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I LIKE TRAINS dans le bon wagon

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L’année 2011 commence fort. En effet, pour la première sortie de l’année ce samedi 15 janvier, pas moins de trois événements intéressants se concurrençaient à Bruxelles. Ainsi, pendant que les métalleux de Channel Zero amélioraient leur record de sold out à l’AB, les Canadiens de Godspeed You! Black Emperor fêtaient leur retour au Cirque Royal tandis que les attachants I Like Trains s’arrêtaient à la Rotonde du Botanique. Il s’agissait d’un choix cornélien pour bon nombre de spectateurs puisque les deux derniers groupes attirent sensiblement le même public. Cela dit, le très réussi “He Who Saw The Deep”, le deuxième opus des cheminots du nord de l’Angleterre, a très vite fait pencher la balance de leur côté. D’un point de vue première partie, le Bota n’a pas tablé sur l’originalité puisque c’est Cecilia::Eyes qui s’est vu confié la mission, tout comme le 26 novembre 2007. Même affiche donc, et dans la même salle, en plus…


Le quintette belge, qui a désormais trois années d’expérience supplémentaires à son compteur, a sorti au printemps dernier son deuxième album,
Here Dead We Lie
, qui confirme son attachement inconditionnel au mouvement post rock dans son format le plus classique. Sur scène également, on retrouve les ingrédients de ce style sombre et flippant par moments, caractérisé par de longues pièces labyrinthiques travaillées (ils ne vont jouer que cinq titres sur la petite quarantaine de minutes qui leur étaient accordées) et essentiellement instrumentales. Dans leur chef, le micro sur scène ne sert qu’à de futiles remerciements.

Articulées autour de la rythmique de l’excellent batteur, les compositions de Cecilia::Eyes explorent des horizons sinistres mis en place par trois guitaristes et un bassiste (ce dernier donne à son instrument un son intriguant et particulier). Tout ceci est très bien joué, mais le spectateur lambda pourrait avoir l’impression d’avoir entendu cinq fois le même morceau. Cela dit, ils ont récolté un joli succès de la part d’un public visiblement connaisseur et sensible aux perturbants détours sonores du groupe.

Depuis leur dernier passage dans nos contrées (c’était au Dour Festival en 2009), I Like Trains (et plus iLiKETRAiNS comme ils l’orthographiaient à l’époque) a évolué. Le côté sombre de l’Histoire avec un grand “H” a notamment été mis de côté (rappelons que les compositions du premier album, le minutieux
Elegies To Lessons Learnt
, faisaient référence à des événements tragiques ayant marqué la civilisation moderne). Cela leur permet de bénéficier d’une plus grande liberté par rapport aux thèmes abordés et d’égayer un tant soit peu leur direction. C’est en tout cas ce qui se dégage de leur deuxième album, “He Who Saw The Deep”, qui se distance de leurs racines post rock et qui, dans le même temps, leur permet de ne pas s’enfermer dans un style convenu.


Après un soundcheck express perturbé par des énergumènes du public qui en sont presque venus aux mains, le quatuor de Leeds (renforcé par un guitariste de tournée) a pris possession de la Rotonde. Une salle et surtout une scène qu’ils connaissent bien puisqu’il s’agit déjà de la troisième fois qu’ils la foulent. “Sirens” va ouvrir le set dans une obscurité quasi-totale, à peine perturbée par de faibles spots qui laissent apparaître la veste de l’uniforme des chemins de fer britanniques que portent les musiciens, seul reliquat de leur strict accoutrement d’un passé pas si éloigné que cela. La dernière différence notoire par rapport à leurs spectacles précédents réside dans l’absence totale de projections, ce qui permet une concentration maximale sur leurs compositions.

Le crescendo va se poursuivre avec “A Rook House For Bobby”, un excellent extrait de leur premier EP de 2006 acclamé par la critique (“Progress Reform”, toujours disponible au stand de merchandising) et le nouveau “Progress Is A Snake”. Deux titres basés sur la même structure, c’est-à-dire une mise en place soignée et captivante qui mène à un final explosif d’une efficacité rare particulièrement appréciée en concert.

La voix caverneuse de David Martin n’est pas étrangère aux atmosphères ténébreuses de titres plus anciens comme “Victress” ou “The Voice Of Reason”, mais le plus récent “Hope Is Not Enough” ne pâlit certainement pas de la comparaison. Et que dire du magnifique et troublant “A Divorce Before Marriage” qui ne sera malheureusement pas à la hauteur ce soir. La faute à des instruments qui empiétaient sur le son de la voix du chanteur.


Ce dernier sera par ailleurs d’excellente humeur et remerciera abondamment un public qui réservera une ovation à “A Father’s Son”. Dans un monde idéal, ce titre au feeling et à la légèreté d’un British Sea Power, leur apporterait un hit single. Malheureusement, nous sommes en 2011 et ce plaisir est uniquement réservé aux connaisseurs et aux curieux. Ces derniers vont recevoir une nouvelle dose d’adrénaline pendant “Terra Nova”, qui renoue avec un déluge de décibels accompagné d’effets stroboscopiques saisissants. Le set principal se clôturera d’une manière quelque peu surprenante avec le très calme “Sea Of Regrets”, que l’on aurait plutôt imaginé joué à un autre moment.

Le groupe reviendra pour deux titres supplémentaires en guise de rappel. “Stainless Steel”, tout d’abord, leur tout premier single qu’ils jouent assez rarement, autant chargé en émotion qu’articulé autour de guitares nerveuses. “Spencer Perceval” ensuite, seulement la deuxième incursion de la soirée dans le premier album, bizarrement à peine abordé. Même s’il n’a pas été constant, la prestation d’I Like Trains a confirmé l’excellente impression laissée à l’écoute de leur nouvel album. Finalement, en choisissant la Rotonde, on a peut-être fait le premier choix judicieux de l’année…

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I Like Trains
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Cecilia Eyes

Photos © 2011 Aurore Belot

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