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Le grand retour de Spock’s Beard

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Cela faisait longtemps que les Américains n’avaient plus foulé les planches du Spirit. En compulsant mes disques dédicacés, j’ai pu vérifier que le dernier ticket de concert datait de 2007 ! C’est long comme durée pour attendre le groupe qui enchanta à chaque fois nos soirées verviétoises. Pour l’heure et après un nouveau changement de line-up, puisque Nick D’Virgilio est aujourd’hui remplacé par Ted Leonard ancien membre d’Enchant, le groupe nous apporte avec cette tournée 2013 un nouvel opus “Brief Nocturnes and Dreamless Sleep”, leur onzième, attendu par les fans depuis près de trois ans ! Mais avant de parler de la prestation haute en couleurs des Américains, revenons tout d’abord sur ce qui constituait l’entrée de cette soirée avec les Suédois de Beardfish, groupe formé en 2001 et qui a déjà à son actif sept albums studio et de nombreuses participations à de grands festivals progressifs. Le groupe, qui au départ développa un rock progressif typé seventies proche de Yes et King Crimson, s’est ensuite tourné vers une musique plus agressive typée cette fois-ci métal. C’est d’ailleurs ces deux facettes de Beardfish que nous allons avoir l’honneur d’apprécier pendant plus ou moins trois quarts d’heure avec la revue de l’album “Sleeping the Traffic part two” pour le côté seventies et le petit dernier “The Void” pour le côté plus métal. Pour ce faire et pour la première facette, Rikard Sjöblom se place aux claviers et nous distille les sons des vieux orgues vintages. Pour la seconde plus brutale, Rikard endosse alors la guitare afin d’épauler son collègue David Zackrisson, ainsi le jeu des deux 6 cordes donne plus de puissance. Sinon, Margus Ostgren et Robert Hansen assurent, quant à eux, la section rythmique. Seulement 45 minutes pour tenir le timing de la soirée et, malgré tout, les Suédois ont offert une belle carte de visite avec un rock progressif nordique où technicité et mélodie ont fait bon ménage. À revoir assurément !

Une petite demi-heure de battements plus tard afin de positionner l’impressionnant matériel des Américains et les voilà qui montent sur scène. On reconnaît d’emblée les silhouettes de chacun avec tenue colorée et bandeau pour Ryo Okumoto, tenue colorée également et longue chevelure pour le grand Dave Meros. Grand sourire et mimiques pour le petit Jimmy Keegan qui aura déjà étonné les puristes par son jeu et son énergie sur scène. Tenue plus sobre pour les deux guitaristes, Ted Leonard et l’indécrottable Alan Morse qui, d’emblée, nous offrent leur bonne humeur. Que serait le show de Spock’s Beard sans l’incontournable séance de mise au point du gigantesque dispositif de Ryo qui fait, comme toujours, durer le plaisir. Petit brin d’humour de la part de Ted et Alan qui charrient le pauvre claviériste qui finit par faire prendre la sauce de son matériel. Et là, c’est le mur de son qui frappe l’assemblée avec d’emblée un jeu puissant qui distille, en toute logique, les compositions du dernier opus. C’est d’ailleurs ce qu’attend le public qui a répondu présent avec un Spirit bien rempli. Les chansons s’enchaînent dans un tempo où rock’n’roll, progressif et blues s’entrechoquent afin de nous assainir un maximum de coups de boutoir. N’oublions pas la mélodie avec des passages où guitare acoustique et piano font également merveille. D’entrée de jeu, le nouveau venu Ted Leonard est à l’aise aussi bien au chant qu’à la guitare, ce n’est d’ailleurs pas un novice en la matière. Chaque musicien est bien à sa place et le mixage des instruments est à la hauteur de nos espérances.

Comme à son habitude, Spock’s Beard nous offre ici l’ensemble des ingrédients de sa recette gagnante. Outre un grand niveau des protagonistes pour leur instrument respectif, on déguste de nombreuses harmonies vocales dignes des Beach Boys et qui nous rappellent l’époque du fabuleux “Snow” quand Neal Morse était toujours là. Musicalement aussi, on approche à plusieurs reprises le top niveau atteint par les Américains. Notons encore que chaque chanson est entrecoupée d’un petit moment sympa où l’humour est omniprésent. Le groupe gardant cette joie communicative et cette décontraction propres aux grands artistes. Car il y en a sur scène des artistes et d’un fameux tonneau avec un moment inoubliable où lorsque Ryo ayant planté son PC, Ted et Alan se lancent alors dans une très belle ballade où les guitares et le travail vocal font oublier ce petit incident technique. Et cela repart de plus belle avec toujours cette même énergie où chacun excelle littéralement dans sa discipline. Le petit Jimmy Keegan, qui nous livre un jeu aussi puissant que précis, a définitivement pris sa place au sein de l’équipe. Notons également sa participation vocale. Il me fait penser à Scott Higham qui a su parfaitement intégrer Pendragon. Son acolyte de la section rythmique, Dave Meros, reste impérial avec un jeu de basse à la fois sobre proche d’un Peter Gee et à la fois démonstratif proche d’un John Jowitt. Ted Leonard a lui aussi pris sa place sur scène, prenant à bras le corps le rôle de Frontman. Que dire de Ryo Okumoto qui, comme à son habitude, reste exubérant et surtout efficace dans tous les registres que ce soit pour le piano, les synthés ou les orgues. Venons-en au grand Alan Morse qui a une nouvelle fois montré sa toute grande dextérité dans un jeu à mi-chemin du rock et du psychédélisme.

Mais que serait un concert au Spirit Of 66 sans un rappel et quel rappel où sur base d’une composition du band, tous les membres du groupe sont tous partis en vrille pour nous concocter une gigantesque jam-session où chaque musicien s’est littéralement libéré dans un exercice démonstratif où le progressif s’est teinté de blues et de psychédélisme. Une démonstration digne des plus grands bands de la grande époque où chaque virtuose a su montrer tout son talent, et ce, tout en gardant cet esprit de plaisir à être sur scène.

Ce soir, deux écoles progressives se sont données pour notre plus grand plaisir, preuve en est que le rock progressif est toujours bien là et que les bons groupes sont toujours aussi nombreux sur la place. Tant mieux pour nos amis puristes et connaisseurs qui ont dû passer, en cette soirée du 2 mai 2013, un tout grand moment de musique. Parlons maintenant de Spock’s Beard dont c’est bel et bien le grand retour et qui a su, comme lors des tournées de 2005 et 2007, offrir son plus grand niveau sur scène. Spock’s Beard a bien repris sa place au Panthéon du rock progressif. Un grand merci à vous !

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