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LOKERSE FEESTEN 2012 : SUEDE en mode nostalgie

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Événement devenu incontournable au fil des ans, les Lokerse Feesten ne faiblissent pas. Au contraire, pour la 38e édition, les organisateurs sont de nouveau parvenus à attirer de gros poissons au programme d’une affiche éclectique à souhait, proposée à un prix défiant toute concurrence dans un environnement bon enfant. Ce mercredi 8 août, c’est Suede et Black Box Revelation qui se produisaient sur le Grote Kaai. Ceci dit, l’apéro avait été confié à School Is Cool, les vainqueurs de l’édition 2010 du Humo Rock Rally, le célèbre concours découvreur de talent dans le nord du pays. Les Anversois ont sorti leur premier album (“Entropology”) l’an dernier et sont à l’affiche de quasi tous les festivals belges cet été. Quelque part entre Arcade Fire et Balthazar, leurs compositions s’axent principalement sur des percussions (il n’est pas rare de voir les quatre musiciens attraper des baguettes) et des nappes de synthés.

Un environnement relativement pop, donc, qui a tendance à parfois devenir linéaire, surtout que la voix ne sera pas vraiment mise en valeur, au même titre qu’un violon en toute fin de set qui passera assez inaperçu. En revanche, il est impossible de s’ennuyer en les regardant à l’œuvre, vu qu’ils ne tiennent pas en place et qu’ils ont chacun leur personnalité. Si le chanteur a un look de star, c’est toutefois le gros bébé joufflu percussionniste qui met l’ambiance avec ses pas de gymnastique improvisés. Notons au passage un excellent nouveau morceau très coloré (qu’ils avaient déjà joué à Dour en invitant les festivaliers à entamer un… circle pit) et une excellente cover du “Road To Nowhere” des Talking Heads en guise de rappel, le tout dans une ambiance détendue.

Outre le fait d’être omniprésent sur le circuit des festivals cet été, les deux rockeurs de Black Box Revelation partagent un autre point commun avec School Is Cool. C’est également le Humo Rock Rally qui les a révélés, si ce n’est qu’ils sont arrivés à la seconde position en 2006 (derrière The Hickey Underworld). Depuis, leur ascension a été aussi fulgurante qu’exponentielle, atteignant même le privilège de se produire en première partie de Beady Eye et de Jane’s Addiciton aux États-Unis mais aussi de se voir invités au Late Show de David Letterman en juin dernier.

Bref, il n’en faut pas plus pour comprendre que ce duo originaire de Dilbeek écrase tout sur son passage. Il en sera d’ailleurs de même lorsque le chanteur guitariste prodige Jan Paternoster et le batteur aux quatre bras Dries Van Dijck vont prendre d’emblée le public à la gorge avec “I Think I Like You”. Même si la version qu’ils proposent désormais présente quelques longueurs, ce n’est que pour mieux se positionner au moyen de versions explosives de titres comme “Run Wild”, “High On A Wire” ou “My Perception” qui semblent encore avoir gagné en puissance depuis le début de l’été. À tel point qu’il est parfois bon de jeter un œil curieux sur scène pour se rendre compte qu’ils ne sont que deux, mais qu’ils dégagent autant d’énergie qu’un full band.

La voix délicieusement nasillarde et les riffs incendiaires du leader répondent du tac au tac aux roulements infernaux du batteur, avec, depuis le public, une réelle vision sur une alchimie entre deux musiciens parfaitement complémentaires. Mention à un phénoménal “Set Your Head On Fire” qui ne fera qu’amplifier les acouphènes d’un public plein de dévotion. Il est évident qu’ils ne vont pas en rester là…

Depuis la reformation de Suede voici deux ans (dans son line-up de 1996, c’est-à-dire sans Bernard Butler), le toujours aussi smart Brett Anderson emmène inlassablement son groupe sur les routes. On se souvient de leur excellentissime concert au Cirque Royal en novembre 2010 ainsi que d’une prestation nettement moins convaincante à Dour l’an dernier devant un public clairsemé, le tout sous une pluie battante qui n’arrangeait rien.

Ce soir, pas une goutte de pluie à l’horizon et, dans le même temps, toujours pas d’annonce officielle quant à un nouvel album du groupe, qui serait toutefois en préparation. Et à l’écoute du seul nouveau titre joué aujourd’hui (“Sabotage”), on a tendance à affirmer que cela est bien dommage tant l’intensité dégagée par cette nouvelle composition nous a paru évidente au premier coup d’oreille.

Ceci dit, les festivaliers s’étaient surtout déplacés avec l’idée d’entendre le fonds de commerce du groupe et, à ce niveau-là, ils ne seront pas déçus, car la quasi-totalité du set sera extraite des trois premiers albums. “Killing Of A Flashboy” (l’excellente face B de “We Are The Pigs”) et “Can’t Get Enough” (un des singles de “Headmusic” en 1999) seront les exceptions à la règle. On a dès lors une nouvelle fois eu l’occasion de constater quelle machine à tubes ils ont été lors de leur période dorée, entre glam et britpop.

Mis à part quelques approximations sonores en tout début de set (“We Are The Pigs” et “Trash” seront gâchés), on assistera à une prestation sans faille, offerte par un groupe aux rouages parfaitement huilés. Avec ses points forts, comme la présence scénique de Brett Anderson qui mouillera sa chemise (au propre comme au figuré) et donnera du fil à retordre aux roadies en emmêlant continuellement le câble de son micro lorsqu’il ne s’en servait pas comme lasso mais aussi ses points faibles (une absence quasi maladive de dialogue, des musiciens à la limite de tirer la tronche).

Ceci dit, d’un point de vue musical, il n’y avait rien à redire. Des titres comme “So Young”, “She” ou “New Generation” n’ont pas pris une ride alors que l’émotion dégagée par “By The Sea” ou “The Wild Ones” donne toujours autant de frissons. Le visuel n’avait pas été oublié non plus même s’il amplifiait l’aspect nostalgique de la soirée vu qu’il se composait majoritairement des pochettes de disques du groupe.

Sans surprise, l’imparable “Beautiful Ones” va clôturer le set principal avant que le groupe ne revienne tout en douceur pour le traditionnel rappel qu’est “Saturday Night”. En gros, rien n’a changé sous le soleil de Suede mais, si prochaine fois il y a, quelques nouveautés à se mettre dans le creux de l’oreille seraient les bienvenues…

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