Nuits Botanique 2012 : un début en force avec BOMBAY BICYCLE CLUB
Comme chaque année à pareille époque, le Botanique se pare de ses plus beaux atours pendant la dizaine de soirées que durent Les Nuits. Au programme, un éclectisme subtilement dosé qui a la particularité de contenter tout un chacun grâce à une affiche représentative de la scène musicale actuelle. Ce jeudi 10 mai, pour la soirée d’ouverture, pendant que les Ting Tings se produisaient au Cirque Royal, Bombay Bicycle Club inauguraient le Chapiteau.
Au rayon des nouveautés cette année, pointons une sensible amélioration de la diffusion des informations grâce à des écrans géants judicieusement installés dans les couloirs ainsi qu’une présence policière omniprésente sans pour autant devenir dérangeante. D’un point de vue strictement musical, on allait bien vite se rendre compte de l’effort conséquent apporté au son du Chapiteau qui avait tendance à passer au second plan par le passé.
Ce sont les Liégeois de Malibu Stacy qui allaient avoir le privilège de fouler les premiers la scène de l’endroit en question alors qu’à l’extérieur, une averse soutenue encourageait les spectateurs à se réfugier sous la structure installée dans les jardins du site. Comme ils se plairont à le faire remarquer, il s’agit de la troisième fois qu’ils se produisent aux Nuits Botanique (on se souvient notamment du support des Babyshambles en 2006). Avec “We Are Not From”, ils ont signé l’an dernier un retour remarqué sur disque. En revanche, la scène reste un de leurs points faibles et leur prestation de ce soir ne va pas déroger à la règle.
La faute principalement à un manque d’image, à l’instar de la grande majorité des groupes issus du sud du pays, ainsi qu’à une communication avec le public souvent très banale. De plus, le fait qu’ils soient sept sur scène (dont deux batteurs qui jouent en vis-à-vis) rend par moments les compositions assez brouillonnes, alors qu’elles devraient étaler toute leur richesse, au vu du nombre d’instruments utilisés sur scène. À ce propos, le musicien qui agit en tant qu’électron libre a pris une certaine importance par rapport à précédemment, courant baguettes en mains d’un côté à l’autre de la scène pour apporter des parties de percussion supplémentaires.
Ceci dit, quelques bons moments seront à retenir, principalement extraits de leur dernière livraison, comme “All Saint’s Day” aux envolées nerveuses bien senties ou le single “The Road Is Dead”. Paradoxalement, l’inédit qu’ils vont interpréter ce soir, musicalement dans la lignée de leur travail récent, va se révéler quasi plus intéressant que leur hit single “Los AnGeles”, certes retravaillé mais pas aussi efficace qu’espéré. Une petite déception qui pourrait très bien ne plus être qu’un mauvais souvenir d’ici deux mois au Dour Festival.
Les Londoniens de Bombay Bicycle Club ont petit à petit gravi les échelons de la reconnaissance en même temps qu’ils remplissaient les salles du Botanique. Le Witloof Bar était déjà trop petit en 2009, à l’instar de l’Orangerie qui débordait en novembre dernier. Il faut dire que leur troisième album, “A Different Kind Of Fix”, les a propulsés parmi les groupes majeurs de la scène indépendante britannique. Et, avec ce qu’ils ont montré ce soir, ce n’est que justice.
En effet, ils vont donner un concert d’une grande intensité, en mettant à profit le son limpide et puissant qui s’échappe désormais des enceintes du Chapiteau. Dès les premières mesures d’“How Can You Swallow So Much Sleep”, on les a sentis bien en place. Les excellents “Your Eyes” et “Dust On The Ground” allaient ensuite confirmer cette impression initiale, surtout que l’utilisation judicieuse des stroboscopes allait donner encore plus d’intensité à ces titres déjà bien prenants à l’origine (“Lamplight”, un peu plus tard, allait magistralement étayer cette constatation).
Jack Steadman, le leader aux cheveux mi-longs, a l’air heureux d’être là. En tout cas, son sourire et sa bonne humeur apportent un plus indéniable à l’image du groupe, comme Gary Lightbody de Snow Patrol peut le faire également. À sa gauche, le bassiste Ed Nash a toujours l’air d’un gros bébé joufflu alors que le guitariste Jamie MacColl et le batteur Suren de Saram complètent un line-up parfaitement complémentaire. Un peu plus en retrait, on reconnait Lucy Rose, l’artiste qui avait assuré leur première partie en novembre dernier et qui viendra sur le devant de la scène pousser la chansonnette à l’une ou l’autre occasion (“Lights Out, Words Gone” notamment, lointain cousin de la célèbre comptine “Frère Jacques”).
Leur versant acoustique ne sera pas oublié lorsqu’ils vont se fendre de deux extraits de “Flaws”, leur surprenant album enregistré quasi sans amplification mais avec autant de conviction. “Rinse Me Down” à la guitare sèche tout d’abord, “Ivy & Gold” ensuite dans une version country presque cowboy qui ferait rougir Mumford & Sons, pour le plus grand plaisir d’un public très réceptif. Ce ne sera d’ailleurs pas la seule direction insolite empruntée ce soir car “Beg” va réussir à marcher sur les plates-bandes de The Rapture ou de LCD Soundsystem au travers d’arrangements disco enveloppés d’une délicieuse basse dominante et groovante à souhait.
Leur set principal se terminera sur les chapeaux de roue avec un “Always Like This” qui achèvera de conquérir un public chaud comme la braise avant qu’un duo de jeunes islandaises typiques ne viennent apporter un rien de grâce et de douceur dans les chœurs à “The Giantess”, qui verra également Lucy Rose se joindre à elles pour quelques pas de danse.
Les deux titres en rappel, les efficaces “Shuffle” et “What If” seront en quelque sorte les cerises sur un gâteau déjà bien savoureux jusque là. Pour preuve, la moiteur d’un Chapiteau qui venait de vivre son premier grand moment des Nuits 2012. Next step pour Jack Steadman and co : The Barn, la nouvelle scène de Rock Werchter, le jeudi 28 juin.