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Soirée tout en douceur pour Low, Junip et Barbarossa

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Les Nuits du Botanique battent leur plein et fêtent leur vingt ans. Ce mercredi 8 mai, j’ai rendez-vous au Cirque Royal pour assister au concert de l’Anglais Barbarossa qui va précéder la prestation du groupe suédois Junip. Tous deux assurent la première partie du show des Américains de Low. Barbarossa, aka James Mathé, va avoir la dure tâche ce soir d’ouvrir la soirée avant les groupes Junip et Low. Je peux vous dire que ce garçon a du talent pour l’avoir déjà vu en première partie du groupe américain Polica à l’Ancienne Belgique le 19 mars, alors uniquement accompagné d’un batteur. C’est le même concert qu’à l’ancienne Belgique, mais ici le public sera beaucoup plus attentif et réceptif à sa prestation de classe. Babarossa est un espoir de la branche la plus rêveuse du nu-folk anglais.

Longtemps résident du collectif Fence, réputé pour sa grande liberté et tolérance, c’est derrière sa barbe rousse que le Londonien James Mathé articule ses textes autour de mélodies folk enchanteresses. En juin de l’année passée, il ouvre son horizon musical et propose “Butterfly Plague”, un E.P. qui s’aventure sur des terres plus électroniques, tout en gardant ses racines extrêmement délicates et romantiques. La voix mélancolique de James est parfaitement adaptée aux atmosphères qui se dégagent de son clavier et de ses appareils électroniques en tout genre et celle-ci va instantanément fasciner l’audience. Il faut dire que la tête pensante du projet a une certaine expérience, puisqu’il fait partie des musiciens de tournée de José Gonzales qui est la colonne vertébrale du groupe Junip qui succédera à James.

“Bloodline” est le premier morceau, les sons de pianos et de claviers commencent tout en douceur et secondent très bien la voix soul de l’artiste. La chanson est mélancolique. Avec “Pagliaccio”, les beats électros sont bien accompagnés en milieu de chanson par des claquements de mains, je pense que cette chanson avait été jouée à l’A.B. et là James était accompagné d’un batteur. “Butterfly Plague” est le titre éponyme de l’E.P. sorti il y a peu, la voix est haute perchée et me fait penser à celle de Jimmy Somerville de Bronski Beat. “Wishing Well”, la reprise de Terence Trent D’Arby, était risquée, mais James s’en tire avec grande classe, sa voix résolument soul et aiguë s’accommode bien aux sons électros. “Turbine”, où les percussions sont bien présentes, est plus animée et la voix de James prend une certaine assurance. Il enchaîne avec “S.i.h.f.f.y.” suivi de son hit qui passe bien en radio : “The Load”. J’adore cette chanson qui termine parfaitement sa prestation.

Junip est le projet de José González, chanteur et guitariste originaire de Göteborg en Suède, et de son ami d’enfance, le batteur Elias Araya. Après avoir joué ensemble dans le groupe de rock-hardcore Renascence, ils rencontrent Tobias Winterkorn (piano, claviers) au milieu des années 1990. Le trio mettra plusieurs années avant de concrétiser pour de bon le projet baptisé Junip. Souhaitant s’éloigner du punk et du hardcore pour revenir à des influences pop, folk et même psychédéliques (orgues à l’appui), le trio compose en prenant le temps d’expérimenter, lors de longues sessions d’enregistrement où la part belle est donnée à l’improvisation. En 2006, Junip publie un premier E.P. de cinq titres, “Black Refuge”. Enfin, en septembre 2010, un second E.P. “Rope And Summit” est publié en préambule de l’album “Fields”, qui paraît sur le label City Slang (Arcade Fire, Nada Surf, Vic Chesnutt, The Album Leaf) aux États-Unis. Öyvind Hegg-Lunde, Joel Wästberg, Johan Grettve, James Mathe et Andres Renteria accompagnent le groupe sur scène.

Le public est présent et la salle est presque comble pour écouter la prestation de ce second groupe. Junip sera là pour défendre son dernier opus sorti il y a peu, “Junip”. En arrière-plan, il y a présence de la biche assise qui est la pochette du dernier album. On peut remarquer que James est aux claviers. Junip est plus connu pour ses reprises folk (“Teardrop” de Massive Attack, “Heartbeat” de The Knife) que pour ses efforts solo. Pourtant, ces Suédois du sud ont toujours eu de nombreux arguments à faire valoir. Ne connaissant pas ce groupe que je vois pour la première fois, je peux vous dire que cela commence en douceur, la montée en puissance est graduelle avec chaque chanson. La voix du maître à penser de Junip, José González, est douce et très folk. Le morceau d’entrée, que j’identifie comme étant “So Clear”, commence par un filet de guitare appuyant bien la voix, les claviers sont omniprésents, les percussions sont bien là aussi pour appuyer le tout. Ils passent ensuite à “Line Of Fire” et “Suddenly”, la vigueur des claviers et des percussions donnent une certaine signification à ces chansons résolument folk. Le public est attentif, car la musique est belle et sensuelle. L’expérimentation musicale est également présente. J’identifie également “Walking Lightly” où les arrangements musicaux sont subtils, il y a une certaine recherche dans les accords, les jeux de percussions sont au point et ce morceau vous interpelle. Belle prestation pour un groupe que je découvrais. Pour avoir discuté avec un fan qui me signalait que la prestation de Junip était un peu molle, j’ai trouvé cette prestation dynamique, très folk, mais la qualité des arrangements musicaux rendait quand même les mélodies accrocheuses. La qualité de prestation des groupes scandinaves n’est plus à démontrer, et ce, dans n’importe quel style musical. Ces gens savent vous faire de sacrés concerts.


C’est en 1993 dans le Minnesota que vit le jour le groupe Low à l’initiative d’Alan Sparhawk (guitare et chant) et de Mimi Parker (batterie et chant) et du bassiste Steve Garrington. Low est connu pour ses albums grunge. Ayant traversé les années 90 avec une foule de singles, E.P. et albums, aux échos très limités, malgré la nouveauté et la qualité de leur musique, Low est sorti de son relatif anonymat en 2004 en signant avec Sub Pop, label indé phare, après avoir tourné avec Radiohead. Renaissance et nouveau départ pour le groupe qui a changé son fusil d’épaule pour l’occasion, l’évolution est de taille : l’acoustique a laissé place à un son entièrement synthétique. Des beats, des synthés, un peu de guitare et de basse, l’indie rock dépouillé est devenu de la new wave glaciale.

Low s’était aventuré, en 2011, dans de nouvelles sphères musicales proposant cette fois un projet hors des sentiers battus en enregistrant “C’mon”. Enregistré dans une vieille église à Duluth, “C’mon” est le fruit d’une recherche active de sons spontanés, de réverbérations naturelles et d’une liberté totale dans le choix des instruments, passant de l’orgue au tambourin. Pour la production de cet opus, Low a fait appel à Matt Beckleyque qu’on a déjà croisé aux côtés d’icônes rock indie telles que Steve Albini ou encore Dave Fridmann mais aussi aux côtés de star de la pop comme Katy Perry et Avril Lavigne. “The Invisible Way” est le nouvel album du groupe. Il possède deux atouts ravageurs qui pourraient lui ouvrir de larges portes : la production de Jeff Tweedy, patron de Wilco, groupe révéré aux États-Unis, et un single, “Just Make It Stop”, qui devrait mettre le feu aux poudres.


Avec la chanson d’entrée “Plastic Cup”, cela commence en douceur avec des filets de guitare accompagnés par graduation de percussions qui accompagnent les deux voix de Junip. Il y a présence en arrière-plan d’un écran où sont projetés des vidéos. Pour ce morceau, ce sont des avions du début de l’ère héroïque de l’aviation évoluant dans le ciel. Pour “On My Own”, le fondu des deux voix d’Alan et de Mimi est magique. L’accompagnement au piano soutient bien le tout. “Holy Ghost” est une ballade teintée de country chantée seule par Mimmi. Low jouera “Clarence White”, “So Blue”, “Waiting” qui sont également extraits de ce nouvel opus. On peut dire que “Monkey” est envoûtant avec ses rythmes tribaux, j’adore cette chanson qui vous interpelle. “Witches” et “Especially Me” sont deux morceaux extraits du précédent opus “C’mon”, sorti en 2011. Ils sont de toute beauté. “Pissing” est le second extrait de “The Great Destroyer” sorti en 2005 comme “Monkey”. Les arrangements musicaux y sont complexes et les tempos variés. “Words” et “In Metal”, qui est issu de “Things We Lost In The Fire” paru en 2001, font dans la douceur, la recherche vocale est d’application. “Canada”, où la basse et la guitare sont bien présentes, termine en beauté ce concert de Low. Une interruption de brève durée et nous aurons droit à un rappel où le groupe va interpréter “I Hear……Goodnight”, encore une chanson douce et calme qui termine bien ce concert.

Le public a été très réceptif à la prestation de ce trio dont la principale qualité était la douceur et la recherche de l’harmonie vocale. J’ai passé une très belle soirée, mais le point fort était la prestation de Barbarossa.

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Photos © 2013 Jean-Marc Quinet

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