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Les DANDY WARHOLS sans prise de risque à l’AB

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Infatigables troubadours des temps modernes, les Dandy Warhols reprennent la route afin de présenter leur nouvel album, “This Machine”, sorti voici quelques jours. Un album qui s’est quelque peu fait attendre mais qui renoue avec une certaine accessibilité. Ils étaient à l’Ancienne Belgique ce vendredi 27 avril.

Exactement comme il y a quatre ans dans la même salle, le groupe choisi pour assurer la première partie va débuter son set à 19h30 devant une assemblée plus que clairsemée. Les deux illuminés d’AK/DK vont même quitter la scène alors que la majorité des spectateurs traînaient encore soit au vestiaire, soit au bar. Ces derniers n’auront au final pas loupé grand-chose si ce n’est une curiosité sonore et visuelle.

Ainsi, la page Facebook de ce duo originaire de Brighton parle de SynthPunkNoiseCrunk et cela résume relativement bien leur style singulier. On est clairement dans une mouvance électro sauvage sans être agressive, sans doute grâce aux rythmes binaires presque enfantins. Chaque musicien a devant lui une batterie simplifiée et un synthé ou un sequencer qui lui permet de trafiquer sa voix, quand ce n’est pas un mégaphone qui est utilisé pour l’amplifier. Histoire de bien tenir les BPM, ils s’assistent parallèlement d’une boîte à rythmes. Autant vous dire que cela prend une structure infernale et colorée, à l’instar des cassettes audio qu’ils vendent au stand merchandising. Une curiosité, on vous le disait…

Cela fait quelques années maintenant que les Dandy Warhols partent dans un délire qu’ils sont sans doute les seuls à comprendre parfaitement. Autant “Odditorium Or Warlords Of Mars” (2005) que “…Earth To The Dandy Warhols…” (2008) n’étaient pas livrés avec la notice d’emploi, ce qui a eu pour effet de décourager beaucoup de leurs fidèles admirateurs qui avaient craqué sur le neo psychédélisme sous influence cher au début de leur carrière entamée voici dix-huit ans (Courtney Taylor-Taylor affirmera même pendant la soirée que “les Dandy Warhols ont atteint l’âge d’adultes immatures”).


Cela dit, “This Machine”, leur nouvelle livraison, a le mérite de s’ouvrir quelque peu et de se montrer nettement plus accessible. Certains diront même un peu trop, mais quel plaisir d’écouter un album du groupe de Portland dans l’Oregon (leur nom, ainsi que leur ville natale sont inscrits en immenses lettres sur un drapeau à l’arrière de la scène), sans avoir à se torturer l’esprit.

Néanmoins, le premier nouveau titre issu de cette nouvelle plaque n’arrivera qu’après une bonne quarantaine de minutes de prestation, sous la forme du pourtant excellent “I Am Free”. Avant cela, c’est l’album “Come Down” qui va fournir la majorité du matériel (retenons principalement la judicieuse intro “Be-In” et le très réussi “Good Morning”) ainsi que les deux singles poppy de “Welcome To The Monkey House” (“We Used To Be Friends” et “You Were The Last High”). Un début de rêve pour les fans, mais un petit quelque chose de trop peu pour les curieux comme nous, qui étions impatients de goûter à de nouvelles choses.

Ces nouvelles compositions vont malheureusement se heurter ce soir à la relative indifférence de spectateurs peu curieux et manifestement pas prêts à découvrir aujourd’hui ce qu’ils vont peut-être vénérer demain. Le musicalement très riche “Sad Vacation” ainsi que l’étonnamment calme et mâtiné de mélodica “Well They’re Gone” pourraient effectivement devenir incontournables à l’avenir. À leur décharge, il est vrai qu’elles manquent encore un peu de pratique, malgré un potentiel bien réel.


Bien évidemment, une prestation des Dandy Warhols repose souvent sur des aléas qui ont trait aux substances pas toujours très légales que les membres absorbent, et à quel moment ils le font. Ce soir, visiblement, le timing était parfait, même si quelques longueurs seront à déplorer (“I Love You” au final stroboscopique par exemple) et si la voix de Courtney Taylor-Taylor aura quelques ratés. Rien de bien grave toutefois par rapport à ce qu’il lui est arrivé de montrer par le passé. Celui-ci arbore désormais un petit chignon et aura par moments beaucoup de mal à accorder sa guitare. À ses côtés, le guitariste Peter Holmström est coiffé d’un couvre-chef que n’aurait pas renié Robin des Bois alors que la chevelure hirsute du batteur Brent Deboer le caractérise toujours autant que sa manière très rigide de jouer. Seule la claviériste (et à ses heures bassiste) Zia McCabe semble s’être assagie avec le temps et qui, ce soir, porte une tenue anormalement sobre dans son chef.

Paradoxalement, c’est la version acoustique d’“Every Day Should Be A Holiday”, interprétée par le chanteur seul à la guitare, qui va être le détonateur d’une fin de prestation puissante. À moins que ce ne soient les hits du classique “Thirteen Tales From Urban Bohemia” qui, directement après “The Autumn Carnival” (sans doute le meilleur extrait du nouvel album), vont électriser la salle. “Bohemian Like You”, “Get Off” et “Horse Pills” mis bout à bout vont notamment provoquer des cris d’hystérie autour de nous. Un scénario quelque peu surréaliste mais malheureusement bien réel. Nombre de spectateurs ne viennent que pour entendre les tubes et se permettent même d’être dissipés lorsqu’un riff ne parle pas directement à leurs oreilles.

Cependant, un envoûtant “Godless” va mettre de côté ces réflexions et nous emmener vers d’autres cieux, qui se verront subitement brisés par l’annonce du dernier titre, le bien nommé “Country Leaver” aux influences plus roots et western (un final constant depuis quelque temps maintenant). Une fois n’est pas coutume, après que les lumières se soient rallumées, le groupe reviendra pour un ultime morceau. “Boys Better” va ainsi compléter la kyrielle de singles joués ce soir, achevant de faire ressembler le concert à un set best of plutôt qu’à la découverte du nouvel album. Finalement, au vu des réactions, c’était ce que la majorité du public souhaitait…

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Photos © 2012 Julie Rossini

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