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DOUR FESTIVAL 2012 (jour 1) : de la pluie pour FRANZ, CARIBOU et BLACK BOX

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Pour sa vingt-quatrième édition, le festival de Dour n’a pas failli à sa réputation. Le parfait équilibre entre programmation éclectique, prix plus que raisonnable et ambiance festive était de mise comme à l’accoutumée. Ce qui n’était pas prévu, en revanche, c’est la météo dantesque qui a fait vivre un cauchemar aux festivaliers. Mais il en fallait plus pour rebuter l’équipe de Music in Belgium qui a, comme chaque année, vaillamment assuré sa mission. Ceci dit, tout avait bien commencé. À l’heure du déjeuner, l’herbe encore vierge du site nous tendait les bras et le soleil inondait l’espace détente qui jouxte La Petite Maison Dans La Prairie, la scène qui allait marquer le début des festivités. De plus, le passage initial au stand presse nous a permis de revoir bon nombre de visages familiers et de nous rendre compte, une fois encore, que les journalistes sont toujours autant choyés sur la plaine de la machine à feu.

Les nouveautés de cette année avaient surtout trait au confort des festivaliers qui bénéficient désormais d’un espace agrandi grâce à une réorganisation judicieuse des scènes. Ainsi, celle mentionnée ci-dessus se trouve désormais à l’entrée du site alors que la Red Bull Elektropedia Balzaal, l’espace exclusivement dédicacé aux musiques électroniques, a été déplacée à proximité de la Cannibal Stage. Rien de bien révolutionnaire au demeurant si ce n’est que les déplacements se sont vus fluidifiés lors des grosses affluences…

Soit, place à la musique avec les Liégeois de Roscoe qui ouvraient le bal en venant présenter “Cracks”, leur premier album sorti tout récemment. Déjà excellents dans leur jardin des Ardentes la semaine dernière, ils ont confirmé tout le bien que l’on pensait d’eux grâce à un set équilibré qui a bien vite vu leur single “Enemies” emballer la foule. Mais ce qui impressionne surtout, c’est la manière dont leurs compositions évoluent au fur et à mesure de leurs prestations.


Résolument taillées pour la scène, elles se montrent tantôt tendres (“Lowlands”) tantôt prenantes (“Knives” fait résolument penser à Archive) quand elles ne sont pas nerveuses (“Things To Solve”). Cela fait un petit temps qu’on les suit (depuis le support des Maccabees à la Rotonde en juin 2009 pour être précis) et ils ont clairement franchi un palier qui devrait leur permettre de briguer rapidement une position plus enviable sur les affiches.

On ne le savait pas encore mais ce début en fanfare allait conditionner notre après-midi. Non pas que les groupes suivants ne méritaient pas le détour mais la barre avait été placée tellement haut que les prestations proposées par ceux-ci ne parvenaient pas à surpasser l’intensité de celle des principautaires. Pour l’anecdote, on a d’ailleurs eu l’occasion de voir ces derniers quelques minutes au stand presse lors de leur participation au concept Scène de Bain, un projet qui voit les groupes jouer sans amplification dans une salle de bains grandeur nature (plus d’infos sur
www.scenedebain.com
).

Ainsi, autant Juveniles (à prononcer à la française, apparemment) que La Femme nous ont laissés sur notre faim. Les premiers conjuguent Bloc Party aux Klaxons avec une déclinaison de Late Of The Pier, mais auraient certainement fait meilleure impression en 2007 en pleine explosion nu-rave. Les seconds mettent en avant une pop en français axée sur des synthés et des percussions. Un genre de Vive La Fête, mais l’excentricité et l’énergie en moins. Ceci dit, lorsqu’une voix masculine et une guitare s’en mêlent, on voit un autre groupe qui flirte avec le rock français de la fin des années 70. Encore un rien inconstant malgré des idées qui commencent à se mettre en place.

Mais c’est l’artiste suivant qui a suscité le plus d’interrogations (ou de stupéfaction, c’est selon). Merdan Taplak a le mérite de sortir de l’ordinaire et de rester fidèle à ses racines, peu importe le public présent. Ce DJ anversois propose un mélange inédit de rap à la Sisqo, de dub et de r’n’b, le tout sur fond de musique orientale et de beats infernaux. Visuellement, cela vaut le détour puisqu’outre un accordéon, on retrouve également une flûte digne des dresseurs de serpents ou d’accompagnateurs de danseuses du ventre.

Un univers particulier qui a mis le feu au ClubCircuit Marquee mais qui nous a poussés à nous rendre sous la Petite Maison Dans La Prairie afin de jeter une oreille à CasioKids. On ne vous apprendra rien en mentionnant que ces Norvégiens utilisent à profusion leurs synthétiseurs qu’ils mettent à profit pour baliser leurs compositions finalement très pop dans un registre proche de celui de Two Door Cinema Club. Sans doute un peu trop gentil pour nos oreilles qui commençaient tout doucement à réclamer quelques bons riffs de guitares.


Ceux-ci allaient arriver juste après la prestation de School Is Cool que l’on analysera plus en profondeur aux Lokerse Feesten le 8 août prochain. Les vainqueurs de l’édition 2010 du Humo Rock Rally y partageront notamment l’affiche avec Suede et Black Box Revelation. Et justement, ce sont ces derniers qui s’apprêtaient à monter sur la Last Arena. Malheureusement, c’est aussi à ce moment-là que la pluie a commencé à tomber par intermittence…

Brutes, énergiques et puissantes, les compositions du duo ne vont laisser aucun répit à un public visiblement averti. Arrivé en anorak, le chanteur guitariste Jan Paternoster terminera le set la chemise ouverte jusqu’au nombril pendant que son compère le batteur pieuvre Dries Van Dijck se dépensera sans compter, comme il en a l’habitude.

Véritables bêtes de scène et musiciens hors pair, on pourrait toutefois leur reprocher d’allonger à outrance certains titres qui finissent dès lors par perdre de leur fraîcheur (on pense au pourtant excellent “I Think I Like You”). Par contre, rien à redire pour “Rattle My Heart”, “High On A Wire” ou autre “My Perception”, qui impressionnent littéralement.

C’est alors que le déluge a commencé, pour ne pas s’arrêter avant le lendemain matin. Heureusement, la quasi-totalité des scènes de Dour sont couvertes, permettant aux festivaliers de se retrouver au sec pendant les concerts. Ceci dit, ni Great Mountain Fire (de retour pour la seconde année consécutive), ni Montevideo (qui venaient présenter en primeur leur nouvel album à sortir à la rentrée) n’ont altéré notre besoin de casser la croûte. Il faut dire qu’ils tournent assidument et qu’ils étaient tous deux à l’affiche des récentes Nuits Botanique.

“My Name Is Stain”, l’imparable single de Shaka Ponk, tourne actuellement en boucle sur les radios, mais c’est avant tout leur réputation scénique qui nous a attirés pour notre premier passage du festival dans le Dance Hall. Et à ce niveau-là, on n’a pas été déçu. Si musicalement, leur style a tendance, malgré les guitares en avant, à ne pas affoler les rockeurs (on pense à du Marilyn Manson en plus poppy), le visuel vaut clairement le détour. Un régal pour les photographes mais aussi et surtout pour le public qui se délecte dans un premier temps d’ombres chinoises au centre d’un énorme tambourin sur fond rouge qui sert d’écran.

C’est sur ce même écran que sont également projetées les vidéos travaillées (dans un esprit jeu vidéo) mettant en scène Mr. Goz, le singe virtuel qui chante en même temps que les membres du groupe. Il faut à ce propos souligner l’impeccable travail de lipping qui apporte une plus-value évidente à l’environnement musical, même si celui-ci a dès lors tendance à passer au second plan (tiens, c’est également ce que l’on reproche à l’ami Brian Warner, finalement). Un bon petit moment sans prétention, mais efficace malgré tout. Et pendant ce temps, Selah Sue distillait ses compositions sucrées à des spectateurs en train de se faire rincer…


Rappelez-vous, le concert de Caribou aux Nuits du Bota avait été notre concert de l’année 2011. Un argument suffisamment convaincant que pour considérer la venue du projet du génial Daniel Snaith sous le ClubCircuit Marquee comme incontournable sur notre feuille de route. Malheureusement, pour une fois, il va nous laisser sur notre faim. Était-ce la faute à un son trop peu puissant ou à un jour de moindre inspiration pour le gaillard ? A priori, la première proposition tiendrait plutôt la route car ceux qui avaient réussi à se faufiler dans les premiers rangs ont visiblement assisté à une autre prestation que nous.

Pourtant, après une dizaine de minutes de mise en place, on pensait vraiment que “Leave House” allait marquer le début d’une tuerie. Tout allait en effet dans ce sens : les musiciens en cercle au milieu de la scène pour un maximum de vibes positives, des jeux de lumière efficaces et surtout un potentiel de tubes dans le pipe-line. Mais voilà. À de rares exceptions près (“Found Out”, “Bowls”), on n’a pas ressenti ce que l’on était venu chercher. La fin du set a peut-être rattrapé le reste mais on n’était déjà plus là pour le final à rallonge, “Sun”. En effet, la Last Arena nous tendait les bras pour la première grosse tête d’affiche du festival.

Car Franz Ferdinand, c’est du lourd. Bien qu’ils se soient montrés plus ou moins discrets ces derniers temps (Alex Kapranos vient toutefois de produire le premier album de Citizens!), le quatuor écossais qui avait défrayé la chronique en 2004 avec leur excellent premier album peut toujours compter sur une pléiade de fans en furie, malgré la pluie qui tombait désormais à seaux sur le site.

Ils avaient promis de mettre en avant du nouveau matériel (leur quatrième opus devrait sortir d’ici la fin de l’année) et ils allaient tenir parole, même si c’est avec “Michael” que la fête a débuté. Rien à redire par rapport aux extraits de leur album éponyme, ce sont toujours des hymnes qui n’ont pas pris une ride (“Take Me Out”, “40′” qui a vu le public chanter à tue-tête avec le groupe, “The Dark Of The Matinée”,…). En revanche, ce qui a sauté aux oreilles, c’est la relative indifférence affichée par les spectateurs au son des nouvelles compositions proposées ce soir. Pourtant, même si elles ne sont bien évidemment pas encore familières à l’oreille, elles possèdent un potentiel bien réel, surtout que le groupe a tendance à retourner vers ses racines plus rock et moins arty.

Ils ont en tout cas l’air de bien s’amuser sur scène et la nouvelle petite moustache d’Alex Kapranos, même si elle ne lui va pas du tout, peut prêter à sourire. Le bassiste joufflu Bob Hardy a conservé son capital sympathie, le guitariste Nick McCarthy son clin d’œil jovial et le batteur Paul Thomson son dynamisme. Outre ces quelques nouvelles compositions, leur discographie a été largement ratissée, avec une petite préférence à “Walk Away”, “Do You Want To”, “Ulysses” et “Can’t Stop Feeling” qui incorporait en filigrane un hommage à Donna Summer avec une interprétation de son tube “I Feel Love”. Un concert plein, dynamique et incontournable ponctué, comme le veut la tradition par la bombe qu’est “This Fire”. Nice to have you back, lads…

C’est alors que l’on s’est rendu compte qu’il n’avait pas encore arrêté de pleuvoir depuis Black Box Revelation un peu plus tôt dans la journée et que le site commençait à se gorger d’eau. D’un point de vue musical, il était temps pour les rockeurs de faire place aux clubbers après une première journée finalement pas si anodine que cela…

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Photos © 2012 Olivier Bourgi

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