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CARIBOU Night Fever

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Désormais organisées à un moment stratégique artistiquement parlant, les Nuits du Botanique jouissent également d’un temps potentiellement plus clément que lorsqu’elles se tenaient au tout début de l’automne. En tout cas, ce samedi 21 mai, il faisait particulièrement chaud à proximité du Chapiteau et l’affiche de la soirée promettait de rendre l’atmosphère carrément torride à l’intérieur, avec Caribou (la confirmation), Montevideo (le retour) et Vessels (la découverte).

C’est donc avec ces derniers que la soirée a débuté pile à l’heure (d’une manière générale, félicitons l’organisation pour le respect des horaires tout au long du festival). Il s’agit d’un quintette originaire de Leeds dont le deuxième album (“Helioscope”) est sorti récemment. Ils ont débuté leur set un peu comme My Bloody Valentine pourrait conclure le sien, en beaucoup moins dangereux pour les oreilles cependant.

Entre shoegazing et post rock, leur univers sans texte mais avec en moyenne trois guitares se rapproche de celui du 65daysofstatic des débuts, c’est-à-dire que l’électronique ne prend jamais le dessus. Pour en revenir aux vocaux, il serait plus correct d’écrire que le peu de paroles se limite à des cris et des onomatopées, sans doute pour focaliser l’attention sur la dextérité des musiciens. Ils se sont acquittés d’une prestation honnête, mais gageons que notre perception aurait été quelque peu différente dans un état plus enivré, s’ils avaient joué un peu plus tard dans la soirée par exemple.

Place ensuite à Montevideo qui revient sur le devant de la scène après de longs mois d’absence (leur premier album date déjà de 2006). Il est vrai qu’ils ont d’abord mené à bien un projet avec le DJ Compuphonic sous le nom MVSC avant que le chanteur Jean Waterlot ne devienne membre de Ghinzu à part entière. À vrai dire, on était assez curieux de découvrir la manière dont ils avaient digéré ces influences, surtout qu’entre-temps, le bassiste Julien Galoy a quitté le groupe et a été (avantageusement) remplacé par Gabriel Reding. Pierre Waterlot (batterie) et Emmanuel Simonis (guitare) sont par contre toujours bien fidèles à leur leader.

Un leader qui va passer, et c’est une nouveauté, la majorité du concert derrière son clavier, même s’il va de temps à autre attraper une guitare pour les titres plus nerveux. Car la nouvelle direction de Montevideo se veut plus électro pop, quelque part entre Battles et The Rapture. L’autre surprise réside dans la construction des nouvelles compositions, assez longues et travaillées. Peut-être parfois un peu trop, mais les versions ne sont vraisemblablement pas encore définitives puisque le nouvel album n’est pas prévu avant la fin de l’année. On entend par exemple un solo de guitare très 70’s qui répond à des sonorités disco alors que des déviations rythmiques jalonnent certains titres. Bref, on n’est plus en présence de titres pop rock formatés “à la belge” mais plutôt dans un schéma bien plus hardi qui nous donne envie d’en entendre davantage. Vivement le produit fini…

Avec “Swim”, Daniel Snaith alias Caribou a sorti un des meilleurs albums de 2010 (le célèbre disquaire Rough Trade en fera même son album de l’année). Un album mature qui ne fait que confirmer l’évolution entamée avec “The Milk Of Human Kindness” (2005) et qui avait déjà atteint un premier sommet avec “Andorra” (2007). Rappelons qu’auparavant, c’est sous le pseudo Manitoba que le Canadien officiait, certes d’une manière plus confidentielle. Aujourd’hui, il a visiblement atteint une certaine notoriété puisque c’est sans aucune peine que les 1.200 tickets du Chapiteau ont trouvé acquéreurs.

Il faisait en tout cas particulièrement suffocant au moment où les cinq musiciens sont montés sur scène et ont entamé leur set avec “Kaili” directement enchaîné à “Leave House”, un des meilleurs extraits de “Swim”. Un début tonitruant qui allait contribuer à tremper les t-shirts de sueur mais surtout nous imposer une réflexion. Allaient-ils réussir à tenir pareille cadence pendant toute la durée du concert ?

Sans équivoque, la réponse tombera rapidement et sera positive. Les compositions sont clairement taillées pour la scène et vont transformer sans peine le Chapiteau en un dancefloor géant, abreuvé par la vision psychédélique de l’électronique intelligente made in Caribou. Tout est joué en live par des musiciens on ne peut plus chevronnés, regroupés au centre de la scène sur une poignée de mètres carrés. Accordons une mention particulière au batteur dont l’application et l’implication sont déterminantes (c’est autour de lui que tout s’articule).

Tout est travaillé et savamment étudié, calculé au BPM près. Ils parviennent sans peine à emmener leurs compositions exactement là où elles doivent arriver pour un maximum d’effets garantis. Essayez donc de rester de marbre sur le lancinant “Bowls” et de ne pas succomber au charme de l’insouciant “Melody Day”. Peine perdue, vous êtes déjà en train de vous dandiner sur “Found Out”. C’est en tout cas la folie dans le public qui se déchaînera dans une moiteur étouffante sans jamais montrer un quelconque signe de lassitude. Que du contraire même, l’intensité contagieuse plongera le public dans un trip commun qui a pour fond sonore “Jamelia” ou encore “Odessa”. Seul petit reproche, les jeux de lumières relativement simplistes qui auraient mérité un accompagnement visuel digne de ce nom.

En revanche, ils avaient projeté d’achever les spectateurs avec une version allongée (près d’un quart d’heure quand même) de “Sun” qui ne lassera à aucun moment et qui clôturera une prestation d’une qualité exemplaire empreinte d’une communion sincère avec des fans qui ont tout compris. “Swim” n’est pas seulement l’album de la maturité pour Caribou, c’est également celui de la consécration…

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