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PPM Fest 2013 – jour 1 : One night at the opera

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Vendredi 12 avril. Premier jour de l’édition 2013 du PPM Fest. Un soleil radieux illumine le Lotto Mons Expo. C’est sûrement bon signe. Il est 17h20 et je suis pile-poil à l’heure pour le début des festivités.

La gigantesque salle polyvalente ingurgite au compte-gouttes une farandole quasi statique de chevelus disciplinés. La bonne humeur est de mise, même si la file s’étire sur deux bonnes centaines de mètres. Comme mes compagnons d’infortune, je me résigne à prendre mon mal en patience en remerciant les dieux du métal pour cette météo clémente. J’entends déjà sonner au loin les premières notes du set de Fireforce. La petite demi-heure accordée à la formation power métal anversoise n’a pas été suffisante pour me permettre d’accéder aux portes du Walhalla hennuyer. L’allure gastéropode à laquelle nous avançons nous forcera aussi à boycotter la prestation des Français de Vital Breath.

Je profite donc de ce petit instant de répit offert par la seule faille de l’organisation aux petits oignons de l’équipe du ‘PPM Crew’ pour remettre un peu d’ordre dans ma vie. Les habitués de notre magazine connaissent bien le tandem (pseudo) journalistique que je forme depuis quelques années déjà avec l’ami Bernie. Malheureusement, notre photographe keupon mono-neuronal préféré semble être inscrit aux abonnés absents, et, depuis quelques mois déjà, je suis obligé de naviguer en solitaire. Un inconnu, avec lequel j’ai le privilège de tailler le bout de gras une bonne heure par semaine, m’a suggéré une idée folle : Bernie le Keupon serait le produit de mon imagination moribonde ; un ami imaginaire comme celui que se créent les enfants solitaires. ‘Il serait peut-être judicieux de vous lier d’amitié avec des êtres de chair et de sang !’. Vous me connaissez, je ne suis pas du genre à écouter un inconnu, fut-il diplômé en psychiatrie. Cependant le bougre a raison sur un point : tant qu’à avoir un ami imaginaire, autant qu’il ne soit pas laid et stupide. On n’est, après tout, pas obligé d’avoir les amis imaginaires que l’on mérite. Goodbye donc ami pogoteur au sourire maussade ! Dorénavant c’est Macumba, jolie métisse à la peau d’ébène ; sexy, souriante et cultivée (enfin, pas trop, j’ai ma fierté) qui m’accompagne aux concerts.


Ces jolies pensées me mènent jusqu’à l’entrée de la salle où Vital Breath a expulsé son dernier ‘souffle vital’ il y a quelques secondes à peine. Je traîne Macumba vers la scène Omega où Drakkar peaufine encore les derniers préparatifs de son retour au port. Il est 18h50 et le public s’est déplacé en masse pour assister à l’évènement. Dans la seconde partie des eighties, Drakkar était l’un des messies de la scène heavy/speed métal locale et sa récente résurrection réjouit plus d’un apôtre. Lenny, le vocaliste qui officiait sur l’album “X-Rated” de 1988 est de retour depuis quelques semaines et les fans sont aux anges. Le départ est enfin donné et Drakkar s’applique sans relâche à faire valider le bien-fondé de son retour. Le groupe, désormais armé de trois guitares, est franchement redoutable. Lenny, survolté sans doute par ses vingt-cinq années de stand-by scénique, électrise littéralement la foule. Après avoir égrainé quelques classiques extraits d’“X-Rated”, Drakkar nous offre une nouvelle compo bodybuildée augurant du meilleur pour l’album à venir. Ce Drakkar-là n’a manifestement pas fini de nous faire naviguer !


Le Norvégien Divided Multitude investit ensuite la scène Alpha afin présenter quelques extraits de son nouvel opus “Feed On Your Misery”. En ce début de festival, je ne subis pas encore les effets de l’inévitable overdose de métal progressif annuelle et la sauce prend plutôt bien. Le son tranchant et l’énergie positive que dégage le groupe convient parfaitement à ce qui, pour l’heure, me paraît être une version musclée du prog métal de Dream Theater. Les vocaux rappellent parfois l’excellent Graham Bonnet (Rainbow, MSG), ce qui n’est pas pour me déplaire. Une agréable surprise de la part d’un groupe dont nous n’avions jamais entendu parler Macumba et moi.


Il est déjà 20h15 et c’est l’heure qu’a choisi notre hôte pour prendre la parole. Tony Carlino abandonne un instant la casquette d’organisateur du PPM Fest et enfile le costume de rock star latino qui lui va comme un gant pour prendre possession de la scène Omega en compagnie de Max Pie. Le groupe a choisi d’axer l’essentiel de son set du jour autour de son nouvel opus “Eight Pieces One World” qui sortira, le mois prochain, sur le légendaire label belge Mausoleum Records. Le Big Boss, qui nous semble bien plus en forme que lors de son passage au Raismes Fest de 2012, n’a pas besoin de plus de deux minutes pour mettre SON public en poche. Le Max Pie actuel n’a plus vraiment grand-chose à voir avec celui qui avait enregistré “Initial Process”. Loin d’être dérouté par cette nouvelle orientation musicale, le PPM semble avoir compris que son groupe fétiche était passé à la vitesse supérieure. Les nouveaux membres, et particulièrement le guitariste/compositeur Damien di Fresco, apportent à Max Pie la dynamique qui lui faisait un peu défaut par le passé. Les nouvelles compos sont puissantes, musclées et ultra-techniques (NDR : Damien ferraillait autrefois au sein d’une formation métalcore) et leur intensité pousse parfois Tony Carlino dans ses derniers retranchements. Discret mais efficace comme à son habitude, Oli soutient de sa basse ronflante les rythmiques complexes de Sylvain tandis que Damien s’impose comme le complément sonique parfait à la voix de Tony. Bien qu’il ne soit pas d’une stature imposante (NDR : Macumba le surplombe de deux bonnes têtes), Damien occupe tout l’espace visuel dès qu’il se lance en solo. Superbe prestation !


Petit détour du côté de la scène Alpha où le métal progressif transalpin fait sa première apparition de l’année avec un DGM réglé sur le mode ‘Festif’. Entre ses ébouriffantes démonstrations de technique pure, le quintette romain prend le temps de fêter l’anniversaire de son guitariste Simone Mularoni auquel il réserve d’amusantes surprises. (NDR : un petit chapeau pointu lui est collé sur la tête tandis que les chœurs du PPM entament un joyeux ‘Happy Birthday’). Mularoni est tout sourire et sa joie de vivre, communicative à souhait, adoucit un peu le côté rigoureux et accablant (pour le non-musicien que je suis) de la musique de DGM.

Il est 22h et nous entamons la dernière ligne droite de cette première journée. Dire que l’Avantasia de Tobias Sammet est très attendu, ici à Mons, est un doux euphémisme. Le Lotto Mons Expo est d’ailleurs bien plus rempli aujourd’hui qu’il ne le sera demain pour la messe noire de Behemoth. Pourtant, à part quelques initiés dont Macumba et moi ne faisons évidemment pas partie, personne ne sait vraiment à quoi s’attendre. La prestation de ce soir est la première du “Mystery World Tour 2013” et tous ses secrets n’ont pas encore été dévoilés.


Il est 22h15 lorsque résonnent les premières notes de l’ouverture du “Also Sprach Zarathustra” de Richard Strauss. Les lights dévoilent un décor somptueux aux couleurs de la pochette de “Mystery Of Time”. Tobias Sammet, en maître de cérémonie, est coiffé d’un chapeau haut de forme scintillant. Le concert démarre sur le “Spectres” du dernier opus. Thomas chante seul, ce qui n’arrivera plus pendant le reste de la soirée. Le groupe qui l’accompagne est plutôt costaud. Les guitares sont tenues d’un côté par le fidèle Sascha Paeth (ex-Heaven’s Gate et producteur attitré de Kamelot, Rhapsody Of Fire, Edguy, Epica, Angra et bien d’autres) et de l’autre par le génial Oliver Hartmann (ex-At Vance, Hartmann) aussi talentueux à la six-cordes que derrière un micro. Miro (Kamelot, Angra) est en charge des claviers, tandis que Felix Bohnke (Edguy) martèle les fûts. Deux choristes accompagnent Sammet sur toute la durée du set : la superbe Amanda Sommerville (Aina, Kiske/Sommerville, Epica) et Thomas Rettke, le vocaliste d’Heaven’s Gate.

Le premier invité-surprise débarque sur les planches dès le second titre (“Invoke The Machine”). C’est un géant (NDR : en tout cas il en à l’air à côté de Tobias) vêtu de cuir et de clous. Il me faut quelques minutes pour reconnaître l’une de mes idoles des eighties. Il s’agit du génial Ronnie Atkins, leader incontesté des Pretty Maids. Avant de se séparer, le duo fantastique balance un “Black Orchid” à l’atmosphère ‘Led Zeppelinienne’ et, dans la salle, l’ambiance est à son comble. Atkins cède sa place à une silhouette sombre masquant une calvitie (volontaire ?) à l’aide d’un bonnet de laine. Nous avons reconnu Michael Kiske, le chanteur des mythiques “Keepers Of The Seven Keys” d’Helloween ; celui-là même qui avait un jour juré de ne plus jamais s’adonner aux joies malsaines du heavy métal. Si Kiske est pétri de talent, son côté rock star est parfois crispant et Tobias Sammet, qui en est manifestement conscient, se donne un mal de chien pour le rendre sympathique aux yeux du public. Les deux Allemands régalent nos sens du superbe “Reach Out Of The Light”, qu’ils font suivre du hit “Breaking Away” (NDR : deux titres extraits du premier opus “The Metal Opera”, sorti en 2001). Thomas Rettke quitte son poste de choriste pour gagner l’avant de la scène et se joindre à Sammet pour un “Scales Of Justice” des familles. La surprise suivante nous fait frémir de joie : Bob Catley l’une des plus belles voix du rock britannique, est de la partie. Malgré ses 65 ans, le vocaliste de Magnum est toujours aussi fringuant et ses interprétations, en duo avec Tobias, de “The Story Ain’t Over” et “The Great Mystery” me donnent carrément la chair de poule. Le dernier invité de la soirée est plutôt inattendu puisqu’il s’agit de l’américain Eric Martin. À 52 ans, le vocaliste de Mr. Big a encore l’allure d’un jeune premier. Vêtements chics, coupe de cheveux impeccable et voix d’or ; le public féminin est en larmes et j’ai beaucoup de peine à retenir Macumba qui tient absolument à monter sur scène pour lui réclamer le navrant “To Be With You” qui, on s’en souvient, avait propulsé Mr. Big en haut des charts au début des années 90. Sammet s’amuse à charrier la ‘pop star’ en lui demandant de nous appeler ‘Motherfuckers’, une chose qui lui est absolument interdite de faire au sein de Mr. Big. Martin relève le défi avec un certain brio et une bonne dose d’humour.

“Sleepwalking” nous donne enfin l’occasion de voir Amanda Sommerville de prés. Pour nous qui possédons une prostate et une pomme d’Adam, la chose est tout de même plus agréable qu’un gros plan sur les incisives immaculées d’Eric Martin.

Nous avons fait le tour des guest-stars et tout le monde est passé au moins une fois sur scène. Ronnie Atkins reprend donc du service sur “Scarecrow”. Le magique “Farewell” est interprété en trio par Tobias, Amanda et Michael Kiske. Ce dernier, squatte encore un peu les planches pour un “Shelter From The Rain” envoûtant qu’il partage généreusement avec Bob Catley. Les titres suivants s’enchaînent (“The Wicked Symphony”, “Lost In Space”, “Dying For An Angel”…) et les duos/trios se font et se défont. Tobias Sammet brille de mille feux : voix superbe, humour décapant, jeu digne d’un acteur de comédie musicale ; il est à la fois le Clown, le chef d’orchestre et le Monsieur Loyal de ce gigantesque cirque musical.

Nous sommes encore sous le charme lorsque les lumières de la scène s’éteignent. Mais nous ne l’entendons pas de cette oreille et nous exigeons un rappel. À force de hurler notre douleur, nous avons obtenons le superbe “The Seven Angels” interprété à quatre voix par Tobias, Michael Kiske, Bob Catley et (enfin) Oliver Hartmann, dont la superbe voix n’a (à mon humble avis) pas été assez exploitée aujourd’hui. Le final est grandiose. La troupe, en entier, envahit les planches de la scène alpha pour entonner en chœur le hit ultime qu’est “Sign Of The Cross”. Un pur bonheur.

La salle entière est à genoux. Il est une heure du matin. Le spectacle a duré près de trois heures. Nous venons d’assister à l’un des meilleurs concerts donnés au PPM, toutes années confondues !

Il me faut encore dégonfler Macumba et la ranger dans le coffre de la voiture avant de songer à rentrer chez moi. Une bonne heure de route avant de pouvoir sombrer dans les bras de Morphée. Demain, la journée risque d’être longue.

Les autres photos de

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Photos © 2013 Hugues Timmermans

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