R-Mine Metal Fest : une première édition très convaincante
La société R-Mine a pris la louable initiative de lancer un nouveau festival métal en Flandre, baptisé R-Mine Metal Fest. Quelques semaines avant le Graspop, il fallait oser. Grâce à une programmation variée et intéressante, le pari est réussi puisque l’organisateur parle déjà d’une deuxième édition l’année prochaine… Vendredi 21 juin 2003. Après avoir passé ce qui m’a semblé une éternité dans les bouchons sur l’autoroute à hauteur de Louvain, j’arrive enfin dans la sympathique localité de Hamont-Achel, située près de Tongres à environ 130 km de Bruxelles. Les portes sont déjà ouvertes. Les embouteillages m’ont fait arriver bien après l’ouverture officielle des portes à 15h30. Le complexe De Posthoorn a été aménagé en site de festival. L’accueil est cordial et l’ambiance bon enfant. Muni de ma carte All Access, je me précipite dans la salle pour me plonger dans ce nouveau festival.
La salle est de taille moyenne. À chaque bout se trouve une scène : la Nick’s Stage sur la gauche et la Moonlight Stage sur la droite. Pour le premier jour, les organisateurs ont programmé plusieurs petits groupes sympas comme Mental Circus (qui n’a pas pu jouer à cause d’un problème d’horaire), Scarved, Azylya, Ex Libris et Ethernity. Le public est encore clairsemé, ce qui peut s’expliquer par le fait qu’il est encore fort tôt pour un vendredi.
Sur scène, le groupe Voodoo Highway, venu défendre son nouvel opus intitulé « Showdown » (sorti le 26 avril dernier). Le groupe originaire de Ferrara (Italie) est emmené par l’excellent Federico Di Marco au chant. Comme à son habitude, le groupe donne une prestation hypervitaminée. Ceux que d’aucuns surnomment les nouveaux Deep Purple ont assurément une bonne présence scénique. À suivre donc.
Vient ensuite Fate, groupe danois de hard rock fondé dans les années ’80, reformé après une période de léthargie de 1993 à 2004. La bande à Dagfinn Joensen sort un son très classique, assez proche de certains groupes AOR, avec de temps à autre des sonorités à la Toto. Un excellent moment de ce premier jour.
Retour vers la Moonlight Stage pour accueillir Nightmare, déjà vu cette année à bord de la croisière 70.000 Tons of Metal et au PPM Fest à Mons. Une année faste donc pour le groupe français qui vient d’ajouter à son palmarès le Dubai Rock Festival 2014.
Les Français sont toujours aussi bons et livrent une prestation très appréciée d’un public de plus en plus dense. Jo Amore sait comment y faire sur scène et le show du groupe paraît vraiment trop court, tant le temps passe vite en les écoutant…
Mais déjà arrive un des poids lourds de la soirée : Jorn Lande. Avec un léger retard dû à un problème technique, cette véritable légende du métal foule la scène du R-Mine Metal Fest. J’ai le cœur qui bat la chamade tellement j’attendais cet instant.
Sur scène, Jorn assume son statut et en joue, gardant la pause « métal » pour les photographes et pour le public. Et que dire de cette voix puissante qui rappelle de plus en plus celle du regretté Dio… Celui que d’aucuns surnomment le Dieu norvégien du métal est entouré d’excellents musiciens qui interprètent avec brio une setlist axée principalement sur le nouvel opus « Traveller » sorti le 14 juin, soit une semaine pile avant le fest. Tant dans les morceaux plus anciens que dans les extraits du nouvel opus, force est de reconnaître que Jorn est tout bonnement impressionnant. Un bon point de plus donc pour les organisateurs.
Pas facile de prendre la relève sur la plus petite scène. C’est pourtant ce que va faire Evil Masquerade, groupe mené par le chanteur Apollo Papathanasio (ex-Firewind). Mais Apollo n’a (une fois de plus) pas pu être de la partie et s’est fait remplacer par Tobias Jansson. Le groupe (Thor Jeppesen, Artur Meinild, Dennis Buhl et Henrik Flyman), assure la promotion de l’album « Pentagram » sorti en 2012 avec des titres comme « God Save The Spleen » ou « Murder Groupie ». Les Danois jouent aussi plusieurs morceaux de l’excellent CD « Move » de 2002 : « Propaganda Pie », « Porno Daddy » ou « Razor Flowers ». Mais est-ce à cause de la scène plus petite et de son éclairage plus sommaire, à cause de leur musique ou de la difficulté d’être pris en sandwich entre deux pointures ? Difficile à dire. Toujours est-il que les Danois paraissent moins convaincants, malgré des compositions plutôt intéressantes. Il me faudra les revoir dans un autre contexte avant de me forger une opinion plus définitive. Bref, le bénéfice du doute.
Pour clôturer cette première soirée, Rhapsody of Fire qui promotionne son excellent album live « From Chaos to Eternity ». Après les tribulations qui ont entouré le départ de Luca Turilli et de plusieurs autres musiciens, j’étais curieux de voir ce que le Rhapsody version 2013 avait dans le ventre. Bien sûr j’avais eu l’occasion d’entendre Fabio Lione avec Angra pendant la croisière métal en janvier, mais jamais je n’avais eu l’occasion de voir Rhapsody en live. Autant le dire tout de suite, je n’ai pas été déçu. Pas même une seule seconde. Les tubes se sont enchaînés avec un Fabio très en voix, sympathique et proche de son public, qui s’est même payé le luxe de jouer les ténors italiens sur un titre. Un régal.
En résumé, un premier jour très réussi. Seul petit bémol : en commençant si tôt un vendredi, le public n’a pas le temps d’arriver. Les premiers groupes ont donc joué devant une salle très clairsemée, qui s’est remplie au fil de la soirée.
Pour le samedi, 17 groupes figuraient au programme. Fatigué à cause de l’heure tardive de la fin du concert de la veille et du trajet de et vers Bruxelles, j’arrive vers 14 heures. Dommage pour les quelques premiers groupes (Pulver One, Valkyre, Keyrah, Scarlet Anger, Magnacult, Sunburst). Après avoir jeté une oreille à Arhytmia et à ses rythmes hyperrapides ponctués de puissants growls, je bats prudemment en retraite pour aller manger un petit bout.
Emergency Gate, prototype même du métal teuton musclé, donne un set hypervitaminé qui vous bombarde les tympans. Une musique puissante, assénée avec enthousiasme par des musiciens maîtres de leur art.
On passe ensuite une classe plus haut avec Max Pie venu défendre son tout nouvel opus « Eight Pieces – One World ». Sur scène, le groupe me fait aussi forte impression qu’au PPM où j’ai entendu les nouveaux titres pour la première fois. L’équipe actuelle de Max Pie (Tony, Damien, Oli et Sylvain) assure un maximum sur scène, tant dans les titres plus anciens que dans ceux extraits de leur dernier-né. Un moment jouissif et le public ne s’y trompe pas.
Autre moment fort de l’après-midi, le groupe Bloodbound, pour moi la grande révélation de ce festival. Créé en 2004 par deux potes, Tomas Olsson et Fredrik Bergh, ce groupe suédois (encore un !) sort son premier album « Nosferatu » début 2006.
Immédiatement, le succès est au rendez-vous et le groupe assure la première partie de pointures comme Arch Enemy, Dark Tranquillity, Evergrey, Pretty Maids ou Sabaton, excusez du peu ! Entre-temps, ils en sont à leur 7e album (« In The Name Of Metal »). Sur scène, le groupe déchire vraiment. Il y a un petit côté Sabaton, très perceptible, mais sans jamais tomber dans le plagiat. Les musiciens sortent un son qui a le don de transporter le public et leur set a vraiment laissé un goût de trop peu. Espérons les revoir prochainement sur une scène belge !
Autre moment très attendu : le groupe italien Secret Sphere dont l’album « Portrait of a Dying Man » a récolté des critiques dithyrambiques dans la presse spécialisée. Petit bémol pour ma part : je suis quelque peu déçu par la prestation du groupe ainsi que celle d’un autre groupe très apprécié et tout aussi italien DGM. Pour une raison que je ne m’explique pas, ces deux groupes, qui ont l’art de distiller des petites merveilles en studio, me semblent moins convaincants sur scène. Et je ne parviens pourtant pas à épingler un défaut majeur dans leur prestation scénique. À revoir donc pour me faire une idée plus précise, d’autant que leur musique est loin d’être désagréable !
Autre gros morceau : Masterplan, le groupe créé en 2002 par Jorn Lande (qui – pour rappel – a joué la veille dans le même festival) et deux anciens membres de Helloween, Roland Grapow et Uli Kusch. Après plusieurs changements d’effectif, l’équipe actuelle se met en place fin 2012 : Roland Grapow (guitare), Axel Mackenrott (claviers), Rick Altzi (voix), Jari Kainulainen (basse) et Martin “Marthus” Skaroupka (batterie). De cette collaboration est né l’album « Novum Initium », dont ils ont joué les titres « Betrayal » et « Keep Your Dream Alive ». Le reste de la setlist balaie la carrière du groupe avec des titres comme « Lost and Gone » (de l’album « MKII »), « Crimson Rider » et « Back for My Life » (de l’album éponyme), ou encore « Spirit Never Die » et « Crawling from Hell » (de l’album « Masterplan »). Les fans de la première heure en ont donc eu pour leur argent. Les musiciens sortent un son correspondant parfaitement aux standards du groupe et le nouveau chanteur s’avère très à la hauteur. Bref, un autre excellent moment de métal dans ce festival.
Après un dernier intermède assuré par les farfelus de Freak Kitchen arrive le moment tant attendu de la tête d’affiche : Symphony X. Petit flash-back : dès mon arrivée dans la VIP room ce samedi, je tombe sur un visage familier, celui de Michael LePond que j’avais vu lors de la croisière en janvier où il assurait le remplacement de son collègue de Hellstar. J’avais déjà apprécié ses talents de bassiste, mais je ne l’avais jamais vu à l’œuvre dans Symphony X. Les lumières s’éteignent. J’ai le palpitant qui passe en mode surexcitation. Si j’avais su il y a quelques semaines que je verrais Jorn Lande et Russel Allen sur 2 jours de temps… Le voilà qui arrive sur scène. Russel Allen, véritable icône du métal, pour moi un des trois meilleurs vocalistes masculins du circuit. Et là, c’est gigantesque, les mots me manquent pour décrire mon indicible émerveillement : une voix magistrale, à la fois puissante et toute en finesse, des musiciens qui assurent un max (en plus des susnommés, il y avait aussi Michael Romeo, Michael Pinnella et Jason Rullo).
Les morceaux s’enchaînent avec, dans le désordre : « Iconoclast », « The End of Innocence », « Dehumanized » et « When All is Lost » (de l’album « Iconoclast »), « Eve of Destruction », « Serpent’s Kiss » et « Set The World » (de l’album « Paradise Lost »), « Inferno » (de l’album « The Odyssey »), « Of Sins and Shadows » et « Smoke and Mirrors », « On Fire » et « Sea of Lies ». Un charisme incroyable, un excellent contact avec le public, une voix incomparable, le tout au service de compositions métal de la plus belle eau, servies par le talent de musiciens dont le talent n’est plus à démontrer. Une des plus grandes claques de ma vie. Et des claques pareilles, on en redemande. Il est tard et je suis crevé, mais je reprends la route la tête pleine de souvenirs merveilleux…
Trop crevé pour y retourner le dimanche, c’est mon collègue Michel Serry qui s’y colle. Pour ma part, l’expérience était extrêmement concluante et positive. Vivement la prochaine édition de cet excellent festival !
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Photos © 2013 Hugues Timmermans