ANIMA MUNDI : 3h30 de show, époustouflant !
C’est presque un record pour le 66 de Verviers. Seul le grand Elliot Murphy a pu déjà offrir des sets de près de 4 heures. Mais revenons à nos chers cubains qui nous auront apporté une grande leçon de musique et surtout, une grande leçon d’humilité. En effet, venir de si loin et prendre la peine et le temps de passer en revue l’ensemble de leur discographie avec près de 17 compositions jouées, inspire sans équivoque un profond respect ! Anima Mundi aura offert aux chanceux, présents ce dimanche soir à Verviers, un set haut en couleur et en technique. Un show également chargé d’émotions. Un concert où le temps d’une soirée, les Cream, King Crimson, Genesis, Yes et les Flower Kings se seront côtoyés comme par magie. Car de la magie, il y en a dans ce groupe qui présente sur scène une très grande homogénéité. Chaque membre est bien à sa place et ne surpasse jamais ses acolytes et ce, même le temps des nombreux solos auxquels nous avons eu droit. Un groupe soudé où les échanges de sourires entre les musiciens sont omniprésents. Une évidence que mon plus proche voisin, Bernard Schmitz, m’aura fait à juste titre remarquer.
“We are the light” a donc démarré les hostilités, un épique de près de 15 minutes. Une gageure dont il est difficile de s’en sortir haut la main et cependant, comme avec les Flower Kings, les cubains auront réussi à garder l’assistance en haleine tout au long du morceau. Anima Mundi réitérera cet exploit à plusieurs reprises avec d’autres épiques tels que “Flying to the Sun”, “Time to understand” ou “Peregrino del tiempo” où ces compositions graviteront autour des 10 minutes. Ceci explique en grande partie la longueur du set où, les trois opus du combo ont été dignement mis en valeur. Le premier, “Septentrion”, nous aura plutôt apporté une coloration latine, le second, “
Jagannath Orbit“, un pont avec les plus grands bands progressifs des seventies et enfin “
The Way“, le petit dernier, une approche plus personnelle du groupe. On pourra ainsi apprécier parmi les diverses chansons jouées, “Sanctuary”, “There’s a place”, “Spring Knocks on the door” ainsi qu’une magistrale interprétation du “Cosmic Man”. Le groupe nous fera également le plaisir de nous interpréter une composition du grand Rick Wakeman.
La force d’Anima Mundi, c’est d’être aussi percutant sur des morceaux instrumentaux que sur des compositions chantées. La force d’Anima Mundi, c’est aussi de savoir jouer de tout sur scène ! Du rock, du blues, du latino, du space-rock, du rock progressif ancienne et nouvelle générations, du psychédélique et ce grâce aux nombreuses colorations que les musiciens insufflent au niveau des claviers, de la guitare et même de la basse. 50 ans de musique auront défilé devant nous ! Cerise sur le gâteau, le groupe rejoint pour l’occasion par deux musiciens additionnels, nous interprétera un dantesque “Firth of Fifth” du grand Genesis. Maintenant, si l’on devait analyser l’ensemble de ce concert, je dirais que le côté technique nous aura rapprochés du King Crimson voire même du grand Hendrix tant l’interprétation, à certains moments, était proche de l’esprit d’improvisation de l’époque. Un côté mélodique proche de Yes et de Genesis bien sûr. Enfin, un côté plus actuel avec çà et là, des petites touches semblables à la musique de Spock’s Beard ou des Flower Kings.
Venons-en aux musiciens qui auront tous été excellents ce soir. Yaroski Corredera, qui tenait la basse, aura fait jeu égal avec les plus grands tel un John Jowitt, un Jonas Reingold et même un Chris Squire. Un jeu où chaque note est distinctement perçue, un jeu où cet instrument primordial pour la rythmique a sa vraie place. José Manuel Govin, le nouveau batteur, fut magistral avec un jeu varié et puissant. J’ai d’ailleurs constaté une certaine ressemblance avec le feeling de Chester Thompson époque “Seconds Out”. Carlos Sosa, le frontman du groupe, m’a littéralement scotché tant ses capacités vocales sont extraordinaires. Comme l’a si bien dit mon autre acolyte de soirée, Stéphane Schmitz, Carlos pourrait avoir sa place au sein d’un grand band de métal-progressif. Celui-ci aura également assuré aux percussions. Tel un Clive Nolan féminin, Virginia Peraza aura virevolté et jonglé sur ces nombreux claviers. Une performance remplie de chaleur et digne des plus grands claviéristes de ce monde. À la guitare, Roberto Diaz le principal compositeur, aura fait presque jeu égal avec le grand Steve Hackett. Il a su jouer dans tous les registres aussi bien heavy que lyriques. Enfin, et pour encore mieux habiller les compositions plus typées du premier opus, la charmante Anaisy Gomez nous aura gratifiés de passages prenants à la flûte et à la cornemuse.
Une fois de plus, Francis Géron nous aura offert du vrai bonheur. Il aura d’ailleurs participé au fait de pousser Roberto Diaz et ses acolytes, jusque dans leurs derniers retranchements. Ceux-ci auront d’ailleurs dû par la force des choses, interpréter pour la seconde fois de la soirée le magique “Cosmic Man”. Le show des cubains fut un grand moment de rock, un moment inoubliable pour tous les privilégiés qui avaient fait le déplacement jusque Verviers. Un must pour la cuvée 2011, le must pour la cuvée 2011 !
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Photos © 2011 Stéphane Schmitz