ArticlesConcerts

The CRIBS au Bota : de l’énergie à revendre

0 Shares

Adeptes d’un esprit punk rock sans concession, les Cribs ont toutefois mis un certain temps avant d’obtenir une reconnaissance de la part de leurs pairs tout d’abord, du public indépendant anglais ensuite. À l’aube de sortir leur cinquième album, “In The Belly Of The Brazen Bull”, le trio de Wakefield était de passage au Botanique ce samedi 28 avril. Malheureusement, le public belge, lui, ne se sent pas encore concerné et c’est dans une Orangerie à moitié remplie que s’est déroulée la soirée. Heureusement d’ailleurs que les jeunes Nivellois de Hey Yeah!, le groupe choisi pour assurer la première partie, avaient emmené avec eux la moitié de leur classe. En tout cas, on peut dire que l’un et l’autre ont rempli leur rôle à la perfection au vu de la température déjà bien élevée qui régnait dès le titre d’ouverture.

Largement influencés par la scène de Manchester, ils vont mettre en avant des compositions déjà bien aguerries. Les Smiths ne sont jamais très loin (le chanteur au look de rockeur partage les mêmes intonations que Morrissey) et, visuellement, les Stone Roses non plus (cfr la coiffure du bassiste qui en fait peut-être un peu trop dans le feu de l’action). Sur scène, ils ont une aisance qui étonne et qui pourrait leur permettre de prétendre à une future exposition plus large, et pas seulement dans le sud du pays, à l’instar de BRNS dans un autre registre. Mentionnons également leur efficace version du “It’s A Sad Sad Planet” des Evil Superstars, revisité avec brio. Rien que du positif, donc, si ce n’est ce nom qui a tendance à leur ôter une once de crédibilité.

Les Cribs et le Botanique, c’est une réelle histoire de cœur, même si cela fait un petit temps maintenant qu’ils n’y ont plus déposé leurs amplis. Rappelons leur passage à l’Orangerie lors des Nuits 2004 en support de The Veils et, l’année suivante, à la Rotonde, lorsqu’ils avaient assuré la première partie de leurs potes Kaiser Chiefs avant que ces derniers ne deviennent des stars. Ceux qui y étaient se souviennent de la tournure bien rock ‘n’ roll de la soirée.

Leur nouvel album “In The Belly Of The Brazen Bull” arrive dans les prochains jours et voit le groupe revenir à ses racines familiales, suite à la fin de l’aventure éphémère avec le légendaire Johnny Marr qui n’aura finalement participé qu’à l’album précédent (le très réussi “Ignore The Ignorant”) et de la tournée qui a suivi. Les frères Jarman se retrouvent donc entre eux sur scène, si ce n’est qu’ils ont fait appel à un guitariste de tournée sur lequel pourrait dès lors planer une certaine pression.

Quoi qu’il en soit, ils ne vont se poser aucune question et débouler sur scène tels des rouleaux-compresseurs avec déjà un nouveau titre destructeur, “Chi-Town”, qui va attraper le public à la gorge. Il ne faudra en effet pas plus de trente secondes à Ryan Jarman pour envoyer fougueusement son micro par terre et se voir obligé d’emprunter celui de son frère en catastrophe. Un début en fanfare un peu moins violent toutefois qu’en 2005 où il s’était ouvert la lèvre dès l’entame du concert, laissant apparaître un menton ensanglanté durant toute la prestation. Un Ryan Jarman au look complètement débraillé et à la manière toute particulière de se produire de profil en surplombant son micro. Mais surtout un Ryan Jarman qui chante beaucoup plus juste que par le passé.

À la fin du second titre (“Hey Scenesters!”), le batteur Ross Jarman se retrouvera debout sur son instrument tandis que le nouveau guitariste, lui, va passer le concert à sauter à pieds joints. Finalement, c’est encore Gary Jarman, le plus posé d’entre tous, qui va compléter les vocaux d’une manière plus sage. Encore qu’avec les Cribs, ce terme doit être utilisé avec les précautions d’usage puisque la puissance est de mise à chaque instant, comme le démontreront notamment “Cheat On Me” et le remuant “Baby Don’t Sweat”.

Cela dit, ce soir, la priorité allait avant tout vers la découverte de nouveaux titres encore inédits. À première écoute, on se retrouverait plutôt dans la mouvance du deuxième album (“The New Fellas”) avec des compositions plus brutes et moins lisses que celles qui parsèment la partie la plus récente de leur carrière. Un apparent retour aux sources surtout remarqué sur le single avant-coureur (“Come On, Be A No-One”), “Anna” et “Jaded Youth”, les plus évidentes du lot.

Pour le reste, avec des hits underground comme “I’m A Realist”, “We Were Aborted” ou “Men’s Needs”, il est presque évident de considérer les Cribs comme un groupe injustement sous-estimé. Un groupe culte, à l’instar, toutes proportions gardées, de Sonic Youth, dont le guitariste Lee Ranaldo va apparaître subitement sur l’écran à l’arrière de la scène pour “Be Safe”, une collaboration détonante dont la vidéo avait déjà été dévoilée au Pukkelpop voici deux ans.

En bons rebelles, le groupe disparaîtra aussi rapidement qu’il est venu, n’adhérant pas au concept des rappels. Ceci dit, le final du concert attaquera les oreilles avec la bombe qu’est “Mirror Kissers” et le graduel “City Of Bugs” au volume sonore démesuré. Une prestation nerveuse et rafraîchissante à la fois qui montre que non seulement les frangins des environs de Leeds ont surmonté le départ de Johnny Marr, mais surtout qu’ils ont gagné en maturité tout en conservant leur fougue. Sur scène en tout cas…

Laisser un commentaire

Music In Belgium