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Un raz de marée scandinave vient attendrir la Rotonde du Botanique

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Le festival des Nuits du Botanique fête ses vingt ans en cette année 2013. Ce 7 mai, j’ai assisté à la Rotonde à un concert très attendu, celui de l’Islandaise Sóley et de la Norvégienne Rebekka Karijord. Sóley Stefánsdóttir est la chanteuse, claviériste et guitariste de ce groupe islandais, elle est accompagnée de Jón Óskar Jónsson à la batterie et d’Albert Finnbogason à la guitare et aux synthétiseurs. Sóley a commencé en tant que choriste dans le collectif indie Seaband. Elle s’est découvert une vocation pour le chant et a sorti en 2010 son premier EP solo “Theater Island”. Puis, le single “Pretty Face” est sorti, précédant l’album “We Sink” en 2011. La chanson débutant le concert est “Don’t Ever Listen” où une guitare grattée toute en douceur par Sóley s’impose petit à petit. La voix est délicate et accompagne bien. Pour “Fight Them Soft”, les notes de claviers sont apaisantes, la voix se fait berceuse, je pense que je vais m’endormir. Cela s’anime heureusement grâce au batteur qui amène les percussions en toute légèreté. Dans “The Sun Is Going Down 2”, on continue dans la berceuse ! Au secours, je vais sombrer. “Kill The Clown” est une chanson qui s’en va plus dans une ambiance feutrée à la Björk. Cela s’anime tout doucement avec l’ajout progressif de sons.

“Wedding” est une nouvelle chanson, on est dans l’expérimentation sonore, mais elle est un peu ratée de par les imperfections scéniques de Sóley. “Smashed Birds” repart avec un son de guitare accompagné en montée graduelle de percussions feutrées, la voix est légère et fait moins berceuse, j’aime bien l’ambiance dégagée. Les nappes de piano avec les petits bruitages l’accompagnant font de “Pretty Face” une belle petite ballade. Heureusement qu’il y a une loop machine pour égayer un peu l’assemblée pour “And Leave” et ne pas sombrer dans l’oubli. Les effets vocaux de la loop machine font sensation. Avec “I’ll Drown” qui clôture le concert, il semblerait que Sóley se réveille. Le concert se termine, elle aurait dû mettre le réveil un peu avant et peut-être bien dès le début du concert. Les gens ont l’air d’apprécier. J’ai trouvé son set un peu mou et inégal, mais je laisse une chance à Sóley et voudrait bien la revoir en concert. Elle a du talent, c’est indéniable, mais elle doit dynamiter quelque peu sa prestation. On n’était pas à la Rotonde, mais dans une crèche.

Rebekka Karijord a grandi dans différentes villes du nord de la Norvège, élevée par sa mère également artiste. Elle est basée depuis 10 ans à Stockholm, en Suède. Rebekka a composé la bande-son d’une trentaine de films, pièces de théâtre, spectacles de danse moderne. Elle est l’auteur de différentes pièces et histoires courtes et est actrice de cinéma et de théâtre depuis l’âge de 12 ans. “Neophyte” (2003) et “Good or Goodbye” (2005) précèdent “We Become Ourselves” qui est son quatrième album studio, son second solo. Son premier album solo intitulé “The Noble Art Of Letting Go” est sorti en 2010. La vidéo du premier single “Use My Body While It ́s Still Young” montre la prestation de l’ex-danseuse du ballet Cullberg, Siv Ander, âgée de 75 ans. La chanson “Wear It Like A Crown”, figurant sur l’album “The Noble Art Of Letting Go”, a servi de base au spectacle de nouveau cirque de la troupe suédoise Cirkus Cirkör, joué dans le monde entier. Rebekka a composé l’intégralité de la musique du spectacle. Elle est accompagnée de trois vikings multi-instrumentistes pas manchots et talentueux en la personne de Simon Stålhamre et Jacob Snavely, tous deux membres de Small Feet et de Anders Scherp.

L’intro nous amène Rebekka revêtue de la veste traditionnelle lapone avec, serties à l’intérieur, des plaques en cuivre qui en faisant un bruit caractéristique amène le mystère comme à l’entrée de la forêt de Sherwood. Les percussions tribales vous interpellent. Les musiciens frappent sur tout ce qui bouge même le sol pour appuyer les percussions. “Prayer” débute en très grande pompe le concert avec la voix puissante et troublante de Rebekka qui est accompagnée par les sons de pianos. La force de la voix de Rebekka a de la présence, des aigus aux graves, de la clarté et amène le mystère. “Save Yourself” est introduit par un bruit de vent qui souffle dans les profonds fjords norvégiens. La vigueur de la voix mystérieuse vous emmène dans le monde des elfes et des trolls. Les trois Vikings en mettent une couche avec leurs voix sorties d’un drakkar ténébreux. C’est de toute splendeur, la Scandinavie profonde, elle vous retourne les tripes.

Rebekka débute “Giant” avec des sons d’orgue, on se croirait dans une grotte marine où vont apparaître des dragons. L’acoustique parfaite du dôme des découvertes et la voix cristalline de Rebekka accentuent encore le mystère. Les percussions appuient cet effet. Oui, c’est géant. Pour “Bandage”, des notes de piano, un filet de guitare, des percussions discrètes secondent la voix sucrée de la chanteuse, l’appel d’une sirène qui vous interpelle du fin fond des océans. Avant d’entamer “Wear It Like A Crow”, Rebekka se débarrasse de sa veste et la place sur un mat à l’arrière comme pour accentuer le mystère d’un drakkar qui nous amène dans les brumes ténébreuses du Grand Nord scandinave. La ballade entamée au piano avec la voix de Rebekka vous glace le sang et vous transporte dans un univers mystique dont Bjork et Kate Bush nous avaient déjà habitués. Elle est à mettre dans le peloton des grandes chanteuses qui vous font effet et vous secoue les tripes. Notre Merlin au féminin nous transporte dans les cieux pour “Paperboy- The noble Art Of Letting Go” avec sa harpe, c’est aérien et divin. J’adore ce morceau, j’ai mes poils qui se dressent et des frissons dans le dos. Il est à noter que les groupes qui nous viennent de Scandinavie, que ce soit pour n’importe quel style musical, font une musique de qualité.

Retour au piano où Rebekka nous interprète “Multicolored Hummingbird”. On est plus dans le mystère avec cette chanson résolument pop/rock, The Beatles et Abba ne sont pas loin. Merlin nous remet cela à la harpe avec “You Make Me Real”, tout en douceur et musicalité. La grande messe va passer par Carnac et non, on est bien au Botanique. La communion est totale entre les artistes et le public conquis. Ils font quand même une musique bien foutue, ces Vikings. Merlin est toujours là pour “Your Love”, elle nous transporte sur un dance floor du Grand Nord où il fait bon danser sur des rythmes ravageurs. Dommage qu’il n’y a pas de jolies partenaires à proximité ; ce n’est pas avec Daniel ou Michel que vous allez exercer cet art. Eh oui Rebekka, tu es jolie et ta voix nous transporte sur “Use My Body While It’s Still Young”. Notre chanteuse, en complète communion avec son public, va l’inviter à chanter et cela va marcher. Les trois Vikings sympathiques reprennent leur voix caverneuse pour introduire cette chanson. La prêtresse mystique sait manier les foules.

“Ode To What Was Lost” termine le concert en beauté comme cela avait commencé, avec des percussions dans les mirettes. Avant de repartir dans le Grand Nord et de remonter sur le drakkar, il est temps de finir le travail. Le contrat a été rempli les gars, vous avez superbement secondé Rebekka, une grande prêtresse nordique qui a fait vibrer la Rotonde pendant 90 minutes. On reverra certainement cette bande mystérieuse. Rebekka termine avec “The Noble Art Of Letting Go”, elle a mis le feu, c’est sûr, et une voix pareille cela ne s’oublie pas.

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