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CSS : un remède contre les frimas…

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Cinq ans quasi jour pour jour après avoir éclaboussé la Rotonde de leur électro pop festive et explicite, les déjantés brésiliens de CSS étaient de retour au Botanique ce lundi 5 décembre, mais à l’Orangerie cette fois, afin d’y présenter “La Liberación”, un nouvel album que l’on n’attendait plus… Ils avaient emmené un groupe au moins aussi coloré qu’eux en guise de première partie puisque Dance Yourself To Death (tout un programme…) ne mettra pas plus de quelques secondes pour faire sensation, ne fut-ce que d’un point de vue visuel. En effet, entre un guitariste androgyne blond, un petit batteur moustachu à la virilité toute relative et une guitariste fluette à l’allure garçonne qui ne tient pas en place, on retrouve une chanteuse bassiste dont la voix (pas la physionomie) rappelle autant Beth Ditto (Gossip) que Lisa Kekaula (The BellRays).

À moins que ce ne soit le style musical aux réminiscences disco qui trace un parallèle entre le groupe de la première citée et ces natifs de Toronto. Quoi qu’il en soit, la basse prend une place prépondérante dans leur son qui va devenir au fur et à mesure du set de plus en plus pop. On pense par moments à des titres qui auraient pu se retrouver sur la bande originale d’un film mettant en scène des collégiens aux États-Unis dans les années 80, chapeautés par des riffs de guitare à la The Edge (U2 période “War”). Ceci dit, malgré les apparences, une certaine cohérence se dégage du collectif et le but de mise en jambes se retrouve parfaitement atteint.

La dernière fois que l’on a vu CSS, c’était aux Ardentes en 2008 (le fameux vendredi où le site avait été détrempé par un orage phénoménal) et on avait senti le groupe emmené par Lovefoxxx au bout du rouleau, un peu comme s’ils avaient été contraints par leur manager de monter sur scène afin d’empocher leur cachet. À l’époque, leur deuxième album, “Donkey”, n’était pas encore sorti et ce dernier n’allait pas rencontrer un accueil chaleureux de la part de la critique et du public. Raison pour laquelle on ne donnait plus cher de la survie d’un groupe visiblement sur le déclin.

C’est dire si l’annonce de la sortie de “La Liberación” à la fin de l’été en a surpris plus d’un, surtout que l’on y retrouve la spontanéité qui avait fait leur charme à l’époque. Et c’est précisément avec un extrait de cette plaque, “Rhythm To The Rebels”, qu’ils vont démarrer ce soir. Première surprise, Adriano Cintra, le grand molosse à la moustache de Village People qui tenait la basse sur la dernière tournée, n’est plus là. Visiblement, il aurait quitté le groupe tout récemment en mauvais termes. C’est donc un bassiste de tournée au look d’enfer (comme le batteur, d’ailleurs) qui a pris sa place.

Devant eux et aux côtés de Lovefoxxx, trois nanas dont le physique correspond parfaitement au nom (ironique) du groupe (“Cansei de ser sexy” signifie “marre d’être sexy” en portugais) jouent leur rôle de guitariste ou de claviériste à la perfection. Ceci dit, c’est bien évidemment la chanteuse qui attire tous les regards, d’autant plus qu’elle ne sait pas s’empêcher de faire le pitre et que son rouge à lèvres écarlate va bien vite couvrir la tête de son micro (sans pour autant atteindre le désastre de Kate Nash qui, elle, se tapisse le visage).

Entre un “Red Alert” interprété derrière un masque de Batman à paillettes, des mini sketches avec ses collègues de scène et une attitude de prof de fitness (“Move”), elle va aussi procéder à un pseudo strip-tease réparti sur la durée de la prestation (elle est apparue sur scène méconnaissable, vêtue d’une imposante perruque afro, d’une veste en jeans customisée à son nom et d’un pantalon pour terminer en top, short et bas résilles).

Mais la musique là-dedans ? Premier constat, il est difficile de surpasser les classiques électro pop que sont “Off The Hook”, “Alala” et “Let’s Make Love And Listen To Death From Above”. Ces derniers vont d’ailleurs faire souffler un vent de folie sur l’Orangerie. Parmi les nouvelles compositions, “You Could Have It All”, “Fuck Everything” (malgré des paroles un peu débiles) et “City Grrrl” sont sans doute celles qui fonctionnent le mieux, mais leur position dans la seconde moitié de la set-list n’y est certainement pas étrangère non plus.

La température allait encore monter davantage lors des rappels, entamés avec un “Art Bitch” de derrière les fagots alors que l’effeuillage de la chanteuse se poursuivait… C’est ensuite un rap à la façon des Beastie Boys (le phrasé et l’attitude) qui allait retourner la salle avant que Dance Yourself To Death ne vienne les rejoindre sur scène pour un ultime titre au terme duquel Lovefoxxx quittera la scène sur une pirouette dont elle a le secret. Si l’on n’a rien appris de vraiment neuf ce soir, il n’empêche que l’on a assisté à une prestation efficace qui nous a réconcilié avec eux. Le sourire de la majorité des spectateurs à la sortie en disait long sur l’état d’esprit ambiant…

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