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YEASAYER en live, nous on dit plutôt non…

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Fin de mois d’octobre assez chargée d’un point de vue concerts puisqu’après les Charlatans et les Magic Numbers, les Américains de Yeasayer constituaient notre troisième étape de la semaine en autant de jours. Sauf que ce jeudi 28 octobre, cela se passait dans la grande salle de l’Ancienne Belgique qui affichait complet depuis plusieurs semaines.

Le groupe originaire de Brooklyn (New York) était passé cet été par le festival de Werchter et nous avait tellement déçus que l’on avait préféré jeter un œil à Jónsi en lieu et place au Pukkelpop quelques semaines plus tard. Maintenant, il est vrai que la perception d’un concert en milieu d’après-midi alors que le thermomètre flirte avec les quarante degrés n’est peut-être pas la plus représentative. Et comme vous savez qu’à Music in Belgium, on ne se contente pas d’une seule impression, on leur a quand même laissé une seconde chance…

Ils avaient emmené avec eux des voisins qui répondent au tendre nom de Suckers. Il s’agit d’un quatuor dont la caractéristique réside en un télescopage d’idées qui donne une impression de bordel sonore (chaque musicien dispose d’un sequencer ou d’un clavier en complément à son instrument). Bref, on pense tour à tour à du Midlake expérimental (imaginez de la country électro), du Mystery Jets un peu moins pop (la voix du guitariste), du Calexico futuriste (la trompette) ou du Beirut speedé. De prime abord un peu compliqué à digérer, mais après quelques titres, on commence à s’immiscer dans leur univers particulier mais qui devient au final très consistant, voire même excellent par moments.

Yeasayer a sorti en tout début d’année son deuxième album (Odd Blood), qui succédait au très bien accueilli (d’un point de vue critique en tout cas) “All Hour Cymbals” paru en 2007. Un album un rien plus accessible même si les sons bizarres et les influences électro psychédéliques restent incontournables. Pourtant, le premier titre chanté ce soir, “Madder Red”, adopte une structure pop accessible à tout un chacun. Ce n’est pas un single pour rien et l’ambiance déjà chaude va exploser instantanément. “Rome” va par contre nous faire plonger à pieds joints dans leur monde improbable.

Cela dit, autant les détours empruntés par le groupe sur disque se révèlent lumineux, autant sur scène, ceux-ci passent inaperçus, ce qui enlève un charme certain à des compositions parfois hardies (“Wait For The Wintertime”, “Sunrise”). Mais ce qui cloche le plus, c’est ce flagrant manque d’âme et de chaleur pourtant indispensables à la réussite d’une prestation en public. Et puis, quel intérêt de dresser un immense écran à l’arrière de la scène si ce n’est pour ne s’en servir qu’à de rares occasions (et encore, pour y diffuser des images figées…). Au moins, MGMT (à l’approche avant-gardiste assez similaire) utilise ce moyen pour aider les spectateurs à rentrer dans leur trip).

Tout ceci ne doit pas occulter les bonnes idées (le très Animal Collective “Mondegreen”) ni les hits qui vont réveiller l’assemblée en toute fin de set, comme les excellents “O.N.E.” et “Ambling Alp”. Surtout qu’il faut admettre que les voix de Chris Keating et d’Anand Wilder se percutent avec beaucoup de bonheur (avec une préférence pour le second nommé qui en plus doit faire craquer plus d’une représentante de la gent féminine).

Le groupe reviendra pour deux titres en rappel qui ne vont absolument rien apporter. Un flippant “The Children” et sa voix trafiquée importée de La Planète Des Singes tout d’abord, un brouillon “2080” ensuite. En un peu plus d’une heure, Yeasayer a confirmé les craintes qui nous avaient éloignés de la Pyramid Marquee en juillet dernier. En d’autres termes, leur travail en studio parvient à masquer certains points faibles que les prestations live mettent en exergue. D’où une légitime déception…

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