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FEEDER hausse le ton

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Voici plusieurs mois maintenant que le Trix propose des affiches intéressantes, denses et variées sur base plus que régulière. Un dynamique renouveau qui lui vaut de figurer désormais parmi les salles de concerts les plus prisées du pays. Un coup d’œil rapide à l’agenda des prochaines semaines nous confirme cette impression : Greg Dulli, The Walkmen, Les Savy Fav, Deftones parmi une kyrielle d’autres. Ce mercredi 3 novembre, c’était Feeder qui était de passage à Borgerhout. Mais avant, on a eu le plaisir de découvrir un groupe du sud du pays plein d’avenir, Stereo Grand. Ceux-ci n’ont toutefois appris la nouvelle que la veille en début d’après-midi. Une excellente surprise pour ce quintette belgo-écossais qui avait également supporté Hurts au Botanique quelques jours auparavant et qui a récemment publié un premier EP très réussi, “I’m Coming Home”.

Sans complexe, ils vont proposer un éventail de leur talent naissant. Précisons quand même que ce ne sont pas des débutants puisque les racines lointaines du groupe remontent à 2003 lorsque le chanteur Jean-Philippe Risse rencontre le guitariste Rodger Hughes en Ecosse (ce dernier sera d’ailleurs bloqué à Glasgow et absent ce soir). Musicalement, on pense d’emblée à du Zita Swoon en plus rock (la voix de Jean-Philippe rappelle étrangement celle de Stef Camil Carlens) avec une pointe de dEUS, tout en privilégiant un côté pop (mais pas trop) qui devrait leur permettre d’atteindre un large public.

On passera toutefois sur l’attitude un peu suffisante du chanteur (les énormes lunettes de soleil sont-elles nécessaires ?) qui, en plus, se dandine à la manière de Tim Burgess des Charlatans jusqu’à ce qu’il attrape une guitare pour la seconde partie du set. “Yeah Yeah” et “I’m Coming Home” vont convaincre, tout comme leur cover de The Knife (“Heartbeats”) dans une version rock bien ficelée. On devrait logiquement entendre abondamment parler d’eux dans un avenir proche.

En Belgique, cela fait longtemps qu’un album de Feeder ne constitue plus un événement. Et le dernier en date, “Renegades”, ne déroge pas à la règle. Pourtant, il renoue avec le rock nerveux qui les avait révélés à la fin des années 90, avant de progressivement se muter en une sorte d’emo-rock presqu’inoffensif (les albums “Comfort In Sound” et Pushing The Senses) aux vertus commerciales non négligeables.

Et c’est avec un de ces nouveaux titres nerveux à souhait, “Barking Dogs”, que la machine se met en route, suivi du déjà ancien “Insomnia”. Le chanteur Grant Nicholas n’a pas pris une ride (et sa gueule de star est davantage mise en valeur par ses cheveux mi-longs), au contraire de son fidèle compagnon asiatique Taka Hirose qui a l’air de se traîner sur scène. Depuis l’album précédent (“Silent Cry” en 2008), il y a du changement à la batterie puisque Mark Richardson (qui avait rejoint Feeder en 2002 suite au suicide de Jon Lee) est retourné dans son groupe d’origine, qui n’est autre que Skunk Anansie. Ce soir, c’est donc Karl Brazil qui s’occupe de battre la mesure (et qui va le faire particulièrement bien, avec une énergie décuplée). À leurs côtés, on retrouve également un claviériste de tournée.

D’une manière générale, les nouveaux titres, francs et directs, empruntent une direction qui flirte parfois avec le métal (le son de la guitare). En tout cas, le son qui s’échappe des haut-parleurs va dégommer les oreilles d’un public clairement consentant. Cela dit, elles restent accessibles grâce notamment à la voix chaleureuse et légèrement rauque du chanteur. Pointons les efficaces “Renegades” (très Green Day), “White Line” et surtout “Call Out”, un single qui aurait mérité sa place sur les ondes, malgré des paroles assez basiques (la même remarque vaut pour leur hit “Buck Rogers”, qui va déchaîner les passions).

Si l’on peut reprocher à Feeder leur réputation de groupe pour ados, il faut néanmoins reconnaître qu’ils ont composé quelques titres bien plus matures comme “Just The Way I’m Feeling” et “Come Back Around”. On peut sans hésiter y rajouter le nouveau “Down To The River”, qui fait penser à du Therapy? soft et dont le final sera étrangement similaire à celui de “The River Song” de Sophia. Coïncidence?

Entre deux clins d’œil et trois “gimme five”, Grant Nicholas va se souvenir que la Belgique avait été un des premiers pays à accueillir son groupe en dehors de l’Angleterre (c’était au Pukkelpop en 1996). Il va nous replonger dans cette époque avec “High”, tout en s’excusant de leur relative discrétion depuis quelques temps (cela devait être au… Pukkelpop en 2006). Tout ceci avant que le puissant “Lost & Found” n’explose à nouveau les amplis.

Après un set relativement court pour un groupe à la discographie aussi vaste, ils reviendront pour trois titres supplémentaires qui seront, sans grande surprise le sensible “Yesterday Went Too Soon” puis deux hits réclamés à corps et à cris par les spectateurs, “Seven Days In The Sun” et “Just A Day”. Efficaces mais un peu datés et surtout trop teenager à notre goût. Néanmoins, la nouvelle direction de Feeder ne nous a pas laissés indifférents, même si leur avenir paraît clairement derrière eux…

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