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Nuits du Bota 2013 : CHVRCHES en pleine Ascension

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Gros succès de foule ce vendredi 10 mai aux Nuits Botanique puisque pas moins de trois salles sur les quatre en activité affichaient complet. Toujours à l’affût de la dernière hype, c’est à l’Orangerie que l’on a posé notre plume pour la première visite en Belgique de Chvrches. Il s’agit peut-être d’une coïncidence mais cette année, les groupes liégeois se taillent une large part de la programmation en tant que support bands. Celui qui est amené à se présenter ce soir, Pale Grey, vient de publier son premier album, “Best Friends”. Il fait suite à “Put Some Colors”, un EP sorti en 2011, genre de délire conceptuel multicolore (chaque titre portait le nom d’une couleur) à la sonorité modérée. Depuis, l’univers de ces quatre gaillards a sensiblement évolué et lorgne désormais vers une indie pop consistante.

Les titres proposés ce soir prennent d’ailleurs une tournure plus nerveuse qu’à l’époque et le chanteur a pris de l’assurance, ce qui bonifie immanquablement la perception générale. Les lignes de basse travaillées font groover des compositions qui ne demandent qu’à exploser alors que les légères touches électro ont tendance à les différencier de leurs pairs régionaux que sont notamment Roscoe et El National Quarterback. En plus, leur single “Seaside”, qui tourne abondamment sur les ondes, a eu son petit succès. Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes s’ils n’avaient pas ce handicap propre à la majorité des groupes du sud du pays: un sérieux manque d’image. A travailler en priorité s’ils veulent embrasser une carrière ne fut-ce que nationale…

Tout le contraire du groupe qui se préparait à investir l’Orangerie. En effet, les Français de La Femme font passer le visuel avant toute chose. Par rapport au matériel utilisé tout d’abord. Pas moins de quatre synthétiseurs aux sons multiples sont disposés sur le devant de la scène. Par rapport au look des musiciens ensuite. Si la chanteuse (la seule femme du groupe) porte une perruque au bol qui la fait ressembler à celle de Starving, le second chanteur aux cheveux blonds colorés au bleu de méthylène vaut le coup d’œil. Par rapport à la musique enfin. Les beats électro et les paroles visiblement délirantes (mais tout à fait inaudibles en live) étayent leur style musical qu’ils ont eux-mêmes baptisé “débile mentale wave”.

Vous l’aurez compris, ce sont des gens qui sont loin de se prendre au sérieux. Mais cela fonctionne, car leur nom était sur toutes les lèvres avant et après le concert alors que la salle était pleine à craquer durant leur prestation. Basées sur un environnement très synthétique et une batterie omniprésente, leurs compositions doivent énormément à la new wave du début des années 80, quelque part entre Taxi Girl et Indochine, voire Ellie & Jacno auxquels ils injectent des sons du troisième millénaire, un peu dans la veine de Sexy Sushi. Le public, en tout cas, adore, et l’environnement punk pop aux BPM affolants va même générer quelques pogos. Ceci dit, dans le même genre, on préfère de loin Vive La Fête, car ils sont, eux, vraiment déjantés…

La tête d’affiche de la soirée était confiée à Chvrches (à prononcer churches), les natifs de Glasgow dont on parle énormément actuellement, alors qu’ils n’ont sorti qu’un EP (“Recover”) en vinyle. Ils ont ainsi obtenu une très encourageante cinquième position dans le respecté BBC Sound of de 2013 ainsi qu’une invitation émanant de Depeche Mode pour assurer quelques premières parties lors de leur tournée mondiale. Pas mal pour un groupe qui n’existe que depuis 2011…

Les lumières s’éteignent alors qu’une version bizarroïde du “Let’s Go Crazy” de Prince s’échappe des haut-parleurs, un peu comme si le 45 tours tournait en 33 et, d’un coup, tout s’emballe avec “Lies”, le titre d’intro qui va prolonger l’atmosphère du groupe précédent en beaucoup plus subtil et sensuel. La chanteuse Lauren Mayberry n’y est pas étrangère, petit bout de femme pas désagréable du tout à regarder dont la voix fait de prime abord penser à Cyndi Lauper ou à Madonna au début des années 80. Elle a un accent british tout à fait incompréhensible et porte une attelle qui lui immobilise un bras.

Autour d’elle, deux bonhommes calés derrière d’énormes claviers fournissent la base rythmique des morceaux. L’un deux attrape une basse de temps à autre mais, dans l’ensemble, cela reste assez froid. Heureusement, Lauren rééquilibre les échanges avec son organe vocal. Par ailleurs, l’évidence des compositions franchement pop et efficaces parle en leur faveur (“Sink”, “Gun”, “Recover”). On se prend par moments à les comparer à La Roux qui avait fait sa spécialité de mettre en avant des refrains catchy voici quelques années.

Mais ici, on est dans un autre registre malgré tout car, au fur et à mesure du set, la voix de la chanteuse va devenir puissante et très juste (“Night Sky”) alors que l’environnement sombre qui va caractériser le seul titre où elle confie le micro à un de ses acolytes (“Tide”) pourrait leur indiquer une direction à explorer dans le futur. La cérémonie se terminera assez brusquement avec “Mother”, qui pourrait aisément rivaliser avec la moitié du top 40 anglais actuel. Ils seront de retour au Pukkelpop cet été, l’occasion de se faire une idée sur leur évolution avant la sortie de leur très attendu premier album…

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