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COLD WAR KIDS en adultes à l’AB

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Vingt-quatre heures après la prestation d’Iron & Wine à l’Ancienne Belgique, retour dans la salle du boulevard Anspach pour un concert qui s’annonçait nettement plus musclé puisque Cold War Kids débarquait ce jeudi 17 février, dans le but de défendre “Mine Is Yours”, leur nouvel album sorti tout récemment. Et le groupe qui les accompagne en ouverture tout au long de leur tournée européenne allait d’emblée annoncer la couleur de la soirée. En effet, Wye Oak n’y est pas allé par quatre chemins pour affoler les tympans du public.

Bien plus vigoureux en live que sur disque, le duo originaire de Baltimore fait penser de prime abord à du Blood Red Shoes. La configuration tout d’abord: un mec (Andy Stack) à la batterie et une nana (Jenn Wasner) au chant et à la guitare, les guitares nerveuses ensuite.

Mais à y tendre l’oreille d’un peu plus près, on se rend compte qu’une attention toute particulière est apportée aux arrangements, ce qui les rapproche davantage des Subways et de leur pop nerveuse par exemple. Encore que, lorsqu’ils le décident, on se retrouve, sans s’en rendre compte nécessairement, dans un environnement noisy qui doit beaucoup à Sonic Youth. Cela va donc un peu dans tous les sens, mais la première écoute nous a bien plu, et le petit succès qu’ils ont récolté montre que l’on n’était pas les seuls dans le cas.

Avec “Mine Is Yours”, leur troisième album, les Californiens de Cold War Kids semblent avoir atteint une autre dimension, une accessibilité que l’on ne leur connaissait pas encore (à de rares exceptions près). En tout cas, ils ont l’air de se démarquer de la direction assez élitiste prise avec
Loyalty To Loyalty
en 2008, à peine éthérée sur “Behave Yourself”, un EP sorti deux ans plus tard.

Ce soir, devant un décor inexistant (on peut parler de simplement les hommes et leurs instruments), ils vont s’atteler à donner vie à leurs nouvelles compositions, sans lésiner sur l’énergie dégagée. Ainsi, le guitariste Nathan Willett ne va pas tenir en place une seconde, mais les autres musiciens semblaient eux aussi dans un trip hyperactif qui ne serait sans doute pas passé sans casse au contrôle antidopage. En tout cas, cela a commencé sur les chapeaux de roue avec deux nouveaux titres, “Royal Blue” et “Finally Begin”, puissants et limpides à la fois.


Une des caractéristiques du groupe réside bien entendu dans le timbre de voix de Jonnie Russell. Nasillarde et haute, elle peut très bien énerver sur la longueur mais il faut reconnaître que sans cet organe, des titres comme “Hang Me Up To Dry”, “Hospital Beds” ou “Mexican Dogs” n’auraient certainement pas le même cachet (sentiment confirmé ce soir). Et lorsqu’il troque sa guitare contre un piano (joué quasi dos au public), on sent poindre une once de transe communicative.

Parmi les nouveaux titres, “Skip The Charades” dégage la maturité d’un Coldplay sans en copier la prétention et le single “Louder Than Ever” se retrouverait au sommet des charts si une justice existait. Leur version particulièrement enlevée en a laissé plus d’un pantois tout comme, dans un autre registre, le mélodica sinistre qui caractérise “Cold Toes On The Cold Floor”. Mais c’est surtout le prenant “Bulldozer” qui a révélé une sensibilité amenée progressivement à son sommet dans un ensemble cohérent. Le chanteur confessera qu’il s’agit là de sa nouvelle composition préférée, et ce n’est pas loin d’être la nôtre également.


Le dernier titre du set principal sera celui du nouvel album (“Flying Upside Down”), avec, ici aussi, une petite propension au stadium rock qui, finalement, ne leur convient pas si mal que ça. Les rappels seront limite superflus, si ce n’est l’époustouflante version de l’impeccable “We Used To Vacation”, pendant laquelle le quatuor a donné tout ce qui lui restait d’énergie, en appliquant les clichés qui caractérisent désormais ce titre. La cymbale simplement posée sur un flight case frappée avec des maracas, des guitares brûlantes et un piano en furie. Du bien bon boulot pour un groupe qui a gagné en maturité et qui confirme tout le potentiel que l’on avait vu en lui lors d’une soirée de novembre 2006 à la Rotonde du Botanique en ouverture de Two Gallants

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Wye Oak

Photos © 2011 Aurore Belot

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