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Une interview avec ATOMIC BITCHWAX

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À l’occasion de la sortie de l’album “The local fuzz” d’Atomic Bitchwax et de la tournée européenne de ce groupe avec d’autres formations de son label Tee Pee Records, Music in Belgium a profité de l’étape anversoise de la tournée pour poser quelques questions au leader d’Atomic Bitchwax, Chris Kosnik. François Becquart (micro) et Bernard Hulet (photo) étaient sur les lieux. Music in Belgium : Pour ceux qui ne connaissent pas encore le groupe, peux-tu nous faire une présentation de ton groupe Atomic Bitchwax ?

Chris Kosnik : Oui, tous les musiciens du groupe vivaient dans les mêmes parages dans le New Jersey. Beaucoup de gens sont passés chez Atomic Bitchwax au début, il y avait pas mal de turnover entre des gens qui allaient et venaient. Le groupe existe depuis plus d’une quinzaine d’années mais c’est vraiment depuis cinq ou six ans que nous avons un line-up bien stabilisé.

MiB : Et Bob Pantella de Monster Magnet est aussi dans le groupe à la batterie maintenant.

CK : Oui, Bob vient de Monster Magnet, qui est aussi le groupe où joue Ed Mundell, notre premier guitariste. Je te le disais, c’est un petit monde et tous ces gens se retrouvent tôt ou tard dans les mêmes groupes.


MiB : Parle-nous un peu du dernier album. C’est un disque très audacieux puisqu’il ne comporte qu’un seul morceau de 42 minutes, entièrement instrumental, avec une cinquantaine de riffs les uns à la suite des autres. Comment avez-vous enregistré ce genre de morceau en studio ?

CK : À l’origine, chacun de ces morceaux, il y en a en gros une cinquantaine, ne dure même pas une minute et est à la base une idée de riff pour une chanson potentielle (à qui il ne manque que des refrains et des paroles). On a trouvé ces idées de riffs en improvisant à partir de la batterie et de la basse. On a pratiqué, on les a joués et on a finalement réussi à établir une suite entre ces riffs, liés par une certaine logique rythmique. Une fois qu’on a empilé ces riffs sur une longueur de 42 minutes, on s’est finalement décidé à les enregistrer, ne serait-ce que pour éviter de les oublier.

MiB : Et comment avez-vous procédé dans le studio ? Vous avez enregistré tout d’un coup ou par étapes ?

CK : On avait une espèce de vue d’ensemble de l’architecture du morceau, un peu comme un story board, mais on ne pouvait pas tout faire d’un coup, essentiellement pour des raisons techniques. Pour passer d’un riff à l’autre, il fallait parfois être dans une configuration rythmique différente, avec des guitares accordées de façon différente. On avait quand même répété l’entièreté du morceau plusieurs fois, donc on avait tout en tête. Après, il n’y avait plus qu’à enregistrer dans le studio.

MiB : Vous terminez une tournée européenne qui a duré tout le mois d’avril. Quelles conclusions tires-tu ? Quels ont été les meilleurs moments, les meilleurs pays, les meilleures salles ?

CK : Notre passage au Roadburn Festival aux Pays-Bas (NDLR : festival stoner se tenant tous les ans en avril dans la salle du 013 de Tilburg) a incontestablement été le grand moment de notre tournée. On en est maintenant à notre 22e ou 23e show pour ce mois-ci et on n’a pas eu un seul jour de repos. On a un autre concert en Angleterre le 27 avril et on a finalement un jour de repos, pour voler jusqu’à Athènes et terminer la tournée.

MiB : Comment te sens-tu après un mois de tournée ? J’imagine que la fatigue s’est installée ? As-tu encore de l’énergie en réserve ?


CK : Un peu des deux. On se sent épuisé mais on a encore de l’énergie à dépenser sur scène. Mais c’est vrai qu’après un mois en ballade, j’ai bien envie de rentrer chez moi, de retrouver ma femme et mon fils.

MiB : Atomic Bitchwax a tourné avec des groupes du label Tee Pee Records : Mirror Queen, Naam, Quest For Fire. Quelles ont été les relations avec les groupes ayant participé à la tournée ?

CK : En fait, le guitariste de Mirror Queen (NDLR : Kenny Kreisor) est le propriétaire de Tee Pee Records et les groupes qu’il a mis en lice pour cette tournée sont tous de New York et je les connais bien. Il n’y a que Quest For Fire qui vient du Canada, de Toronto plus précisément. Je les ai rencontrés récemment et ils sont super. Connais-tu ce qu’ils font ?

MiB : Non, je n’ai pas encore eu l’opportunité d’écouter leurs albums. J’ai écouté Mirror Queen et j’aime beaucoup leur premier album.

CK : Quant à Naam, ils viennent de Brooklyn. Je les avais vus une fois en concert à New York mais j’ai vraiment fait leur connaissance au cours de cette tournée.

MiB : Quelle est la setlist sur la tournée ? Jouez-vous des morceaux de tous vos albums ou vous concentrez-vous sur les plus récents ? Jouez-vous votre fameux morceau de 42 minutes, “The local fuzz” ?

CK : On a dû faire des choix car on a beaucoup de vieux morceaux qu’on aime bien jouer. Mais étant donné que notre temps sur scène est limité à plus ou moins une heure et vingt minutes, on a fait des sélections et on a choisi environ deux chansons de chaque album (NDLR : Atomic Bitchwax a réalisé quatre albums et son nouveau “The local fuzz” est le cinquième) et on termine le show avec une bonne moitié de notre nouveau long morceau, soit une vingtaine de minutes.

MiB : Quels sont vos projets pour l’avenir ? As-tu déjà un nouvel album en tête ? Que va faire le groupe après la tournée ?

CK : Je ne suis pas encore sûr. C’est notre première tournée de promotion de notre nouvel album qui vient juste de sortir. Nous allons probablement faire quelques autres tournées cette année pour promouvoir l’album et après, on verra comment les choses se présentent. Pour l’instant, on est concentré sur cet album mais il est certain qu’il y aura un autre album de The Atomic Bitchwax à l’avenir.

MiB : Est-ce que vous envisagez de revenir en Belgique dans un proche avenir ? Par exemple au club Sojo à Louvain ?

CK : Oui, on parle de revenir en Europe début novembre prochain. Je ne sais pas si le groupe va passer par la Belgique mais on espère que oui.

MiB : Les membres d’Atomic Bitchwax ont toujours été dans de nombreux projets parallèles. Tu étais dans Black Nasa, Bobo Pantella est dans Monster Magnet et Riotgod, le guitariste Finn Ryan, vient de Core. Comptes-tu développer d’autres side projects à l’avenir ?

CK : Non, je ne pense pas. Le disque d’Atomic Bitchwax représente le meilleur de ce que j’attends de la création musicale. Avec ce groupe, je peux tout jouer, du métal, de la pop. C’est à mon avis le meilleur format pour ce que je veux faire.

MiB : Comment considères-tu la scène stoner rock actuelle ? Y a-t-il à ton avis encore des possibilités d’évolution de cette musique ?

CK : Je pense que cette musique est toujours bien actuelle, bien vivante. Des gens disent que le rock est mort mais je constate que pour un groupe qui disparaît, il y en a un autre qui naît. C’est un mouvement perpétuel et je vois encore de longues années disponibles pour le stoner.

MiB : Comment te sens-tu par rapport à l’industrie de la musique ? Considères-tu que ton groupe est sous une certaine pression en termes de résultats commerciaux à atteindre ou es-tu dans un groupe libre de ces contraintes ?

CK : Je ne me sens pas vraiment sous une quelconque pression. Tu sais, la moitié des gens qui écoutent Atomic Bitchwax sont des musiciens eux-mêmes et quand nous faisons un album, nous le faisons principalement pour nos fans. C’est avant tout une démarche musicale plutôt que commerciale.

MiB : Atomic Bitchwax aime jouer des morceaux instrumentaux. Comment vois-tu le développement de ton groupe en termes d’écriture ? Vas-tu t’orienter vers une tendance instrumentale avec moins de textes ou le contraire ? Et quels messages essaies-tu de faire passer dans les textes de tes chansons ?

CK : Nos premiers albums étaient partagés pour moitié entre morceaux instrumentaux et chansons avec des textes. Mais notre avant-dernier album n’avait que deux instrumentaux. Avec notre nouvel album, on a envisagé un moment d’y inclure des paroles mais on s’est toujours senti plus habiles musiciens que chanteurs. On a donc opté pour du tout instrumental, ce qui m’a facilité la vie en m’évitant d’écrire des textes. De toute façon, quand j’écris, je n’ai pas vraiment de message particulier à transmettre. Mon thème de prédilection, c’est le riff. C’est ça, le message.

MiB : Ton groupe a fait pas mal de reprises sur ses albums précédents. Vous avez repris AC/DC, Pink Floyd, Deep Purple, Aerosmith. Je suppose que ces groupes ont eu une influence sur le style d’Atomic Bitchwax ?

CK : Oui, les groupes que tu viens de mentionner ont été de grosses influences. J’ai 42 ans et j’ai grandi dans les années 70 avec Led Zeppelin, Kiss. Ce sont ces groupes que j’écoutais quand j’étais adolescent. Après, dans les années 90, il y a eu la scène de Seattle (Nirvana, Pearl Jam, Mudhoney, Soundgarden). Le hard rock, le punk, le grunge, tous ces genres ont participé à mon éveil musical et sont entrés dans la composition de mes influences.

MiB : Quels groupes considères-tu comme influents parmi la nouvelle génération ? Y a-t-il un avenir pour le rock dans la nouvelle génération de groupes actuels ?

CK : Oui, pourquoi pas. La technologie change tellement de nos jours, les mentalités aussi. Avant, c’était le public qui venait massivement vers les groupes. Maintenant, ce sont les groupes qui doivent venir vers le public, trouver des niches d’audiences qui vont apprécier ce qu’ils font. Je suis dans des groupes depuis vingt ans et j’adore ça. Nos disques se vendent essentiellement par l’Internet. C’est par ce nouveau média qu’il faut passer. C’est une question d’adaptation pour la survie, un peu comme durant la conquête de l’Ouest. Ceci dit, on nage en pleine ère numérique mais il y a aussi une résurgence du disque vinyle. On en voit pas mal en ce moment et ça, c’est plutôt chouette.

MiB : Si tu avais le choix d’une période ou d’une année dans l’histoire du rock, laquelle choisirais-tu ?

CK : Ce serait incontestablement les années 70. Quand j’étais enfant, mon père jouait de la guitare et on écoutait beaucoup de rock des années 70.

MiB : Collectionnes-tu des disques ?

CK : Oui, j’ai une bonne petite collection de 4 ou 500 disques. Ce sont vraiment les disques que je me dois de posséder, qui correspondent à ce que j’aime.

MiB : Dernière question : d’où vient le nom Atomic Bitchwax ?

CK : C’est un peu par hasard qu’on a trouvé ce nom. On a joint ensemble une série de mots, il y avait “wax” (cire) dedans. On a trouvé ça marrant mais il n’y a pas de sens particulier à ce nom. On était môme quand on a inventé ce nom et c’était plus par fun qu’autre chose.

Photos © 2011 Bernard Hulet

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