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Une leçon de guitare du maître Joe Satriani

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J’ai assisté ce mardi 4 juin à un concert exceptionnel de Joe Satriani avec, en première partie, le prodige du blues anglais Oli Brown. Ce concert se passe par une soirée ensoleillée au Cirque Royal de Bruxelles. La salle n’est pas comble. Oli Brown, jeune prodige de la guitare et de la scène blues anglaise, est né en 1990 dans le comté de Norfolk en Angleterre. Oli est un auteur-compositeur et chanteur de blues qui incarne le renouveau du blues anglais, c’est une lourde responsabilité pour ce jeune guitariste talentueux et précoce. À douze ans, sa plus grande fierté était de jouer le thème de James Bond. À quinze ans, il part seul pour un voyage initiatique aux États-Unis durant lequel il va mieux comprendre l’essence du blues et apprendre la scène. En 2006, Oli fonde son propre groupe Oli Brown Band, avec le batteur Simon Dring et le bassiste Fred Hollis. Il tourne aux États-Unis où il partage la scène avec Walter Trout et John Mayall And The Bluesbreakers. Paul Jones les remarque et les invite à une session live aux Studios Maida Vale, pour son show sur BBC Radio 2. Pendant l’été 2007, Oli repart aux États-Unis, en tant qu’invité sur la tournée Middle West du blues band de l’harmoniciste et chanteur Carl Gustafson (Blinddog Smokin). En janvier 2008, il signe avec le label allemand Ruf Records et sort son premier album “Open Road”. Ce dernier est très bien accueilli par la presse spécialisée. D’autres apparitions en 2008, aussi bien en Europe qu’aux States et notamment lors des concerts de Johnny Winter, Walter Trout, Robben Ford,The Fabulous Thunderbirds, Aynsley Lister, Jon Cleary ou encore de Buddy Whittington, continuent de le faire connaître du public. Début 2009, il participe à la tournée européenne du Blues Caravan.

Oli sort, en 2010, l’album “Heads I Win, Tails You Llose” produit par Mike Vernon (Fleetwood Mac, Eric Clapton, John Mayall, Freddie King et David Bowie). À vingt-deux ans, Oli Brown et son groupe remportent deux distinctions à la cérémonie des British Blues Awards 2010 et trois autres prix en 2011. Ceux qui font l’actualité du blues ne tarissent pas d’éloges. Oli joue sur une guitare Stonetree (réalisation du luthier Scott Platts). En 2011, il part pour une tournée anglaise en compagnie de Ron Sayer à la basse et Wayne Proctor à la batterie pour faire la première partie de John Mayall, le bluesman le plus emblématique d’Angleterre. Oli se dit impressionné par l’enchaînement des 25 dates.

Il est présent ce soir pour défendre son dernier opus “Songs From The Road”. Oli est accompagné de son fidèle batteur Wayne Proctor et du bassiste Scott Barnes. Il joue de la guitare depuis l’âge de 13 ans et sa première influence fut Jimi Hendrix. Il a déjà eu l’occasion de jouer en compagnie de grands noms du blues. Son jeu de guitare est très précis et de qualité. Sa voix très blues me fait penser à celle de Joe Bonamassa, son timbre de voix très soul-blues est assez puissant pour en imposer. Son jeu de guitare est vigoureux et sans artifices, ses soli de guitare sont bourrés de feeling. Oli surprend d’ailleurs par sa maturité précoce. Il est à noter que je suis un grand amateur de blues, le trio m’a scotché par son jeu de scène, la qualité de la musique jouée ainsi que la voix d’Oli qui a su assurer ce set d’ailleurs court. Le trio a bien rempli son contrat et a su chauffer la salle, juste ce qu’il faut pour l’arrivée de Joe Satriani.

Joe Satriani est la référence absolue en matière de guitare électrique, c’est un Guitar Hero reconnu mondialement depuis son album révélation de 1987 “Surfing With The Alien”. Après 10 millions d’albums vendus, 14 nominations aux Grammy Awards et de nombreuses ovations, Joe Satriani continue à repousser les limites du rock moderne. Choisi par Mick Jagger et Deep Purple pour leurs tournées, il se révéla rapidement être un vrai virtuose. En 2009, il se joint à Sammy Hagar et Michael Anthony de Van Halen ainsi que Chad Smith des Red Hot Chili Peppers pour former Chickenfoot, groupe au succès international. Après la parenthèse Chickenfoot, Joe revient sur les devants de la scène avec une tournée mondiale et surtout pour défendre son nouvel opus “Unstoppable Momentum” sorti il y a à peine un mois.


Pour cette tournée, il est accompagné de Marco Minnemann à la batterie, Bryan Beller à la basse et Mike Keneally à la guitare et aux claviers. L’entrée en matière est faite pour “Cool # 9” par Marco qui s’installe derrière ses fûts pour y faire un solide solo de batterie de plus de deux minutes. Le solo magnifique terminé, Joe Satriani, du haut de ses 56 ans, le crane rasé de près et lunettes noires, vient nous interpréter son premier morceau “Devil Slide”, un extrait du huitième album solo du maître “Engine Of Creation” sorti en 2000. Joe, en professeur de guitare virtuose, nous en met dès le début plein les oreilles avec des accords soignés et des soli de guitare les plus harmonieux.

Il entame ensuite un de ses classiques “Flying In A Blue Dream”, tiré du troisième album du même nom sorti en 1989. Du début à la fin de ce set, mes yeux vont être rivés sur les 10 doigts de Joe qui va nous donner pendant plus de deux heures une leçon de guitare à couper le souffle. Il va même s’essayer à deux reprises à jouer de son instrument avec ses dents comme un certain Jimi Hendrix. Avec “Unstoppable Momentum”, morceau du nouvel opus, il va nous charmer en jouant la quasi-totalité des morceaux composant ce nouvel opus très abouti. Il va enchaîner “The Weight Of The World”, “I’ll Put A Stone On Your Cairn”, “A Door Into Summer”, “Shine On American Dreamer”, “Three Sheets To The Wind”, “Jumpin’ In”, “Jumpin’ Out”, “A Celebration” et enfin “Lies And Truths”. Joe Satriani, en virtuose de la guitare qu’il est, a toujours mis logiquement son instrument au premier plan. C’est d’ailleurs ce qu’attendaient les fans d’une musique sophistiquée située entre le hard rock progressif et le jazz rock dans sa version la plus tranchante.


Le professeur de guitare de Berkeley qui a eu comme élèves notamment Kirk Hammett (Metallica), Larry LaLonde (Primus), David Bryson (Counting Crows), Alex Skolnick (Testament) et Steve Vai nous en remet une couche en nous interprétant ses classiques comme “Ice 9”, “The Crush Of Love”, “Satch Boogie”, “Cryin'”, “Always With Me, Always With You” pour terminer par l’époustouflant “Surfing With The Alien”. Nous venons d’assister à deux heures d’une leçon de rock and roll avec un Joe dynamique, talentueux accompagné de sacrés musiciens. La musique de Joe est instrumentale et non chantée, mais Joe tout sourire a su interagir et discuter avec son public de fans. Sa technique m’a subjugué, j’ai déjà eu l’occasion de voir en démonstration un autre Guitar Hero en la personne de Jeff Beck et ces moments sont particuliers, intenses et pleins de bonheurs. Une courte pause pour un rappel avec “Crowd Chant”, “Summer Song” et “Rubina”. Le public se lève et va aux premiers rangs pour faire un standing ovation bien méritée aux artistes. Joe remercie et semble impressionné. Les étoiles sont présentes devant mes yeux et mes tympans sont ravis d’avoir assimilé des accords de guitares mélodieux qui vous transportent dans le bonheur.

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Photos © 2013 Jean-Marc Quinet

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