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RAISMES FEST 2012 : américain saucisse et vieilles anglaises !

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8 septembre 2012, une fois n’est pas coutume, la rédaction de Music In Belgium casse la tirelire et envoie sa plus fine équipe à l’étranger pour vous faire partager l’événement métallique de la rentrée. Enfin… à l’étranger, n’exagérons rien ! Car si nous avons passé la frontière, nous ne sommes tout de même pas très loin de notre beau royaume. Nous sommes à Raismes, à quelques kilomètres de Valenciennes, dans le Nord de la France. Mais, qu’à cela ne tienne : le dépaysement est total. Cependant, il faut se rendre à l’évidence : Dany Boon nous a menti. Car ‘Din Chnor’, il fait beau, même en septembre ! Et un soleil radieux illumine le parc du Château de la Princesse d’Arenberg qui accueille aujourd’hui la quatorzième édition du Raismes Fest. Une dernière précision : la ‘plus fine équipe’ de votre webzine n’étant pas disponible, c’est à l’immonde Bernie et à votre serviteur que revient le privilège de vous servir d’yeux et d’oreilles.

Vous n’avez vraiment pas idée des trésors d’ingéniosité et de fourberie dont il faut faire preuve pour convaincre l’ami Bernie d’abandonner, à une heure raisonnable, le confort de la paillasse fraîchement vermifugée qui lui sert de couchage. Et ce matin, il me faut aller jusqu’à titiller sa soif d’aventures pour que le keupon daigne enfin ouvrir l’œil. M’inspirant du mystère qui, de nos jours encore, plane sur les ingrédients qui composent la fricadelle, je promets à mon fidèle compagnon de l’aider à résoudre une énigme similaire : celle de l’Américain Saucisse. Car en fan inconditionnel de l’œuvre de Sir Arthur Conan Doyle, notre punk photographe aime enquêter. Et il est même tout excité à l’idée de pouvoir trouver la clé de ce mystère. Pourra-t-il enfin répondre à cette question essentielle : mais de quoi parlent donc nos voisins français lorsqu’ils nous proposent de déguster un ‘délicieux Américain’ ? Je sais. Il est moralement indéfendable de profiter, comme je le fais, de la naïveté de mon ami keupon. Pourtant, le résultat est là puisque nous nous présentons devant les grilles du château bien avant le début de la prestation du premier groupe ! Les cerbères qui nous accueillent à l’entrée sont franchement sympathiques. Ceci est d’ailleurs valable pour tout le personnel (bénévole, il faut le souligner) du Raismes fest. Tout ici se fait avec le sourire et dans la bonne humeur. Sans être enchanteur (NDR : le château de la Princesse d’Arenberg, ce n’est pas Versailles) le cadre du festival est plutôt agréable. Deux scènes sont placées de part et d’autre de la grande pelouse ceinturée d’arbres qui fait face au château. Entre les débits de boissons et de nourriture, une bonne dizaine de stands font le bonheur des collectionneurs de CDs et de vinyles. Quelques dizaines de sièges en plastique, généreusement mis à la disposition du public par la ville de Raismes, permettent aux plus anciens de profiter confortablement du soleil et de la musique.

Ouvrir le bal est un sale boulot, mais il faut bien que quelqu’un s’en charge. Et aujourd’hui, c’est à Beating Mosquito que l’on a confié cette tâche ingrate. Si la jeune formation locale (NDR : basée à Valenciennes) est encore un peu ‘verte’ au point de vue scénique, elle fait preuve de qualités musicales indéniables. Le métal progressif inspiré par Dream Theater que distille notre ‘moustique’ pique la curiosité d’un public qui, craignant probablement la pénurie, s’agglutine devant les stands de tickets boissons.


Si Beating Mosquito inaugure la ‘scène découverte’, Irminsul, lui, est le premier à fouler les planches de la ‘grande scène’. Le power trio originaire de l’Oise semble avoir un peu plus de bouteille que son prédécesseur. Le heavy métal classique, décliné dans la langue de Molière, convainc un parterre clairsemé, mais visiblement réceptif au métal français des années 80 (NDR : des écussons frappés des logos de Sortilège, H-Bomb et autres Satan Jokers fleurissent sur de nombreuses vestes, c’est un signe qui ne trompe pas). Et pour nous qui ne sommes que trop rarement confrontés au métal francophone, le spectacle s’avère plutôt distrayant.

Mais il est déjà midi et la bête ne tient plus en place. Impatient de résoudre l’énigme qui le tarabuste, Bernie m’entraîne vers une immense ‘Baraque à Frites’ à l’intérieur de laquelle quelques dames à l’allure avenante préparent secrètement les mystérieux ‘Américains Saucisse’. Déjà, notre Sherlock en herbe mène l’enquête, soumettant à la question celle qui semble être la meneuse : ’Euh, vous mettez quoi dans votre américain saucisse, …une fois ?’ demande-t-il, en tentant gauchement de dissimuler son inculture par l’affirmation de sa nationalité belge. ’Ben, c’est un américain, avec une saucisse !’, répond perfidement la belle. Peu satisfait des explications douteuses de la donzelle, notre courageux photographe se décide à mener plus loin l’enquête et lance timidement : ’Je vais en prendre un, s’il vous plaît, Madame’. Les événements qui suivent s’enchaînent à une vitesse telle qu’ils sont un peu confus dans ma mémoire. La dame se saisit d’une demi-baguette, y fourre une chipolata qu’elle s’empresse de recouvrir d’une large portion de frites. Puis, avec un sourire, elle emballe minutieusement le tout dans un papier kraft auquel elle ajoute une serviette et un mini pot de sauce andalouse. Visiblement satisfait du résultat de son enquête, notre fidèle compagnon de route s’écrie : ’Alimentaire, mon cher Michel’, le secret de l’américain est enfin dévoilé ! Un ‘américain’ c’est une ‘Mitraillette’. Le Mystère est résolu. La Mission accomplie. Nous pouvons enfin nous consacrer au job pour lequel nous sommes grassement payés : Headbanger au son des décibels !

L’estomac alourdi par nos américains fraîchement engloutis, nous tentons vainement de nous intéresser au set propre et carré des Dead’n’Crazy. Malheureusement, le hard rock mélodique que distille le groupe est un peu trop mâtiné de pop rock à notre goût, et, pour l’heure, il nous semble bien plus ‘dead’ que ‘crazy’.


Nous traversons la pelouse du château afin de nous préparer sereinement à soutenir la prestation de Max Pie. Nous n’avons pas encore eu l’occasion de voir notre compatriote sur scène depuis l’intégration de ses nouveaux membres (NDR : guitariste et batteur) et nous sommes relativement impatients de voir ce que donne le nouveau line-up. Le démarrage du concert est tortueux. Tony Carlino semble devoir se battre avec un micro récalcitrant, ce qui ne nous permet pas d’apprécier à sa juste valeur la nouvelle compo offerte en ouverture. Le leader du groupe montois semble épuisé ; la chose est compréhensible lorsque l’on sait que le gaillard cumule ces derniers temps de nombreuses activités musicales (NDR : une tournée européenne en support de Jon Oliva’s Pain avec Max Pie, une participation active au Phoenix Project de John Malacuso et, bien sûr, l’organisation du prochain PPM Fest) avec un travail régulier. Toujours est-il que cette combinaison de fatigue et de problèmes techniques nuit à la prestation de Max Pie. Ajoutons à cela un surprenant changement de style. Les ‘nouveaux’ semblent en effet avoir amené les titres de l’album “Initial Process” vers quelque chose de bien plus heavy et, en fans de la superbe rondelle, nous ne serons certains d’apprécier cette nouvelle orientation musicale qu’après avoir revu le groupe dans des conditions plus optimales. Le public du Raismes fest, moins tatillon que nous probablement, est plus que réceptif à la prestation des Hennuyers et va même jusqu’à taper des mains sans y avoir été invité pendant la ballade “Like A September Day”.

Retour devant la scène ‘découvertes’ où nous prenons une bonne claque hard rock’n’roll en compagnie des roquets furieux de Tyson Boogie. Le trio lillois, mené par un chanteur/bassiste petit, mais vachement costaud, se décrit comme le croisement de Motörhead et Rose Tattoo et, franchement, nous ne sommes pas loin de les croire ! Le set ultra-énergique fait sortir l’ami Bernie de la léthargie contemplative dans laquelle il s’était réfugié depuis la fin de notre repas gastronomique. Sans aucun doute, l’un des très bons moments de la journée.


Nous ne devons pas attendre bien longtemps avant d’assister à un autre ‘bon moment’ puisque Voodoo Six a investi la scène principale. Je crois pouvoir parler au nom de Bernie en affirmant que la prestation des Londoniens, à Charleroi en avril 2010, alors qu’ils supportaient la tournée européenne d’UFO reste l’un des meilleurs souvenirs de notre improbable tandem journalistique. C’est donc le sourire aux lèvres que nous assistons à leur set dévastateur. Et comme il y a deux ans, le hard rock seventies des Anglais nous laisse sur le cul. Présence maximale, groove infernal : le groupe combine la quintessence du hard rock à l’anglaise des seventies avec une énergie tout à fait contemporaine. Sans vouloir dénigrer les groupes qui les ont précédés aujourd’hui, nous avons l’impression d’assister à la première prestation vraiment professionnelle de la journée. Un groupe à tester d’urgence si vous aimez UFO, Whitesnake, Thunder ou même les Spiritual Beggars.

Difficile, après avoir pris un pied d’enfer sur du hard rock bien classique, de rentrer dans le jeu du rock/métal alternatif des Parisiens de The Long Escape. La musique est originale, et franchement bien foutue, mais un peu trop ‘alternative’ justement pour coller à l’humeur rock’n’roll initiée par Tyson Boogie et Voodoo Six.


C’est donc avec un certain soulagement que nous accueillons les Barcelonais de 77. Ici, pas de prise de tête. Les frères Valeta ont arrêté d’acheter des disques en 1977, à la sortie de “Let There Be Rock” et leur groupe n’est rien d’autre qu’un facsimilé du AC/DC de Bon Scott. Même look, même voix, mêmes chorégraphies. Seuls les titres des chansons changent. Rien de franchement original donc. Et pourtant la sauce prend dès les premières notes. Les Espagnols sont tellement à fond dans le trip que nous finissons par y croire. Le Raismes fest headbange comme un seul homme et se met à genoux lorsque le guitariste, tel un Angus Young hispanique, prend un bain de foule, suivi de très près par une meute de photographes que notre Bernie, encore alourdi par son repas pantagruélique, a bien du mal à rattraper.

Le set de 77 à peine terminé, il nous faut subir le death métal mélodique des Parisiens de T.A.N.K.. ‘Subir’ n’est sans doute pas le terme le plus approprié qui soit, puisque, dans son genre, le groupe est plutôt bon. Oui, mais voilà, rien ne ressemble plus à la prestation d’un groupe death métal mélodique que celle d’un autre groupe death métal mélodique. Les inconditionnels du genre sont donc satisfaits. Quant à nous, nous préférons aller faire nos emplettes chez les disquaires ambulants. Sale coup pour le budget familial que ce concert de T.A.N.K. !


Le soleil redouble d’ardeur lorsque les Israélo-Bataves de Melechesh envahissent la grande scène. Le métal extrême rassemble ses troupes et les t-shirts à l’effigie de Marduk, Immortal et autres Cradle Of Filth se mêlent dans une sarabande infernale. Un peu en retrait pour éviter les coups, nous apprécions la puissance et l’originalité de ce black métal teinté de légères influences orientales. Probablement pas le concert de la journée, mais une très bonne surprise tout de même.

Suite à une légère modification du planning imprimé sur le programme, nous croyons dur comme fer assister à la prestation des Suisses de Fluxious alors qu’il s’agit en fait de celle de Superscream. Ce groupe, originaire de Seine Maritime, nous gratifie d’un set mollasson au possible. Si le bassiste est visiblement heureux d’être sur scène, les autres musiciens manquent cruellement de conviction. La musique, qui marie un power métal relativement virtuose à quelques influences ethniques, est franchement agréable à l’oreille, mais il faut malheureusement fermer les yeux pour en profiter pleinement. Dommage.

Les Irlandais de The Answer sont manifestement très attendus par le public nordiste. Et la foule qui se presse devant la scène accueille plus que chaleureusement Cormac Neeson et sa bande de rockers. Si, à titre personnel, nous avons préféré (et de loin) la prestation de Voodoo Six, il nous faut reconnaître que dans le genre ‘hard rock typé seventies’, les Irlandais n’ont de leçon à recevoir de personne. Neeson séduit autant par ses qualités de vocaliste que par son jeu de scène expressif. Une sympathique reprise du “Rock’n’Roll Outlaw” de Rose Tattoo convainc les derniers sceptiques.


L’erreur de programmation est finalement réparée et nous avons enfin droit au concert de Fluxious. Avec leur jazz-métal teinté d’influences électro, de pop et de funk, les Genevois font un peu office d’O.V.N.I. sur la scène découverte du festival. Pourtant nous n’avons d’yeux que pour le groupe et surtout pour la jolie Joana qui, si elle semble timide et réservée lorsqu’elle prend la parole, est une véritable furie au moment d’interpréter ses textes. Et si la belle attire tous les regards, ses compagnons, qui sont de véritables monstres de technique, réalisent l’exploit de proposer une musique à la fois démonstrative et envoûtante. Pour tout dire, même Bernie, dont les goûts musicaux ne dépassent généralement pas le riff basique joué sur une seule corde par un manchot à crête, semble passer un bon moment en compagnie des petits Suisses. Une véritable découverte.

Sans être un inconditionnel de la musique de Napalm Death, je me surprends à être heureux d’assister à leur prestation du Raismes fest. Premièrement, parce qu’étant l’un des initiateurs du mouvement grindcore, Napalm Death est une institution et qu’il faut, pour être un rocker crédible, les avoir vus au moins une fois sur scène. Ensuite parce que leur concert de ce soir est franchement phénoménal. Dire que les Anglais détruisent tout sur leur passage nous semble encore bien loin de la vérité. Avec ses mimiques d’autiste colérique et ses mouvements désarticulés, Barney Greenway est un fou furieux authentique qui sait comment mener une foule, et ce, même si celle-ci n’est pas forcément acquise à sa cause. Bien qu’ayant tous dépassé la quarantaine, les irascibles Grand-Bretons se démènent sur les planches comme si le sort du monde libre en dépendait, donnant ainsi une bonne leçon de fougue aux quelques ados amorphes qui les observent. Une reprise du “Nazi Punks Fuck Off” des Dead Kennedys offrira même à notre photographe son petit moment culte de la journée. La valeur d’un groupe ne dépend pas toujours des qualités techniques de ses compositions. Napalm Death en est la preuve plus que vivante !


L’adrénaline accumulée pendant le set de Napalm Death ne nous permet pas de profiter sereinement du métal moderne des Holophonics. Du poste éloigné où nous nous sommes posés, le chanteur nous paraît excellent. La musique semble lorgner vers le métal alternatif de Tool, mais nous n’avons pas été assez attentifs pour le jurer à cent pour cent. Une autre fois peut-être.

Le ‘poste éloigné’ en question, c’est le premier rang de la grande scène. Car nous ne voulons rien manquer de la prestation du groupe suivant. Voir Girlschool en concert était l’un des derniers rêves mouillés de l’adolescent de 46 ans qui rédige ces lignes. Et, franchement, le gamin grisonnant n’a pas été déçu.

Avant toute chose, j’aimerais passer le message personnel suivant à l’irrespectueux boutonneux qui, non loin de moi, trouvait amusant de hurler ‘Ce n’est pas ‘Girlschool’, c’est ‘Vieilleschool’.

’Alors écoute petit, ta mère est vieille, ta tante est vieille, ta sœur est vieille ! Mais les Girlschool sont des légendes et les légendes sont éternelles. Et s’il y a un enfer pour les imbéciles, tu auras probablement la chance d’y être assis à la gauche de Bernie !’.

Ceci étant dit, revenons-en aux idoles de notre jeunesse. Il est presque 21 heures lorsqu’Enid Williams, Denise Dufort, Kim McAuliffe et la ‘petite nouvelle’ Jackie Chambers entrent en scène. Trois membres de la formation originale, pour un groupe qui a démarré sa carrière en 1978, avouez que c’est pas mal ! Amoureux transi, mais quand même pas aveugle, il faut me résoudre à admettre que mes idoles ont pris un tout léger coup de vieux. Mais il faut être honnête. Les ravages du temps n’épargnent personne. À l’affiche d’aujourd’hui, il y a bien pire que les quelques rides et les hanches rebondies de nos quatre Anglaises. Ken Hammer, le guitariste de Pretty Maids, par exemple a carrément triplé de volume depuis les années quatre-vingt et pourtant, personne ne trouve rien à redire. De toute façon, ce que l’on aime chez Girlschool, c’est la musique. Et de ce point de vue, les chéries de Lemmy n’ont pas pris une seule ride. Avec ce mélange explosif de classe british (NDR : entre les titres, les ‘Oh Dear’ fusent de toutes parts), d’arrogance Cockney et de bonne humeur communicative, les ‘girls’ nous balancent un set ultra jouissif au cours duquel les classiques se taillent la part …de la lionne ; “Demolition Boys”, “C’mon Let’s Go”, “Hit And Run”, “Yeah Right”, “Race With The Devil”, “Screaming Blue Murder” ou “Tush” tous les hits du quatuor y passent. Enid Williams se fait charmeuse derrière son immense basse tandis que Kim McAuliffe, un peu moins glamour, ingurgite quelques décilitres d’un breuvage houblonné. Trois titres suffisent pour que l’imposante Denise Duffort mette en pièce l’un des éléments de sa batterie. La chose amuse d’ailleurs beaucoup ses compagnes de jeu qui n’hésitent pas à la qualifier d’insortable. Ce soir nos grandes sœurs (NDR : comme les appelle gentiment l’organisation du Raismes fest) nous ont donné une bonne leçon de rock’n’roll. Les ‘vielles Anglaises’ en ont séduit plus d’un. Mon concert favori de la journée, assurément.


Avec un premier album sorti en 1986, les Valenciennois de Rozz sont de véritables héros locaux. Malgré le peu de distance qui sépare la Belgique du Nord de l’Hexagone, le groupe n’a jamais explosé dans notre petit pays. Et nous avons, de ce fait, quelques difficultés à cerner la polémique qui oppose quelques aficionados du groupe. Entre ceux qui semblent estimer que la nouvelle mouture de la formation n’est pas vraiment fidèle à l’esprit de l’ancienne et ceux qui lui restent attachés quoi qu’il arrive, la guerre est déclarée ! N’ayant jamais écouté la plaque de 1986, nous nous garderions bien de nous immiscer dans cette affaire franco-française. Nous nous contenterons de dire, à titre de comparaison, que si l’un des héros belges de notre jeunesse, comme Ostrogoth, Crossfire, Acid ou Black Widow se présentait sur scène accompagné d’une choriste remuante, d’un guitariste en kilt et d’un vocaliste sapé en cliché de biker, nous serions les premiers à nous ranger du côté des déçus. Soulignons quand même la solide prestation de Marcel Ximenes, le guitariste fondateur du groupe, qui, à grands coups de riffs cinglants et de superbes soli à l’ancienne, nous fait quand même passer un très bon moment.

Il est presque 23h, et le Raismes fest touche à sa fin. Mais avant de regagner la Mère Patrie, nous avons encore la chance de pouvoir assister au come-back français des Pretty Maids. À l’inverse de Girlschool qui survit en exploitant les vestiges de son glorieux passé (NDR : la dernière publication de nos Anglaises préférées est un réenregistrement du classique “Hit And Run” de 1981), les Danois de Pretty Maids continuent à écrire avec une régularité exemplaire. En nostalgique d’une jeunesse révolue, c’est toujours dans le “Red Hot And Heavy” de 1984 que je me replonge lorsque me prend une envie de tâter la ‘gente demoiselle’. Le groupe, quant à lui, ne semble pas considérer cette plaque essentielle comme la plus importante de sa carrière puisqu’il n’en interprète, ce soir, que deux malheureux extraits.

Les Danois ont toujours su varier les plaisirs en mélangeant les titres les plus heavy à des compositions plus orientées vers le rock mélodique. Au grand désespoir de mon compagnon de route qui, rappelons-le, est allergique à tout ce qui se rapproche de près ou de loin à une mélodie, Pretty Maids semble vouloir mettre l’accent sur les titres les plus A.O.R de sa carrière, n’exhumant sa face heavy qu’à de rares, mais jouissives occasions. Bien sûr, la voix de Ronnie Atkins est superbe. Mais il en faut un peu plus pour convaincre la bête qui, impatient de regagner ses pénates, me presse de plus en plus vers la sortie. Nous quittons donc le château de la Princesse d’Arenberg bien avant la fin du set. Comme s’il voulait essayer de nous retenir encore un peu Atkins entame la ballade “Please Don’t Leave Me” alors que nous franchissons les grilles du parc. Lorsque nous arrivons à la voiture, j’entends au loin les premières notes du furieux “Back to Back”. Décidément, nous sommes partis un peu trop tôt.

Pour purger son cerveau rudimentaire de la journée de métal à laquelle il vient de survivre, et probablement un peu pour m’énerver, Bernie m’inflige la discographie complète des Clash. La route va être longue. Qu’à cela ne tienne. Je repense aux très bons moments de la journée : Tyson Boogie, Voodoo Six, Napalm Death et Girlschool (pour ne citer que ceux qui m’ont vraiment fait frissonner) et je me dis qu’après tout, cela valait bien le détour. Tout à coup me vient une idée. Et si nous arrêtions ce job de journalistes pour lequel, il faut bien l’avouer, nous ne sommes pas vraiment doués. Bernie et moi, nous pourrions suivre les traces des héros de Conan Doyle et d’Agatha Christie. L’affreux serait Holmes ou Poirot. Il a fait preuve aujourd’hui d’un talent inné pour l’investigation. Tel Watson, je me contenterais de vous relater ses aventures. Je vois déjà d’ici les titres de mes ouvrages imprimés sur papier : “Dix Petits Afro-Américains”, “Le Chien de Villers-La-Ville”, “Le Crime du Photographe de Presse”… Bon sang, mais je délire ! Qu’est ce qu’ils peuvent bien mettre dans ces américains ? Affaire à suivre !

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77
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Photos © 2012 Bernard Hulet

One thought on “RAISMES FEST 2012 : américain saucisse et vieilles anglaises !

  • Superbe article qui reflète la juste ambiance de ce magnifique festival très bien organisé.Je pense que Michel Preumont était dans le coin car j’ai bien rigolé.Merci les gars!!!Super.J’ai déjà assisté 2 fois à ce festival

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