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THE KILLS se rachètent au Cirque Royal

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En mars dernier, à l’occasion du showcase destiné à présenter “Blood Pressures”, le quatrième album de The Kills, on avait quitté le Trix avec un sentiment mitigé. Il avait en effet manqué un petit quelque chose qui aurait permis à leur prestation d’atteindre le statut d’événement escompté. Qu’à cela ne tienne, le duo le plus langoureusement rock ‘n’ roll du circuit avait l’occasion de remettre les pendules à l’heure ce samedi 26 novembre lors d’un passage très attendu au Cirque Royal. En général, les groupes choisis pour assurer leur première partie valent le détour. Citons notamment The Germans à l’AB en 2008 et S.C.U.M. pas plus tard qu’au printemps dernier. Ce soir, ce sont les Californiens de Weekend qui ont eu le plaisir de lancer les festivités et de surprendre un public déjà bien en nombre. Les lumières ont alors fait place à un mur de guitares noisy couplé à un déluge stroboscopique.

Ces trois bonhommes s’inspirent clairement d’autres trios puissants, comme A Place To Bury Strangers et Black Rebel Motorcycle Club. À l’instar de ces derniers, le chanteur joue de la basse comme s’il s’agissait d’une guitare et en sort des sons qui font frétiller les tympans. À ses côtés, le guitariste prend un malin plaisir à apporter des effets à un son volontairement brouillon qui doit beaucoup au mouvement shoegazing. L’accent est en tout cas clairement mis sur les instruments, reléguant ainsi la voix au second plan.

Ceci dit, le souci majeur actuel du trio réside dans des compositions souvent trop allongées, avec pour conséquence un relatif manque de constance. Ainsi, d’excellents moments très prenants succèdent à d’autres, plus passe-partout qui finissent par installer un ennui tout relatif. Si toutefois ils parvenaient à canaliser leur énergie et à éclaircir leur son, ils devraient pouvoir faire parler d’eux de façon explosive dans un avenir proche.


Depuis 2008, les Kills s’étaient fait relativement discrets. La faute principalement à l’aventure d’Alison Mosshart au sein des Dead Weather de Jack White (ils sortiront deux albums en moins d’un an, “Horehound” en juillet 2009 et “Sea Of Cowards” en mai 2010). Jamie Hince, de son côté, a poursuivi sa relation avec Kate Moss, qu’il a fini par épouser l’été dernier. Entre-temps, “Blood Pressures”, l’album qui marque le retour en action du duo, a été publié et a bénéficié d’un accueil chaleureux de la part du public et de la critique.

Si le début du concert était calqué sur celui du Trix, la mise en scène a subi, quant à elle, un profond relifting. Pas dans le cadre des deux musiciens, bien entendu, puisqu’ils tiennent toujours la vedette. D’un côté Jamie et sa manière démonstratrice de triturer sa guitare, de l’autre Alison (qui arbore désormais une chevelure auburn) en ne tenant pas en place une seconde.

Non, ce qui est nouveau se passe derrière eux, avec deux paires de percussionnistes démonstratifs au visage partiellement masqué d’un foulard rouge, qui vont apporter durant la majeure partie du set une chaleur complémentaire à la traditionnelle boîte à rythme. Le visuel dans leur chef sera particulièrement soigné également, puisqu’ils vont synchroniser leurs faits et gestes comme si seulement deux musiciens se regardaient dans un miroir. En arrière-fond est projeté un décor qui rappelle le pelage d’un léopard (ou d’une tigresse pour correspondre au tempérament de féline de la chanteuse…).


En quelques mois, ils ont pris confiance en leurs nouveaux titres et vont les mettre en avant de manière convaincante. Prenons par exemple le puissant “Future Starts Slow” et “Heart Is A Beating Drum” interprétés d’emblée après un “No Wow” de mise en place. Un peu plus tard, “DNA” et “Satellite” vont montrer combien la touche crasseuse des débuts à fait place à des compositions mélodieuses qui leur conviennent tout autant (encore que le rappel nous fera presque changer d’avis, mais on y reviendra).

Cette évolution a tout doucement fait son apparition sur “Midnight Boom”, l’excellent opus précédent dont un “Last Day Of Magic” réarrangé et un “Black Balloon” très sexy vont se révéler parmi les moments les plus inspirés du set, au même titre que leurs poses suggestives et leur manière d’étaler sans aucun tabou une complicité presqu’insolente. Pour être complet, on mentionnera également une cover du Velvet Underground (“Pale Blue Eyes”) qui nous confirmera que Jamie a beau être un excellent guitariste, il n’en demeure pas moins un piètre chanteur. Heureusement, Alison va bien vite rattraper le coup, surtout lors de l’excellent titre de clôture du set principal, “Tape Song”, qui alterne une voix douce et nerveuse, entre ange et démon.

Les rappels débuteront par un étonnant “The Last Goodbye”, magnifique composition d’une sensibilité attachante que l’on dirait presque sortie d’une comédie musicale. Un titre hors du temps qui allait se révéler comme étant la parfaite respiration avant que le groupe ne revisite quelques extraits de “Keep On Your Mean Side”, un premier album au son rugueux, certes, mais toujours aussi efficace.

Des rappels ponctués par un bug cocasse, Jamie se trompant de guitare au moment d’entamer “Fuck The People” alors qu’il devait lancer le riff de “Fried My Little Brains”. Le temps de changer d’instrument et la set-list sera finalement respectée, le tout se concluant par un “Monkey 23” qui calmera les ardeurs des deux derniers titres. Une manière exemplaire de redescendre sur terre et de donner une excellente note à un concert qui aura été nettement supérieur à celui d’il y a huit mois. Les Kills sont toujours des bêtes de scène…

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Photos © 2011 Olivier Bourgi

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