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Nuits Botanique 2012 : Neil HANNON (The Divine Comedy) en solo, so British

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Changement radical de style dans le Chapiteau des Nuits Botanique ce samedi 12 mai puisqu’au lendemain de la prestation explosive de The Rapture, c’est à un environnement plus feutré auquel était convié le public. Neil Hannon, la tête pensante de The Divine Comedy, avait en effet été invité dans le cadre d’un événement spécial présenté sous l’intitulé An Evening with Neil Hannon

Annoncé sur le tard, ce concert allait toutefois connaître un certain succès de foule, même si la pauvre Noa Moon s’est vue contrainte de débuter les festivités devant une poignée de spectateurs seulement. Il est vrai que monter sur les planches à 19h30 un samedi soir n’est sans doute pas le gage de rassemblement de foule idéal. Ceci dit, cela n’a pas empêché cette jeune Bruxelloise de remarquablement titrer son épingle du jeu en proposant un set qui allait parfaitement introduire la soirée.

Même si son single “Paradise” tourne pour l’instant intensivement sur les ondes, ce petit bout de femme a démontré qu’elle avait bien d’autres cordes à son arc. À commencer par sa voix sucrée qui par moment peut faire penser à celle de Nina Persson (Cardigans) ou de Selah Sue. Cette dernière a certainement été une inspiration prépondérante pour la demoiselle qui est de plus parfaitement à l’aise sur scène. Son jeu de guitare mène la danse mais les musiciens qui l’accompagnent (un batteur et un bassiste) forment avec elle un trio redoutable d’efficacité, où chaque instrument se retrouve parfaitement en place (avec une mention particulière pour la basse omniprésente).

En résumé, ce qui, de prime abord, nous faisait penser à un trio de folk acoustique comme il en existe tant d’autres s’est peu à peu transformé en une belle surprise qui nous confirme le réel potentiel de la belle, qui pourrait sans aucun problème tenir tête à une certaine Laura Marling, par exemple. Un EP fraîchement sorti fait office de première carte de visite. En attendant la suite avec impatience.

Sans réelle activité récente (le dernier album de The Divine Comedy, “Bang Goes The Knighthood”, date de 2010), Neil Hannon sélectionne avec parcimonie ses activités publiques. Ainsi, le concert de ce soir sera l’un des rares événements à son agenda cette année. Une sorte d’exclusivité pour le Botanique avec qui il entretient d’excellents rapports depuis le début de sa carrière. Le bonhomme avait notamment joué aux Nuits en 2001, à l’époque où elles se déroulaient encore fin septembre.

Cela dit, aujourd’hui, le concept sera radicalement différent puisqu’il va majoritairement se produire seul derrière un piano, n’attrapant une guitare acoustique que pour une poignée de chansons. Quelque part entre music-hall et piano-bar, il va en tout cas en jeter dès son apparition sur scène en portant un costume très classe. Il faut dire qu’il a le style du perfect gentleman anglais.

Entamé avec “Assume The Perpendicular”, son set va se montrer d’emblée captivant. Neil Hannon va en effet, simplement avec sa voix et son instrument, capter l’attention d’un auditoire particulièrement respectueux. Car ce type a un humour incroyable, accentué par un langage du corps très expressif. Un régal pour les anglophiles qui vont savourer ses interventions quatre étoiles à leur juste valeur. Et elles seront nombreuses, notamment lorsqu’il va stopper certains titres en plein milieu, demandant l’aide du public pour lui rappeler certains textes (“Your Daddy’s Car”, “I Like”), ou lorsqu’il en introduira d’autres de façon originale (“The Complete Banker” en citant les pays européens en difficulté financière par exemple). N’oublions pas non plus la bouteille de vin posée sur le piano, qui lui permettra à quelques reprises de remettre ses idées en place.

Après un début en fanfare dont le sommet sera “Something For The Weekend”, l’ambiance va retomber d’un cran avec des titres plus pointus (“Bang Goes The Knighthood”, “When The Lights Go Out All Over Europe”). Mais ce n’était que pour mieux remonter par la suite, lorsqu’il passera à la guitare pour une série de titres retravaillés pour la circonstance, même si le très beau “A Lady Of A Certain Age” paraîtra un rien moins intense qu’à l’accoutumée. En revanche, “Songs Of Love” permettra au public de siffler à l’unisson, donnant au passage un cachet inédit au morceau, à l’instar des claquements de doigts généralisés sur “At The Indie Disco” une quinzaine de minutes plus tard.

C’est toutefois au piano que Neil Hannon s’en tire le mieux, surtout que ses compositions, à la base déjà très lyriques, prennent une autre dimension dans cette formule, à l’instar du discret “Snowball In Negative” qui va mettre en avant le talent de pianiste de l’artiste, particulièrement pris dans son art à ce moment de la soirée.

Les hits vont alors s’enchaîner et faire grimper la température dans un Chapiteau définitivement conquis. Les excellents “Generation Sex” et “Everybody Knows (Except You)”, bien qu’orphelins de leurs majestueuses cordes, vont tenir la route rien qu’avec le doigté de Neil Hannon en parfaite fusion avec les touches de son instrument. Un peu plus loin, le toujours aussi émouvant “Our Mutual Friend” va décocher des flèches d’émotion en plein cœur des spectateurs qui vont lui faire un triomphe au terme de “Tonight We Fly” avant qu’il ne quitte la scène.

Il reviendra pour deux titres supplémentaires dont l’interprétation va achever de rendre la soirée magique. L’entraînant “National Express” (son seul top 10 anglais en 1999) suivi du délicat “The Summerhouse”. Une prestation comme on les aime, empreinte de simplicité, d’émotion et de communion. Cette année, aux Nuits, pas de création avec l’Ensemble Musiques Nouvelles ni de collaboration avec le Mons Orchestra, mais le seul Neil Hannon qui est parvenu à apporter une touche lyrique à la manifestation. Et au Chapiteau, ce n’était pas gagné d’avance…

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