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Roger HODGSON, « the voice of his heart »

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Souriant, aimable, affectueux envers son public, Roger Hodgson était armé de toutes ses qualités pour se présenter sur la grande scène du Brussels Summer Festival ce samedi 14 août. En fin de soirée presque idéale du samedi soir, il était en tête d’affiche bien qu’un époustouflant Charlie Winston l’ait précédé et même un peu volé la vedette. Avec des moyens de show plus réduits que ce qu’il avait présenté à Forest National (voir
notre article
), l’anglais au petit chapeau a mouillé sa chemise et son gilet pour ravir toutes les tranches d’âge du public présent avec un concert-performance qui finit par se terminer avec plusieurs minutes de retard sur l’horaire.

Un concert de Roger Hodgson, c’est un peu comme un barbecue. Il y en a un qui est content de cuire les brochettes et plein d’autres qui sont contents de les manger. Ici, de même, il y en avait un qui était content de faire de la musique et plein d’autres qui étaient contents de l’écouter.

Content de faire SA musique, toute sa musique car la set list parcourrait toutes les époques de la créativité de l’artiste, et même plus particulièrement les anciennes que les nouvelles. Faut dire que l’« histoire » n’est plus inconnue que de celui qui ne veut pas s’informer. Supertramp, Rick Davies, la séparation, un couteau dans le dos, les réunifications ratées, la tournée des 40 ans du groupe, etc. Il y a pléthore d’articles et d’interview pour relater les différents qui lient maintenant les deux protagonistes-auteurs des chansons d’un des plus grands groupes rock progressif des années 70-80. Honnêteté, marketing ? En tout cas, Roger, le dissident de la deuxième heure, paraît, à l’abord de la quatrième heure comme le gentil de l’histoire.

Humblement, le problème d’identité n’est pas vraiment mis sur le tapis pendant le concert mais, des bandeaux grand format au nom de l’artiste sont quand même disposés avec soin en pied et en fond d’une scène décorée uniquement de quelques arbres. L’artiste se contentant lui d’un petit aparté en fin de prestation : « Je ne suis plus Supertramp mais vous êtes là quand même et je vous remercie ». Tout est d’ailleurs là. Dans ce mot : « Je vous remercie ». Le bonheur sur scène, d’être là, d’être reconnu pour sa musique et juste pour son nom déforme le visage du musicien d’un sourire qu’il soit assis derrière son piano ou avec sa guitare acoustique 12 cordes.


Un autre perpétuel souriant, c’est Aaron Mac Donald ! Aux saxos, mélodica, harmonica et claviers, il est le compagnon idéal. Afféré à tout ce qui est vent, le Canadien remplace majestueusement un saxophoniste bien connu pour ses 3 initiales et qui fréquentait les planches avec le chanteur à la première époque.

Et tout ce bonheur est contagieux. Parlant « un français charmant » dixit lui-même et puis s’excusant de ne pas continuer pour gagner du temps, Hodgson présente les chansons à ses amis présents :

Avec sincérité en abordant une perpétuelle recherche existentielle sur sa vie pouvant se résumer dans « Logical song ».

Avec profondeur pour « Lord is it Mine » rempli de saxo soprano mélancolique : « je n’ai pas de chanson préférée, la question m’a été souvent posée et il ne m’est pas possible de répondre mais celle-ci est spéciale quand même pour moi ».

Avec humour : « It’s raining again ! mais ce n’est pas celle-là » alors que la pluie commence sur les premières mesures de « Child of vision ».

Avec humour et magie. Le public séduit d’avance, étrangement mélangé pour ce qui est des catégories d’âge, prenait son plaisir. D’ailleurs contrairement à un barbecue, où quand la pluie arrive tout le monde s’enfuit, ici, la magie de l’instant transparait et tout le monde reste. Pire ! Les pavés mouillés seront le lieux de quelques pas de danse.


« Chantez avec moi ! » Et il ne faut pas le demander deux fois car il est 23h21 mais tous, tout à coup, se mettent à rêver d’un « petit déjeuner en Amérique ».

Et ce n’est pas le seul voyage offert par les deux musiciens. Rien que deux pour une grande scène ! Deux, un peu peu, et surtout parfois mal mis en valeur par l’éclairage, mais réussissant malgré tout à remplir l’espace sonore par des versions sans fioriture. Duo parfaitement complémentaire sur des morceaux plus intimiste comme « Sister Moonshine », « Hide in your shell » ou encore le sublime « Along came mary ». La technique intervenant un peu pour les autres, ceux des grandes envolées comme « Give a little bit », « Don’t leave me now » ou « Dreamer », mais sans exagération.

Mention pour « School », où le piano sonnait un rien désaccordé comme celui de Madame Berthe, quand elle accompagnait les filles de 3e lors de la fancy-fair du mois de mai. Re-mention pour la pièce maîtresse incontournable qu’est « Fool’s overture ». Chœurs enregistrés pour le deuxième intermède et sonorité des synthés multipliées pour le déchaînement final. Puissance sonore s’incrustant dans les cœurs d’un public ravi. LE public de Roger Hodgson éternellement accroché à ce timbre de voix si exceptionnellement touchant.

Touchant aussi le retour sur les planches avec cette petite fille offrant à l’anglais un tournesol. Après le «School» déjà nommé, l’habituel morceau de fin qui ne pouvait mieux tomber, vu l’eau qui tombait du ciel. « It’s raining again » aimé de tous -sauf de moi-, mettra une dernière fois la joie dans la foule. Mains à gauche, mains à droite. Sourires sur les visages. Paroles sur les lèvres. It’s happy again !

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Photos © 2010 Simon Degossely

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