VERONICA FALLS, un univers subtilement sombre
En ce début d’année 2012, le Club de l’AB fait figure de rampe de lancement idéale pour les groupes londoniens en devenir. Après S.C.U.M et Tribes en février, c’était au tour de Veronica Falls de venir présenter son premier album dans la petite salle du boulevard Anspach ce lundi 19 mars. À la différence près que cette fois, le concert se déroulait à guichets fermés.
C’est à Ping Pong Tactics, un groupe originaire de Lembeke dans le nord du pays qu’avait été confié le soin de chauffer les amplis. Ce trio au nom curieux allait en tout cas prendre l’expression au pied de la lettre en balançant d’emblée un rock fougueux situé quelque part entre Green Day, Sonic Youth et The Cribs à leurs débuts. À l’instar de ces derniers, ils sont musicalement parfaitement au point malgré le très jeune âge apparent des musiciens.
Ceci dit, la comparaison avec le groupe de Wakefield ne s’arrête pas là, car, tout comme eux, le gros point faible qui saute à l’oreille à trait aux voix qui laissent vraiment à désirer. Par moments, ils chantent carrément faux et cela fait tâche par rapport au maniement impeccable de leurs instruments. Si le format punk rock maladroit qu’ils abordent en début de set finit par tourner en rond (tout comme leurs interventions inutiles entre les morceaux), il en est autrement lorsqu’ils se mettent à développer des compositions plus ambitieuses, plus longues et déjà très matures. Avec des cours de chant, ces kids risquent d’aller loin…
On aurait normalement dû découvrir Veronica Falls sur une scène bruxelloise en novembre dernier puisque le groupe avait été annoncé en première partie des Dum Dum Girls au Botanique. Mais ils avaient été contraints de déclarer forfait suite à l’avancement de l’événement en question. Pour la petite histoire, ils avaient malgré tout profité de leur passage en Belgique pour donner un concert à Gand, au Charlatan.
On a dès lors eu tout le loisir de se plonger dans leur premier album éponyme et d’en explorer les moindres recoins. Délibérément sombres et sinistres, les titres du quatuor emmené par la chanteuse guitariste Roxanne Clifford ne tombent pourtant pas dans la déprime grâce à une voix qui se veut chaleureuse en studio. Sur scène, en revanche, on ne peut pas dire que ce soit la franche rigolade, mais il va sans dire que cela fait partie intégrante du concept.
Même si au premier coup d’oreille, on ne peut s’empêcher de les comparer aux précitées Dum Dum Girls, il convient de pousser l’analyse un rien plus loin. D’abord, la seconde voix (assurée par le guitariste James Hoare à la physionomie proche de celle d’Adam Green du temps où il officiait au sein des Moldy Peaches) apporte une diversité et une complicité vocale qui font parfois penser à Sons & Daughters (“Found Love In A Graveyard”, “Wedding Day”). Ensuite, la structure des compositions emprunte une voie moins pop que Dee Dee et ses copines.
Visuellement, toutefois, il faut bien avouer que l’accoutrement des musiciens laisse une grande place à la fantaisie (la chemise à pois du guitariste ou celle aux lignes verticales du batteur Patrick Doyle) voire à du mauvais goût (le mini short et les bas collants de la chanteuse font tout sauf la mettre en valeur). Finalement, seule la bassiste Marion Herbain adopte un look conventionnel qui a pour inconvénient de la laisser en retrait, les abondants fumigènes se chargeant de contribuer à la faire passer inaperçue…
Malgré un son pas au top (décidément), ils vont tout de même réussir à emballer l’auditoire grâce à leur mélange détonnant de pop inspirée des girls group des 60’s et de guitares indie à la limite du shoegazing, un peu comme si les Ronettes rencontraient Lush (“Beachy Head”). Ceci dit, leurs influences ratissent bien plus large puisqu’un titre comme “Right Side Of My Brain” par exemple doit beaucoup au “Hazy Shade Of Winter” de Simon & Garfunkel. Des pointes des Pixies (la basse sur “Stephen”) et des Rolling Stones (“Bad Feeling” fait très “Paint It, Black”) se font également entendre. Ceci dit, sur les nouveaux titres joués ce soir (dont notamment “My Heart Beats”, un futur single et “Last Conversation”), on remarque une volonté de se distancer de ces clichés.
C’est le survitaminé “Come On Over” qui va parfaitement mettre un terme au set principal. Tellement bien d’ailleurs que l’on ne s’attendait pas nécessairement à un rappel. Or, le groupe reviendra pour deux titres en extra qui n’étaient pas mentionnés sur la set-list, dont on retiendra tout particulièrement cette cover de Roky Erickson (“Starry Eyes”) qui va clôturer une prestation sur un mode down tempo surprenant qui leur va également à ravir. Ces Veronica Falls ont de toute évidence plus d’un tour dans leur sac…
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Photos © 2012 Julie Rossini