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La montée en puissance de THE JOY FORMIDABLE

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Entre le Botanique et The Joy Formidable s’est développée une histoire d’amitié très forte. En effet, les gallois relocalisés à Londres en sont déjà à leur quatrième visite depuis leur prestation en première partie de The Temper Trap en décembre 2009. Ce vendredi 1er février, ils sont venus présenter leur nouvel album encore tout chaud, “Wolf’s Law”. Il faut croire que la soirée était placée sous le signe de la zoologie puisque le support était assuré par We Are Animal (sans ‘s’), un groupe lui aussi originaire du Pays de Galles. Il s’agit de cinq types à l’attitude ultra détendue et à l’accent on ne peut plus incompréhensible. Mais à partir du moment où ils choisissent de communiquer via leurs instruments, ce point passe clairement au second plan. D’autant plus que ces types savent comment les manier pour en sortir des sons aux nombreuses influences tout en conservant une homogénéité édifiante.

Ainsi, on se surprend à penser tour à tour aux ambiances sombres de Nick Cave, au psychédélisme déjanté des Flaming Lips, aux expérimentations sonores de Django Django en plus rock ‘n’ roll ou à la pop peu conventionnelle de The Beta Band. Le tout avec des guitares franchement 60’s, des percussions omniprésentes, une basse chantante et un chanteur dont la voix cassée fait penser à celle de notre Arno national. Sans oublier un volume dans le rouge qui leur convient parfaitement. Une efficace entrée en matière pour ce groupe dont le deuxième album devrait sortir dans le courant de l’année.

On avait déjà eu l’occasion de découvrir l’un ou l’autre nouveau titre de The Joy Formidable à l’occasion de leur venue au Pukkelpop l’été dernier. Mais il faut bien avouer que la Main Stage en plein soleil sur le coup de 13h ne sied pas vraiment à leur style. Depuis, “Wolf’s Law”, leur deuxième album, est sorti et montre une direction plus sage (ou en tout cas moins brouillonne) malgré la patte d’Andy Wallace qui a mixé la plaque.

À l’arrière de la scène se trouve un énorme écran blanc au milieu duquel a été accroché un contour de tête de loup qui va s’illuminer telle une guirlande de Noël tout au long du show. Pour rester dans l’ambiance festive, le micro de la chanteuse est paré d’une rivière de cristaux. Quelques instants avant le début du concert, des hurlements du canidé précité glacent le sang des spectateurs mais lorsque le trio monte sur scène, ce sont des acclamations chaleureuses qui s’échappent d’une Orangerie généreusement garnie pour l’occasion.

Le set va en tout cas commencer à du cent à l’heure avec “Cholla”, un premier nouveau titre qui va d’emblée démontrer qu’ils n’ont rien perdu de leur hargne, à l’instar du batteur Matt Thomas qui va cogner comme un malade sur son instrument particulièrement bien achalandé. On ne compte en effet plus les cymbales disposées autour de lui alors qu’un gong se trouve dans son dos. Quant au bassiste Rhydian Dafydd, aussi démonstratif que good looking, il confère à sa quatre cordes un groove qui prend aux tripes (“Austere”).

Mais celle qui attire tous les regards, c’est bien entendu Ritzy Bryan. La fluette chanteuse ne tient pas en place et emmène sa guitare aux quatre coins de la scène. Désormais moins blonde platine mais toujours aussi souriante et communicative, elle porte aujourd’hui une mini robe à fleurs qui contraste avec la puissance dégagée par son groupe (et ce n’est pas elle qui est la plus sage d’un point de vue décibels).

Cerise sur le gâteau, le son sera réglé à la perfection ce soir, ce qui va contribuer à mettre en valeur les compositions du trio, pas toujours faciles d’accès. Et ce, malgré le fait qu’ils prennent un malin plaisir à en faire durer certaines (“The Everchanging Spectrum Of A Lie” en clôture du set principal sera un exemple parfait). Heureusement, l’alchimie et l’évidente complicité qu’ils partagent permettent de rendre ces passages moins brouillons que par le passé.

Mieux, ils osent même se la jouer acoustique avec notamment un “Silent Treatment” qui permet de découvrir une facette insoupçonnée de la chanteuse, dont la voix d’habitude noyée sous les riffs de guitare va se révéler chaleureuse à souhait. Il s’agit toutefois d’un moment isolé car “Maw Maw Song” juste après va de nouveau affoler le décibelomètre. Avec le single “This Ladder Is Ours” et “Tendons”, il s’agit des nouveaux titres les plus réussis.

En fin de set, “I Don’t Want To See You Like This” va brutalement réveiller la spectatrice devant nous qui va s’adonner à du air punching intense tout en piétinant son entourage. Elle retombera dans une certaine léthargie jusqu’au titre qui achèvera les rappels, l’énergique “Whirring”, où elle reprendra son cinéma de plus belle. Il faut dire que “Forest Serenade”, pourtant convaincant sur disque, prend une tournure à la Wombats en live (pas aidé par une groupie américaine dont la danse sur scène une chope à la main sera tout bonnement pathétique) alors que certaines parties de “Wolf’s Law” renvoient aux Kings Of Leon de la mauvaise période, malgré une délicate entame au piano.

Hormis les rappels, le set de The Joy Formidable aura convaincu par sa consistance et son équilibre. Dommage qu’un groupe particulièrement accessible à l’époque ait instauré une règle qui impose à leurs fans de dépenser un minimum de 30 EUR au stand merchandising pour avoir une chance de les rencontrer en chair et en os…

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