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DOUR FESTIVAL 2013 (jour 4) : une fête nationale sous la canicule

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On l’a assez répété, ce dimanche 21 juillet 2013 est un jour historique pour la Belgique qui s’apprête à accueillir un nouveau roi. Mais pour le Dour Festival également puisque, pour la première fois en 24 ans, le cap de 42.000 festivaliers présents sur une seule journée sera atteint. Avec en point d’orgue de ce quatrième jour, les Smashing Pumpkins, ni plus ni moins… Ceci dit, jour de fête nationale rime avec braderie dans les environs, avec les embarras de circulation que cela implique… sans les déviations de rigueur. Résultat, rejoindre le parking presse, que ce soit via Saint-Ghislain ou Dour s’apparentait à un véritable casse-tête. On ne remercie pas les organisateurs desdits événements sur ce coup-là.

De leur faute, on a en effet loupé The Spectors et le début de Beware Of Darkness. Ces derniers mixent des guitares metal avec la voix soul d’un chanteur qui n’a pas le physique de ses influences. En revanche, les mélodies abouties de leurs compositions nous ont donné envie de s’intéresser de plus près à eux la prochaine fois qu’ils passent dans le coin.

Un petit détour par le stand presse pour apprendre qu’Holograms avaient annulé leur prestation (perturbant les horaires de la Petite Maison dans la Prairie dans la foulée) et que les Klaxons seraient remplacés par Balthazar. Retour ensuite sur la Jupiler X Marquee pour les Français de Concrete Knives, qui nous avaient déjà séduits aux Nuits du Bota en support de !!!. Depuis, on a l’impression qu’ils ont adapté leur set en fonction des festivals car il nous a paru bien plus musclé et la puissance du début en a scotché plus d’un.

La voix grave et atypique de Morgane Colas donne en effet le ton et emmène le groupe dans des contrées rugueuses. Ils ne pouvaient pas tenir à cette cadence une heure durant et l’intensité à fini par retomber quelque peu avant de reprendre du poil de la bête après leur cover du “Here Comes The Hotstepper” de Ini Kamoze (vous vous souvenez du film “Prêt-à-porter” ?). La chanteuse terminera son set tout en haut de la structure gauche de la scène. Du spectacle, certes, mais surtout un groupe qui prend de la consistance.

On a ensuite erré sur le site à la recherche d’un coin d’ombre en jetant une oreille à Burning Time sur la Cannibal Stage, un supergroupe hardocre metal composé notamment de membres de Channel Zero et de Deviate. Le résultat est tout à fait à l’image de la combinaison des deux et terrasse les tympans non avertis. Un peu plus loin, la Petite Maison dans la Prairie était le théâtre du rock garage à consonance sixties des Canadiens de Young Rival mais là aussi, la température suffocante ne parlait pas en leur faveur.


Les deux dernières années n’ont pas été très heureuses pour Kate Nash qui s’est séparée de son boyfriend de rockeur Ryan Jarman (un des jumeaux des Cribs) et qui a été remerciée par son label après la tiède réception de son deuxième album “My Best Friend Is You”. Mais il en fallait plus pour abattre la belle qui arbore désormais une chevelure blonde décolorée et qui est venue défendre son nouvel opus (“Girl Talk”) sous la Jupiler X Marquee.

Entourée de trois musiciennes souriantes vêtues de robe bleues à pois blancs, elle a quant à elle opté pour le rouge, à l’image de la pochette de son disque. Déjantée comme à son habitude, elle s’occupe des parties de guitare et chante à tue-tête, mais le souci, c’est que les paroles sont inaudibles et que les nouvelles compositions sont loin de conquérir le public qui va tout de même esquisser un pas de danse sur “Foundations” et “Kiss That Grrrl”. Epinglons encore une invasion de scène (exclusivement féminine) en fin de set. On est bien loin des prestations épatantes de ses débuts. Pour ceux qui veulent lui donner une (dernière) chance, elle sera au Botanique le 24 septembre.

Pendant ce temps-là, les Marseillais de IAM avaient rassemblé la grande foule sur la Last Arena. Mais le simple fait de les entendre débiter leurs rimes à distance nous suffisait. Car le groupe suivant à aller voir n’était autre que Balthazar sous la Jupiler X Marquee. Invités de dernière minute pour suppléer à la défection (pour maladie, officiellement) des Klaxons, ils vont ainsi ajouter une barre à leur tableau de chasse des festivals de l’été 2013. Ils ont tout de même joué pas moins de trois fois en moins d’un mois à Werchter, ainsi qu’aux Ardentes et au Cactus Festival avant de s’attaquer aux plus grands événements estivaux européens.

Forts de leur disque d’or récemment décerné pour “Rats”, leur excellent deuxième album, ils vont patiemment mettre en place le son qui leur est propre et qui, peu importe les circonstances ou les endroits, rend les spectateurs adeptes de titres aussi intelligemment construits que “Lion’s Mouth” ou “Later”. Maarten Devoldere et Jinte Deprez sont des compositeurs hors pair et leurs disciples sur scène enrichissent le tout à coup de partitions (le violon a une place prépondérante, mais pas nécessairement là où on l’attend). On reviendra en détail sur le phénomène lors de leur visite aux Lokerse Feesten le 10 août prochain.

Car il était impensable de louper les Smashing Pumpkins sur la Last Arena, la tête d’affiche de la journée, voire même du festival. Le roi Billy Corgan a beau être le seul rescapé de la formation d’origine, c’est lui qui tient les ficelles du groupe depuis les débuts il y a un quart de siècle, et personne n’oserait contester cet état de fait. Leur histoire est par ailleurs constituée d’événements impliquant drogue, overdose fatale, disputes, licenciements, séparation et reformation dans le pur style rock ‘n’ roll.

Ceci dit, cela fait maintenant quelques années que le groupe a retrouvé une certaine stabilité. Autour du leader, on retrouve ainsi le guitariste Jeff Schroeder, le batteur Mike Byrne et la bassiste Nicole Fiorentino (dans la grande tradition des nanas bassistes qui ont transité dans le line-up, à l’instar de D’arcy Wretzky et de Melissa Auf der Maur). Le dernier album en date, “Oceania”, a même été plutôt bien accueilli par la critique.

Sérieux comme à sa bonne habitude, le bon Billy va lancer les festivités avec déjà deux énormes tubes : “Tonight Tonight” et “Bullet With Butterfly Wings”. Il n’en fallait pas plus pour booster une assistance déjà bien en verve avant le concert. Les musiciens sont en place et une première surprise allait arriver avec la cover du “Space Oddity” de David Bowie adapté à la sauce à la citrouille pour un résultat surprenant qui a introduit avec maîtrise deux extraits de “Oceania” (dont un prenant “Pale Horse”). On avait annoncé à grand renfort de publicité la mise en scène signée Sean Evans (“The Wall” version Roger Waters) mais, outre des projections habilement diffusées à l’arrière de la scène, on n’a pas remarqué un quelconque bousculement dans l’habillage habituel du show.

Les fans sont d’abord et avant tout là pour les hits et ils seront servis. “Disarm”, “Cherub Rock” et “Ava Adore”, notamment seront interprétés avec une voix tout simplement impeccable. Parmi les nouveaux titres, l’énergique “Quasar” fait office de retour aux sources alors que la plage titulaire, limite progressive, ne laisse pas indifférent. Ce genre de production hyper travaillée avait déjà été remarquée sur l’album “Zeitgeist” avec “United States”, qui va clôturer le set principal ce soir. Une autre cover, encore plus surprenante, sera jouée pour lancer les rappels : “Immigrant Song” de Led Zeppelin avant que “Today” ne referme la Last Arena suivi d’un feu d’artifice pour la clôture du festival. A moins que ce ne soit à l’occasion du 21 juillet…

En tout cas, une chose est sûre, c’est que la fête nationale ne faisait que commencer puisque The Experimental Tropic Blues Band avaient concocté une Belgian National Day Party qui a débuté à minuit pile à la Petite Maison dans la Prairie. Au programme, un concert du furieux trio liégeois devant un ampli recouvert du drapeau belge et agrémenté de passages vidéo presque subliminaux mettant en exergue Malvira, Sandra Kim, Justine Henin, Kim Clijsters ou le penalty de Leo Van der Elst qui envoya les Diables Rouges en demi-finale du Mondial au Mexique en 1986. Sans oublier Philippe et Mathilde, bien entendu. Et une fanfare sur les derniers titres. Et des spectateurs sur scène. Une sorte de mise en scène à la Snuls, très belgo-belge pour une journée pas comme les autres (même si cette petite fête avait été programmée bien avant l’annonce de l’abdication d’Albert II).

C’est donc ainsi que s’est terminé notre Dour Festival, après un ultime passage au bar du petit bois, histoire de débriefer à chaud cette 25e édition. On se donne déjà rendez-vous du 17 au 20 juillet 2014 pour fêter le quart de siècle du festival. Et pour ceux qui n’ont pas le courage d’attendre jusque là, on vous recommande vivement de visionner l’excellent reportage “In The Mud For Love”, réalisé par Alexis Magand. À l’année prochaine…

Photos © 2013 Olivier Bourgi

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