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IRON & WINE ou le folk baba cool

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Personnage culte dans le milieu folk US, Samuel Beam alias Iron & Wine n’a éprouvé aucune peine à remplir la grande salle de l’AB ce mercredi 16 février alors qu’au départ, c’était la configuration Flex qui avait été envisagée. Une belle victoire pour cet artiste au look hippie qui n’en finit pas de convertir de nouveaux adeptes. Il avait emmené avec lui Tift Merritt, un attachant petit bout de femme dont la mission était de chauffer les oreilles d’un public qui commençait tout doucement à se presser dans la salle. Cela dit, lorsqu’elle est arrivée sur scène seule avec sa guitare, on a émis des doutes quant à la réussite de cet objectif. D’ailleurs, le premier titre interprété pavait le chemin vers une demi-heure d’ennui profond, entre country et folk traditionnel acoustique. Jusqu’à ce qu’elle chauffe sa voix qui allait devenir de plus en plus envoûtante au fil des minutes.

Une voix rauque à la Bonnie Tyler qui se révèle particulièrement chaleureuse et efficace lorsqu’elle dépose sa six cordes pour s’asseoir derrière un piano. C’est à ces moments que l’intensité était à son comble et que l’on a pris conscience du talent de cet auteur compositeur interprète active depuis une bonne quinzaine d’années déjà. Et son duo avec le clarinettiste d’Iron & Wine a montré une vision plus profonde de son univers. Pour ceux qui souhaitent l’explorer davantage (je parle de son univers), elle sera de retour le 7 avril au Depot de Louvain. Cette fois, c’est pour Josh Ritter qu’elle ouvrira.

Iron & Wine vient tout juste de sortir son quatrième album, “Kiss Each Other Clean”. Un album qui a récolté des critiques unanimes de la part des journalistes spécialisés (9/10 dans le NME par exemple). Mais le public a l’air d’avoir enfin succombé au talent du bonhomme, puisque le disque s’est hissé jusqu’à la deuxième position du Billboard américain et est également rentré dans le top 40 anglais. Il faut dire que ce nouvel album (le premier à être distribué par 4AD après un début de carrière chez Sub Pop) est devenu un rien plus accessible, à l’image de son hit radio “Boy With A Coin” en 2008.

Ceci dit, on reste malgré tout dans un registre assez pointu, comme en atteste le début de la set-list, avec deux extraits d’anciens EPs (“Woman King” et “The Sea And The Rhythm”) entrecoupés d’un premier nouveau titre (le presque pop “Me And Lazarus”), qui confirme la nouvelle direction du projet. Plus tard, l’impeccable “Tree By The River” ainsi que “Big Burned Hand” auront le même effet.

Ce soir, Samuel Beam est passablement bien entouré, puisqu’une demi-douzaine de musiciens se trouvent à ses côtés. Entre saxophone, flûte traversière, clarinette, saxo, banjo et ukulélé, la diversité des sons est à son paroxysme, le tout emmené par la guitare du leader, bien entendu. Une, et parfois deux choristes viennent apporter davantage de diversité (“Cinder And Smoke” et “He Lays In The Reins” en sont deux exemples marquants).

Délicates, les compositions se succèdent mais se révèlent par moments inégales. Le fait de se retrouver à autant sur une scène peut aussi avoir des effets pervers, qui transforment de temps à autre les morceaux en de longues pièces expérimentales qui lorgnent vers la jam session (“Half Moon”, “Lion’s Mane”). Mais, heureusement, d’autres titres ressortent du lot de façon lumineuse (“Free Until They Cut Me Down” et surtout “Wolves (Song Of The Shepherd’s Dog)”). C’est avec son célèbre “Boy With A Coin”, aux lointaines influences hispaniques qu’il clôturera sa prestation dans un délire qu’il est aisé d’imaginer.

Samuel Beam mettra un point final à la soirée en revenant pour un ultime caviar bourré d’émotion dans la voix, “Flightless Bird, American Mouth” (un extrait de la première B.O. de Twilight), seul au micro, entamé en a capella et terminé avec une guitare à peine audible. Un final surprenant, certes, mais tout bonnement mag(nif)ique. Il vient peut-être de franchir le palier décisif vers une reconnaissance publique amplement méritée.

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