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Petit APPLAUSE a tout d’un grand

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21h00. Brussels Summer Festival. Les lumières disparaissent dans le chapiteau clairsemé du Magic Mirrors. Les cinq musiciens d’Applause entrent en scène, et la descente dans le tunnel s’amorce, brute et immédiate, sirènes stridentes, grincement de poulies. Au centre, le chanteur, Nicolas Ly, tout de noir vêtu, physique torturé, dégaine tortueuse et gestuelle ensorcelée. À ses côtés, Manu Loriaux à la basse, Jeremie Mosseray à la batterie, Manuel Roland à la guitare et David Picard au clavier. Soit quatre musiciens au regard rêveur qui, sourire aux lèvres, redécouvrent la magie, une fois encore.

Les premiers morceaux sont les plus souls, les plus urbains, avec “Traceability” et un “Lighthouse” particulièrement jazz. Le rythme se crée. L’ambiance s’installe, légère et sautillante. “All about” démarre sur un début à la Supertramp. Les plages rock de l’album sont annoncées avec “Road to nowhere”, tout s’accélère… en fermant les yeux, on peut repérer aussi clairement que les doigts de la main chaque instrument. “Witches” mélange ensuite les genres. En Jedi des temps modernes, Applause nous livre un rock teinté d’electronicas repetitas à en perdre son latin. Un vent de folie les gagne. Vous êtes parfaits quand vous n’êtes pas sages, messieurs !

“Closer” permet de nous ressaisir et semble avoir été composé pour ce chapiteau aux cent miroirs, suivi de “Woods” où les musiciens regardent tous aux anges… petite touche mystique, pour repartir dans des sonorités plus électro-pop avec “White funeral” et ses bruitages intéressants et “It’s about time”, plus jazzy. Vient ensuite “Blacksand” et son groove détonnant, apparemment très attendu du public, et pour conclure, un “Children” quelque peu perdu dans les cris à presque en devenir sauvage…

Les sirènes annoncent la fin du tunnel et sonnent l’heure des rappels… si vite. “Hope you’re better” est joué en acoustique. Jamais ritournelle fredonnée n’aura été si sensuelle. Mais la véritable claque ne vient qu’après, avec cette reprise de “White Rabbit”, modulée à la fréquence Applause, le chant on ne peut plus grave, véritable clip scénique où la lenteur, les sifflements et le suspense font progressivement place à la rythmique effrontée de cet univers trans qui leur colle à la peau, pour conclure avec “Beginners”, tout aussi énergique… quelle santé !

Espérons qu’Applause s’installe durablement dans la perfusion musicale belge et distille son envoûtant venin de nombreuses années encore.

Merci à David Picard, claviériste, d’avoir pris le temps…

LV : Le Magic Mirrors à moitié vide alors qu’il aurait dû être plein à craquer…
DP : Il fait beau… les gens préfèrent sans doute écouter d’autres concerts en plein air.
[concurrence (dé)loyale de Stromae ? ]
LV : Les musiciens d’Applause sont issus de la Fanfare du Belgistan, qui continue à exister parallèlement. Pas vraiment le même registre. Comment faites-vous pour vous y retrouver ?
DP : Nous sommes boulimiques de musique. Le rock est complémentaire à ce que nous faisons par ailleurs. Et au niveau purement musical, c’est pareil, que ce soient les morceaux que l’on joue pour la Fanfare du Belgistan, ou d’autres plus rock, trans, comme ici, tout est une question de structure et d’ensemble.
LV : On vous compare à Ghinzu, sur des morceaux comme “Road to Nowhere”, “Witches”, “Where it all begans”.
DP : C’est plutôt flatteur, ce sont des musiciens que je respecte sans pour autant connaître à fond ce qu’ils font.
LV : Pourquoi avoir attendu le deuxième rappel pour planter le décor d’Applause, c’est un morceau qui vous va si bien.
DP : “White rabbits”, c’est une reprise [Jefferson Airplane, 1967], on aime la jouer en fin de concert, on trouve qu’elle rehausse bien l’ensemble.

[ Set list : Beatings – Traceability – Lighthouse – All about – Road to nowhere – Witches – Closer – Woods – White funeral – It’s about time – Black sand – Children – R1 : Hope you’re better – R2 : White Rabbit – R3 : Beginners]

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