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PPM FEST 2012, épisode I : la menace fantôme

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Des mois que nous attendions ce jour et il est enfin là ! Eh oui, c’est aujourd’hui, vendredi 6 avril 2012, que débute la plus métallique des trilogies festives jamais réalisées en Wallonie. Au menu : trois jours entiers de furie métallique, deux scènes, trente-deux groupes, quelques hectolitres de houblon et quelques centaines de kilos de junkfood. Bienvenue au PPM Fest édition 2012 ! Le Lotto Mons Expo est facile d’accès en voiture et je suis sur place dès 16h45. Relax. Le premier groupe est prévu pour 17h35 et j’ai donc tout le temps. Une longue file de chevelus se presse devant l’entrée principale ce qui semble être bon signe. Le PPM Fest attirerait-il enfin les foules ? Malheureusement, cette impression est trompeuse. Les portes viennent à peine de s’ouvrir et la taille impressionnante de la file n’est due qu’aux lenteurs d’une organisation qui a encore un peu de mal à se mettre en place. Finalement, il n’y a pas beaucoup de monde. Mais il est encore tôt. Gardons la foi !

Il est temps de récupérer le pass presse généreusement octroyé par l’organisation (NDR : en plus de l’entrée et du Nescafé gratuit dans la salle de presse, le petit rectangle plastifié me donne un accès illimité aux sourires des ‘dames-pipi’, ce qui n’est pas négligeable). Il est déjà 17h35 et au PPM, l’horaire doit être respecté à la minute près (NDR : ce sera une constante sur toute la durée du festival).

C’est à Goliath que revient le privilège (peu envié) de la première poussée d’adrénaline. Et le Namurois s’en sort plutôt bien malgré un public aux abonnés absents. Le groupe balance tout ce qu’il a de puissance en réserve. Son métal ultra-pesant qui semble marcher sur les plates-bandes de Gojira et de Mastodon fait mouche. Goliath aurait sans doute mérité une attention plus soutenue de la part des assoiffés qui, pendant leur set, sont plus nombreux à faire la file devant les comptoirs à tickets de boisson que devant la scène Oméga. Malheureusement, il faut bien un premier et Goliath s’en tire avec les honneurs !

Si vous êtes un lecteur assidu de ce webzine, vous êtes probablement inquiet. Cet article est déjà bien entamé et il n’y a encore aucune allusion à la présence de Bernie, l’immonde photographe keupon allergique au métal que je prends un malin plaisir à réquisitionner pour tous les concerts auxquels j’ai la chance d’assister (NDR : je sais, j’irai probablement en enfer pour de cela !). Rassurez-vous, la créature est bien de la partie. Cependant, le bougre est réticent à l’idée de s’enfiler trois journées entières de ‘power’ et de ‘progressif’ et il faut (chaque jour) lui botter l’arrière-train en chantonnant le “Hey Ho Let’s Go” qu’il affectionne tant pour qu’il se décide enfin à rallier le site du festival. Pour ce premier jour, l’affreux pointe le bout de son zoom sur le coup des 18 heures, juste à temps pour rejoindre d’autres mécontents dans le pit de la scène Alpha. Mécontents ? Eh oui, les photographes ont quelques raisons de l’être. Les lumières, qui sont si jolies vues du public, semblent être la cause d’un véritable calvaire pour nos amis chasseurs d’images. De plus, nos professionnels de l’instantané sont constamment obligés de disputer leur place, acquise au prix de douloureuses études de photographie, avec les ‘touristes VIP’ qui ont hérité d’un accès ‘photopit’ en achetant leur ticket au prix fort. Derrière son œil noir, Bernie me maudit et je sais déjà qu’il faudra de la bière, beaucoup de bière, pour que son joli faciès de biker retrouve enfin le sourire béat qui lui va si bien.


18h10. Les Hollandais de Methusalem ont vingt-cinq petites minutes pour convaincre l’assistance qui, entre-temps, s’est un peu étoffée. Si leur power métal classique n’apporte pas grand-chose de neuf, l’ambiance est plutôt sympathique. Le chanteur se démène pour remuer la foule (NDR : sans grand résultat) et les deux guitaristes proposent quelques agréables duels de guitare. Divertissant, à défaut d’être transcendant.

18h45. Première incursion du progressif pour ce PPM 2012 avec Odd Dimension. Le parterre clairsemé qui fait face à la scène Oméga ne rend vraiment pas justice au talent de ces musiciens italiens qui délivrent un set sans failles. Trente-cinq minutes, c’est probablement trop court pour pouvoir apprécier pleinement la richesse de ce métal progressif de haute volée.


Si vous avez lu dans nos pages les réponses de l’interview découverte à laquelle ils ont accepté de participer, vous savez déjà que les Norvégiens de Trollfest sont de grands malades. Et ce n’est pas leur prestation de ce vendredi au PPM qui démentira cette affirmation. Quelques mesures du classique “O Fortuna” de Carl Orff enchaînées à une entraînante aubade folklorique suffisent à installer l’ambiance du set. Dans le public, on saute et on danse dès les premières notes de cette cacophonie festive que le groupe désigne par l’appellation ‘True Norvegian Balkan Metal’. Grâce à un sens de l’humour décalé et une énergie communicative, le frontman (Trollmannen) n’a aucun mal se mettre le public du PPM dans la poche et, pour la première fois de la journée, le festival hennuyer prend vie. Le métal extrême, mâtiné de punk, soutenu par les notes folkloriques d’un accordéon et d’un banjo et les sonorités étranges d’un saxophone dissonant, fait littéralement trembler les fondations du Lotto Mons Expo tout en donnant lieu à quelques sérieux moshpits. Ceci à pour effet de rendre le sourire à mon pauvre Bernie. Assurément l’un des meilleurs moments de cette première journée festivalière.

20h20. La nuit est tombée sur Mons et, avec Septic Flesh, le changement d’ambiance est radical. Contrairement aux Norvégiens qui les ont précédés, les Grecs ne sont pas venus pour rigoler.

Le décor est planté : trois drapeaux sur lesquels sont représentés des crucifix. Le supplicié qui y pourrit n’a manifestement pas été ressuscité. Dès leur entrée en scène, la prestance des Hellènes impressionne. La basse tenue droite, semblant fixer chaque visage du public, Spiros Antoniou lance trois hurlements qui déchaînent l’enfer. Les grunts du vocaliste sont impressionnants de profondeur. La puissance dévastatrice absolue du death métal, combinée à de majestueux samples orchestraux cloue le public du PPM sur place. Comme hypnotisé, il répond comme un seul homme à chacune des invectives haineuses de l’angoissant vocaliste.

Après un tel déferlement de puissance venimeuse, le PPM Fest a bien besoin d’un moment de détente. L’entrée en scène de Korpiklaani est donc accueillie avec un enthousiasme démesuré. L’intro n’est pas encore terminée et les membres du groupe pas encore sur scène que déjà dans le public on chante, on danse et on fait la fête. À l’opposé de celui de Septic Flesh, le décor de Korpiklaani est reposant, voire même champêtre grâce, notamment, à un impressionnant pied de micro confectionné à partir du crâne et des bois d’un renne (NDR : ou d’un autre cervidé, les spécialistes de la nature excuseront mon ignorance en matière de bestiaux nordiques).

Clairement dans un registre folk-métal, la musique de Korpiklaani est cependant beaucoup moins violente que celle de Trollfest. Les titres joués ce soir parlent d’eux-mêmes, “Vodka”, “Wooden Pints”, “Happy Little Boozer”, “Beer Beer” : les Finlandais aiment picoler et faire la fête. Et ils joignent le geste à la parole en engloutissant entre chaque titre d’énormes lampées de vodka qui finissent par avoir un sérieux effet sur la diction et le sens de l’équilibre de Jonne Järvelä, le chanteur/guitariste du groupe. Mais peu importe. Personne ne s’en offusque puisqu’à Mons c’est l’ambiance ‘Fête Au Village’. Les premiers rangs dansent et chantent tandis que dans la salle entière les sourires se dessinent. Bernie, qui à cette heure avancée de la soirée à décidé de se la jouer ‘Straight Edge’ en buvant un Fanta, semble effaré par la quantité d’alcool qu’ingurgitent les Finlandais. Avec la grimace qui, chez lui, tient lieu de sourire, le keupon me glisse à l’oreille un attendrissant ‘Ça, j’aime bien, ça ressemble un peu aux Dropkick Murphys‘. Trop content de voir le gueux s’amuser un peu, j’omets de lui signaler qu’une fois de plus il n’a rien compris et que le folk métal finlandais, ça n’a vraiment pas grand-chose à voir avec le punk celtique américain. Les musiciens de Korpiklaani semblent apprécier fortement l’accueil que leur réserve le public montois. Un autre grand moment du fest, sans aucun doute.

22h50. Retour aux choses sérieuses avec Rhapsody Of Fire. Trop sérieuses sans doute puisque votre serviteur s’ennuie à mourir. L’intro pompeuse à souhait est enchaînée à un “From Chaos To Eternity” vraiment mollasson. De l’endroit ou j’ai planté mon volumineux embonpoint, le son est plus qu’atroce. La batterie est trop en avant, le clavier émet un étrange brouhaha et les guitares ne passent bien qu’au moment des soli. Malheureusement, Luca Turilli n’est plus là et, du coup, l’intérêt que j’éprouve pour les guitares est grandement amoindri.


Contrairement au son, la lumière est bonne et, pour une fois, les photographes s’en donnent à cœur joie pour immortaliser un Alex Strapoli posant derrière ses claviers et un Fabio Lione au chant souvent limite, dont le jeu de scène s’apparente plus à celui d’un chanteur de charme latin qu’à celui du guerrier légendaire dont ils nous content inlassablement les histoires. Pour quelqu’un qui, comme moi, apprécie grandement les albums du groupe, la déception est forte et le spectacle quasi insupportable.

D’un commun accord, nous décidons, Bernie et moi, de ne pas laisser ce fantôme de Rhapsody Of Fire menacer l’intégrité des excellents souvenirs que nous ont laissés Trollfest, Septic Flesh et Korpiklaani. Nous quittons le fest avant la fin du set des Italiens et rentrons prendre quelques heures de repos afin d’être au top pour la seconde journée qui s’annonce plus que chargée.

À suivre.

Les autres photos de

Methusalem
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Odd Dimension
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Trollfest


Septic Flesh
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Korpiklaani
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Rhapsody Of Fire

Photos © 2012 Bernard Hulet

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