu. Il vaut dire que l’enthousiasme du leader Ben Van Looy s’avère particulièrement communicatif. Et le décor représentant des palmiers en plastic et six ballons gonflés à l’hélium (un pour chaque lettre du nom du groupe) ne fait qu’accentuer le côté un peu kitsch de leur musique. Mais cela fonctionne, si ce n’est, comme la semaine dernière à Zottegem, un son relativement pourri qui nous empêchera de jouir du spectacle à sa juste valeur. On a donc, à un moment donné, été voir ce qu’il se passait sous la Magic Tent toute proche, mais The Very Best est loin d’avoir choisi un nom représentatif. Leur mélange de rap, de dance et de rythmes africains ne nous a pas donné envie d’approfondir l’expérience au-delà d’un titre.

C’est après un détour par Le Bar Dans Les Bois, un débit de boissons relativement caché qui est réservé à la presse à partir de 22 heures, que notre samedi s’est terminé, sous les arbres et autour d’un verre servi dans un gobelet recyclable, au son de rythmes reggae diffusés par le Raggaravane Sound System. Mais malgré tout, la programmation de cette troisième journée nous a quand même paru particulièrement faible… Cela devrait aller mieux demain pour le final !


Jour 1


Jour 2


Jour 4

Les autres photos de

The Inspector Cluzo
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My City Burning


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The Mahones
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Fucked Up


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Pony Pony Run Run
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Das Pop

Photos © 2010 Olivier Bourgi

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