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Paul BANKS à l’AB, une soirée morose…

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Interpol au placard pour une durée indéterminée depuis 2011, Paul Banks, la voix du groupe new-yorkais, a désormais tout le loisir de se concentrer sur sa carrière solo. Il a ainsi publié un deuxième album (“Banks”) à l’automne dernier et venait le présenter à l’Ancienne Belgique ce vendredi 25 janvier. Ceci dit, le bonhomme aime brouiller les pistes puisque son premier effort en solitaire en 2009 était sorti sous le pseudonyme de Julian Plenti, qu’il a depuis complètement rayé de son vocabulaire malgré un EP en guise de chant du cygne au titre paradoxal (“Julian Plenti Lives…”).

Le groupe choisi pour assurer l’avant-programme n’en était pas à son coup d’essai. En effet, Willow a notamment déjà joué en support de Wolf Gang un étage plus haut voici un peu plus d’un an et de Manic Street Preachers au Trix en avril dernier. Les Bruxellois désormais installés à Louvain ont entre-temps sorti une première plaque (“We The Young”) avant de faire sensation avec le clip du single “Sweater” pour lequel ils ont récemment été récompensés d’un MIA award.

La pop new wave synthétique du début des années 80 transpire de leurs compositions et ils l’assument entièrement. Ce n’est pas le chanteur Pieter-Jan Van Den Troost qui prétendra le contraire, lui dont le timbre de voix renvoie à celui de Tony Hadley (Spandau Ballet) en plus sombre. Ils y ajoutent toutefois une petite touche personnelle que l’on a envie d’appeler “Noordwind” car assez caractéristique des nouveaux groupes issus du nord du pays, Balthazar (pour la basse) et School Is Cool en tête.

Si l’on fait abstraction du fait qu’aucun des six musiciens n’a la tête de l’emploi et que le déhanché du chanteur ne le met pas en valeur (The Drums, anyone?), force est de constater que tout est bien en place, excellemment joué et démontre que leur troisième place au Humo Rock Rally de 2010 est tout sauf le fruit du hasard. Les nombreux fans présents dans la salle auront apprécié.

Paul Banks ne s’est plus produit dans une salle belge depuis le catastrophique concert d’Interpol au Lotto Arena en mars 2011. Il faut dire que tout ne tourne plus très rond au sein du quatuor new-yorkais depuis le départ du charismatique bassiste Carlos Dengler après les sessions d’enregistrement de leur dernier album en date (“Interpol”). Même si aucune annonce officielle de séparation n’a été communiquée, on n’est sans doute pas prêt de les revoir en action de sitôt.

Bien évidemment, la majorité des spectateurs se sont inconsciemment déplacés pour voir à l’œuvre le chanteur d’Interpol plutôt que Paul Banks en solo. Il s’agit de la même personne mais la nuance est importante. Au final, la plupart des membres de la première catégorie seront déçus, vu qu’il ne jouera aucun titre de son ancien groupe (normal, cela dit…). Le problème, c’est que les seconds nommés ne vont pas non plus ressortir de l’AB avec la sensation d’avoir passé une soirée inoubliable.

Expliquons-nous. Si tout avait relativement bien commencé avec deux anciens titres (“Skyscraper” en judicieuse intro et “Fun That We Have” pour se mettre en jambes), la suite du set allait rapidement prendre du plomb dans l’aile. Et pas que musicalement. Les jeux de lumière (ou plutôt leur absence, au grand dam des photographes présents), sensés donner une atmosphère mélancolique allaient au contraire rendre le bonhomme et ses musiciens presque invisibles. Pour peu, on l’aurait confondu en ombre chinoise avec Piet Goddaer (Ozark Henry) avec qui il partage la physionomie et le maintien (si ce n’est la taille).

Mais c’est surtout un manque flagrant de conviction que l’on va reprocher ce soir au chanteur. Statique, discret, taiseux, il semble tétanisé et cela va bien évidemment influencer négativement la perception générale du set. Un titre comme “Goodbye Toronto”, par exemple, sera particulièrement brouillon alors que l’on se demande toujours la pertinence de l’instrumental “Lisbon” sur la set-list. Pourtant, sa voix caverneuse inimitable fait toujours autant rêver. Mais cela ne suffit pas lorsque la magie n’est pas là.

Musicalement, certaines nouvelles compositions qui tiennent la route sur disque seront tout bonnement méconnaissables et d’un intérêt tout relatif sur scène (“I’ll Sue You”, “Arise, Awake”, “No Mistakes”). Heureusement qu’“Over My Shoulder” et “The Base” en toute fin de set vont éviter le naufrage. Finalement, c’est encore les titres enregistrés sous l’ère Julian Plenti qui vont surtout faire vibrer le public (“Only If You Run”, “No Chance Survival”).

Le set principal se terminera malgré tout sur une note positive avec un très réussi “Summertime Is Coming”, la plage qui clôture également “Banks”. Les musiciens ne tarderont pas à revenir sur scène pour deux morceaux supplémentaires, à mille lieues l’un de l’autre. Ainsi, au délicat “On The Esplanade” va succéder “Games For Days”, le titre qui va récolter le plus de suffrages ce soir. C’est aussi le plus Interpol du lot. Une relation de cause à effet ? Toujours est-il que Paul Banks a déçu. Il ne faudrait tout de même pas que cela devienne une habitude…

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