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Retour à l’AB d’une pointure du rock-indie : GRIZZLY BEAR

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Retour de Grizzly Bear à l’AB ce dimanche 4 novembre. Le groupe avait invité, pour sa première partie, les Irlandais de Villagers. La soirée s’annonçait donc des plus intéressantes. La première partie sera assurée par Villagers qui est un groupe irlandais mené par Conor J. O’Brien. Conor O’Brien a formé les Villagers après la séparation de son groupe précédent The Immediate. Le passage de O’Brien dans le groupe de Cathy Davey en tant que guitariste fut décisif pour le développement de son style musical. Les Villagers sont ensuite partis en tournée. Ils ont fait la première partie de Neil Young et ont tourné en Europe avec Tracy Chapman.

Ils ont participé à plusieurs festivals et ont fait une tournée avec Bell X1 et Tindersticks. On leur doit un EP au titre évocateur de “Hollow Kind” et publié en février 2009, composé de 4 titres, tous écrits et interprétés par O’Brien. Des comparaisons avec Bright Eyes et Sparklehorse ont été faites et un premier album “Becoming a Jackal” est sorti en 2010. Les Villagers ont donné leur premier concert en première partie de The Chapters au Whelan’s à Dublin en novembre 2008. À ce moment-là, les membres du groupe n’avaient répété ensemble que deux fois.

Le premier titre des Villagers, “On a Sunlit Stage”, a été publié en octobre 2009. Mélodies très classe, voix prenante, arrangements pop rock musclés ou folk hyper sobre. Si la musique de Conor J. O’Brien s’inscrit dans la grande tradition de la pop sans la bouleverser, la qualité des instrumentations donne une rafraîchissante originalité à l’ensemble.

Le concert débute par “Set The Tigers Free”, extrait de son très bon album “Becoming a Jackal” sorti en 2010. Conor se présente, coupe de cheveux au bol, armé de sa guitare acoustique et accompagné par ses musiciens pour nous délivrer une musique bien construite. Les éclairages sont bleus et l’ambiance est feutrée et intimiste. “Home” et “Becoming A Jackal” sont issus du premier opus. Conor nous présente donc une partie des nouvelles chansons de son futur album “Awayland” à paraître en janvier 2013.

“The Bell” est une belle ballade, les mélodies sont présentes, la voix est douce et harmonieuse. En finalité, Conor quitte sa guitare pour se mettre aux percussions. Pour “Nothing Arrived” et “My Lighthouse”, Conor nous emmène dans son univers folk-rock bien à lui. Le premier monte en puissance. Pour le second morceau, Conor est seul à la guitare et s’en tire très bien. “Passing A Message”, avec cette fois un timbre de voix haut perché, Conor est très bien accompagné par ses musiciens à la batterie et aux claviers. “Earthly Pleasure” est l’avant-dernière chanson et précède le futur single “The Waves” qui démarre en douceur, la petite touche électro de la fin apporte un cachet supplémentaire. Villagers revient au Botanique en mars 2013, je vais les revoir, car j’ai adoré.


Le retour sur scène de la référence indie Grizzly Bear signe un parcours exemplaire depuis 2004, lorsque Ed Droste réalise un premier album folk en solitaire, “Horn Of Plenty”, s’inscrivant dans la mouvance d’artistes tels qu’Animal Collective ou Sufjan Stevens. Une mise en bouche de luxe en attendant le recrutement judicieux de Chris Taylor (basse, instruments à vent), de Christopher Bear (batteur) et du deuxième compositeur en chef, Daniel Rossen (membre émérite de Department Of Eagles). En 2006 sort “Yellow House” qui pose la base de leur musique et de leur son intemporel, tout en harmonies vocales et rythmiques. La machine est lancée, les tournées et les collaborations s’enchaînent. La formation de Brooklyn assure notamment les premières parties de Feist, TV On the Radio et Radiohead. Un nouveau cap est franchi avec leur troisième album “Veckatimest” qui offre un son limpide, des voix complexes et aventureuses, soutenues par des arrangements bien sentis, d’une précision chirurgicale. L’album est acclamé par la critique et le single “Two Weeks” se retrouve sur les play-lists des meilleures radios, résumant brillamment la maîtrise et l’originalité de Grizzly Bear. Sur scène, l’alchimie du groupe est impressionnante et passionnante à voir. Leur passage au Cirque Royal en 2009 fut d’ailleurs un moment de ferveur intense avec leur public. Après trois ans de silence et après la sortie de Cant, le projet solo de Chris Taylor, Grizzly Bear prépare un retour attendu avec son nouvel album “Shields” qui est sorti en septembre 2012.

À l’image de cet opus, que l’on décrit comme un album hautement collaboratif, les quatre membres sont disposés en ligne droite sur scène. Ils forment un front musical composé de musiciens dotés chacun d’une superbe voix, qu’ils agencent à merveille et d’un talent marqué sur leur instrument respectif.


Dès le début du concert, Grizzly Bear décide de mettre la barre très haute avec “Speak In Rounds”, chanson à la profondeur quasi tribale. La magie opère encore, mais dans une moindre mesure. Le rythme soutenu (trop) dans un premier temps par la guitare devient un point essoufflant (avec la caisse claire) sur la fin du titre. L’aspect visuel est ce qu’il y a de plus simple : un grand rideau noir à l’arrière-plan et un jeu de lumière arc-en-ciel. Pour “Adelma”, un grand lustre évoquant une méduse part du sol et traverse à la verticale jusqu’au plafond. Puis un autre, et un troisième et ainsi de suite, jusqu’à ce que 16 « méduses » soient alignées au-dessus des musiciens. Celles-ci serviront tout au long du spectacle, s’adapteront aux rythmes et aux couleurs des titres proposés, clignoteront de façon frénétique ou flotteront doucement pendant des chansons plus posées. Ingénieux. L’ambiance psychédélique de la musique particulière de ce morceau prépare l’arrivée de la voix très spéciale de Daniel Rossen, c’est de toute beauté. Sur ” Sleping Ute”, le premier single du nouvel album “Shields”, la voix d’Ed Droste se fait alors blues pour faire vivre les différents mouvements de cette chanson.

Après un petit détour par “Veckatimest”, sur “Cheerleader”, où la voix d’Ed fait tout le charme de ce morceau, pour que la foule ne se sente pas perdue, Grizzly Bear repart dans le passé sur “Yellow House” avec “Lullabye” et puis sur “Shield” avec “Yet Again”, le deuxième single. La batterie soutient à nouveau toute la complexité du morceau, avant de laisser la voie aux chœurs pour exploser de plus belle. Cette ballade laissera la place à “Shift” qui est extrait de la musique de “Blue Valentine”, un film dramatique américain réalisé par Derek Cianfrance en 2010. Le film a été présenté au Festival de Cannes 2010, dans la catégorie Un certain regard. Pour ce morceau Daniel Rossen prend totalement les commandes, principalement à la guitare et au piano.

“Simple Answer” revient à des bases plus pop, avec un passage plus sombre pour donner cette impression de puissance. Le groupe, baignant dans une multitude de couleurs plus chatoyantes les unes que les autres, prend bien soin de régulièrement remercier le public. Il semble qu’Ed Droste et sa bande essaient de faire oublier l’incident du concert de Newcastle en date du 17 octobre 2012 : ils avaient brusquement quitté la scène, jugeant le public trop calme. Ce soir pourtant, le public est très attentif, se laissant porter par “GunShy” où Ed est omniprésent et profitant de la clarté du chant et de l’instrumentation parfaite sur “Ready Able”.

Les voix des musiciens se mêlent alors pour “I Live With You” posé sur une inspiration classique afin de chuchoter à l’oreille du public. Un moment intimiste se crée ; Ed Droste tient ses notes pour faire durer le plaisir et maintenir l’intensité au maximum. Un instant, on semble se poser à l’orée d’une clairière pour ” Foreground”, et sa voix devient vaporeuse, presque fragile, quand elle s’élève vers la cime des arbres. Une ovation clôt cet espace de douceur.

Le groupe repart sur des tonalités presque jazzy sur “While You Wait For The Others” grâce à l’apport des cuivres du talentueux Chris Taylor et la batterie sort enfin de sa torpeur. “Whats Wrong” est le morceau que je préfère. Cette chanson déstabilise de par son originalité créative, son ambiance un peu où claviers, cuivres et autre cymbale Ride s’en donnent à cœur joie. Pas de doute, nous avons bien affaire à des compositeurs de très haut vol. Enfin, le moment que tout le monde attendait arrive et tous les bras se lèvent quand les premières notes au piano droit révèlent “Two Weeks”, ce morceau est de toute beauté. Ce titre est joué dans le dixième épisode de la cinquième saison de la série télévisée américaine “How I Met Your Mother” ainsi que dans la publicité du monospace Peugeot 5008.

Grizzly Bear refuse cependant de s’en tenir aux succès du passé et finira avec les deux derniers titres du dernier album : “Half Gate” qui oscille entre calme et tempête, suivi du très classe “Sun In Your Eyes”, qui prendra tout le monde au dépourvu, avec des accords dissonants. Un titre bourré d’émotions qui, comme toute fin d’un évènement heureux, nous laisse avec une certaine mélancolie.

Le concert est terminé, on vient de passer une belle soirée. Le public en redemande et Grizzly Bear revient pour un rappel avec “All We Ask”, extrait de “Veckatimest”. Et pour honorer ses plus anciens fans, le groupe offre “Knive”, extrait du premier album “Horn of Plenty”, quand Ed Droste était encore le seul maître à bord.

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Grizzly Bear

Photos © 2012 Jean-Marc Quinet

4 thoughts on “Retour à l’AB d’une pointure du rock-indie : GRIZZLY BEAR

  • À titre d’info, pour notre cher Lecteur Lambda, on n’écrit pas 2è, 3è, 7è, mais bien 2e, 3e, 7e. Et tant que j’y suis, pas non plus 2ème, ou pire encore 2ième, comme on le voit trop souvent sur nos chaînes TV nationales (Messieurs de la RTBF et de RTL-TVi, apprenez à écrire correctement !).
    Et en plus c’est plus simple à écrire ! Alors, soyez paresseux !

  • Hey, merci de l’info ! 😉

    Ceci dit, vous avez oublié de relever cette erreur-ci : “Mélodies très classe”.
    Ainsi que la phrase au mot manquant : “(…) son ambiance un peu où claviers, cuivres (…)”.

    Le copié-collé de paragraphes entiers sans citer de sources, ce n’est pas de la paresse. En votre qualité de rédacteur en chef, vous n’êtes certainement pas sans l’ignorer.

    Bien à vous. 🙂

  • Cher lecteur Lambda,

    Je suis très content de vos remarques!!!!Vous m’amusez beaucoup.Persévérez, je ne sais vraiment pas quel but vous recherchez. Dans l’attente de vous lire très prochainement.

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